mardi 01 juillet 2008

Frans Liessens
« Il a été élevé sur le banc de l'orgue de l'église St-Pierre »
- Louise Valois-Liessens
Par Jean Doyon

Le 26 juin dernier décédait d'un cancer à l'âge de 82 ans monsieur Frans Liessens * (1925-2008), personnage bien connu de la scène musicale classique à Sorel-Tracy.  Né à Sorel le 7 août 1925, Frans est le fils d'August Liessens, musicien Belge d'origine flamande, et de Frances Giblin, originaire de Grande-Bretagne.  Son célèbre père, Auguste Liessens (1894-1954), fut organiste à l'église Notre-Dame en 1916 puis à l'église Saint-Pierre de 1929 jusqu'à sa mort en 54.  Auguste Liessens était compositeur, chef de musique et de choeur, professeur, inventeur du Musicographe Liessens / Liessens Music Writer, appareil permettant aux aveugles d'écrire de la musique à l'usage des voyants.


Hélène Liessens, Rachel Doyon, Louise Valois-Liessens et Frans Liessens.  C'était d'ailleurs, la dernière photo de monsieur Liessens.

« La musique, Frans, c'était un Obélix; il est tombé dedans quand il était petit ! », racontait avec humour l'épouse de Frans Liessens, Louise Valois-Liessens, qui, malgré des moments difficiles, a accepté de répondre à quelques questions et de retracer le cheminement de carrière de son époux.  « Frans a été élevé aux côtés de son père Auguste, sur le banc de l'orgue de l'église St-Pierre ! Mais, il a étudié beaucoup par lui-même.»

Frans Liessens et son violoncelle, au milieu de la quarantaine.

Joignant par la suite, la manécanterie de l'école Sacré-Coeur, (un genre de chorale comme les Petits Chanteurs du Mont Royal), il entra ensuite dans la chorale grégorienne de l'église St-Pierre, puis il fut le premier maître de Chapelle de l'église Enfant-Jésus en 1950. « Après ses études au collège Sacré-Coeur, il a travaillé à l'effort de guerre dans les usines de Sorel Industries et Marine Industries, alors qu'il n’avait que 19 ans.  Après la guerre, en 1949 il ouvrit une épicerie sur la route Marie-Victorin et bâtit une maison adjacente au commerce afin d'y fonder une famille. », se rappelait madame Valois-Liessens.

Le couple Leissens eut quatre enfants, deux filles et deux garçons : Anne-Marie, Frans A., Frédérick et Hélène.  Le dernier des fils, Frédérick, a été membre de l'Ensemble de percussion McGill et est devenu percussionniste à l'Orchestre symphonique de Winnipeg en 1981.

« Nous avons vu la naissance de la ville de Tracy en 1954, puisqu'on y habitait déjà.  Frans a d'ailleurs été sur le comité d'urbanisme, il voulait s'impliquer au niveau social, précisait madame Valois-Liessens.  Mon mari a fait une longue et fructueuse carrière comme assureur-vie agrée pour la Métropolitaine, compagnie d'assurances.  Mais, sa passion pour la musique l'a amené à créer un Centre des Jeunesses Musicales du Canada, à Sorel, dont il assume la présidence pendant 25 ans (1959-1984).  Les Jeunesses Musicales du Canada étaient en quelque sorte un tremplin pour des jeunes musiciens, ce que l'on appelle bien souvent la relève.  Ce mouvement est très populaire en Europe.  Mais, grâce à ce centre, on a pu entendre ici à Sorel, des artistes de calibre international.»  En 1970, le Centre de Sorel, sous sa présidence, remportait le Trophée des Jeunesses Musicales pour le Centre le plus méritant au Canada.


CHOEUR EN LIESSE

Au collège, Frans Liessens jouait de la clarinette, puis on lui attribua le tuba, parce qu'il était un peu plus grand que les autres, lançait madame Valois-Liessens, mais ce n'est qu'adolescent qu'il commença à jouer du violoncelle.  Pourquoi ?  « Son père devait avoir besoin d'un violoncelliste dans l'un de ses orchestres !, lançait avec humour madame Valois-Liessens. Mais, il aimait beaucoup cet instrument. »

« Il aimait beaucoup la musique de trio.  Frans a joué près d'une vingtaine d'années avec le violoniste Gaston Carpentier et son épouse la pianiste Élianne Champagne.  Au décès de monsieur Carpentier, il a formé un autre trio avec la pianiste Lise Desranleau, (prof. de musique à l'ESFL), mais dû à la rareté des violonistes à Sorel, il devait faire appel à différents musiciens de l'extérieur.  Lorsque vint le moment de trouver un nom pour son groupe, je lui ai suggéré « Le Trio Impromptu »+, qui était tout désigné pour son groupe, et qui était aussi un terme musical. Il a trouvé le jeu de mots amusant et il a adopté ce nom finalement. », racontait madame Valois-Liessens.

Parmi les autres trios, notons « Trio Glackemeyer » (flûte, violoncelle, clavecin) en 1986, «Trio Mots d'Erato » (flûte / clarinette, violoncelle, poésie) en 2001, avec Michèle Gagné, et sa fille Hélene Liessens.


LA FÊTE VIENNOISE

En 1982, dans le but de mettre en valeur les oeuvres inédites de son père, il fonde, le Choeur en Liesse.  Sous sa direction, le Choeur en Liesse effectue de nombreux concerts chaque année.  Sa fille Hélène et son épouse Louise, sont membres de la formation.  Hélène sera assistante-directrice puis dirigera la chorale lors des deux derniers concerts de « Choeur en liesse ».  « J'ai joué de la clarinette avec mon père aussi, pour des mariages et quelques fois je jouais de l'orgue à certaines occasions.  Mon frère Frédérick a été soliste invité dans quelques rares concerts puisqu'il habite à Winnipeg. », précisait sa fille Hélène.

En 1988, il devient Chef d'un petit orchestre symphonique de 25 musiciens qu'il appellera « La Fête Viennoise », et qui donne des concerts à Sorel, au Pavillon des arts de Ste-Adèle à la télé sur le réseau TVA, lors d'une émission spéciale consacrée à l'Autriche.


LA FÊTE VIENNOISE

Parmi les honneurs qu'a reçu Frans Liessens, notons qu'il en a reçu plusieurs de sa compagnie d'assurances pour ses services, il fut honoré par Les Jeunesses Musicales du Canada, lui et son épouse recevaient aussi le Mérite aux citoyens de Tracy, pour leur implication dans le secteur culturel et musical, et en 2006, il recevait « Grand Ambassadeur » lors de la Fête du Canada en 2006.

En 1977, il participe au projet de son épouse: La création des Bourses Sorel-Tracy pour jeunes musiciens, afin d'encourager leurs efforts et leur permettre de séjourner dans divers camps musicaux du Québec. Quelques centaines de bourses furent accordées au cours des ans et plusieurs de ces boursiers jouissent aujourd'hui d'une belle carrière musicale: les frères Guy et Yves Boisvert, membres du Trio François Bourassa, Louise Marcotte, soprano, Martin Carpentier, Gabrielle Therrien, Pascale Parenteau, Mathieu Harel, Frédéric Chalifoux, Pascal Archer, Simon Harel, Jacques Bruneau, Guylaine Lemaire et plusieurs autres .

L'une des grandes fiertés de Monsieur Liessens était le Festival de musique classique du Bas-Richelieu mit sur pied il y a six.  Frans Liessens y participait en remettant la bourse Auguste-Liessens, au 4e Prix « le Jacques-Hétu », qui fut remporté cette année par le guitariste Thierry Bégin-Lamontagne.  Mais, sa dernière sortie officielle a été lors de la conférence de presse au mois d'avril, précédant la tenue du Festival.  « Il tenait absolument à être présent à cette conférence de presse, malgré le fait qu'il souffrait énormément. », soulignait Rachel Doyon, du Festival de musique classique.  « Il voulait s'impliquer à sa manière dès les débuts du Festival, et il voulait que sa bourse porte le nom de son père, Auguste-Liessens. »

Madame Valois-Liessens terminait l'entretien en soulignant l'importance de la mère de Frans, Frances Giblin, épouse de Auguste, qui fut près de son mari en tout temps, composant avec la cécité de son époux.  « On l'oublie souvent, mais elle a eu son mot à dire dans cette histoire. Elle, qui venait d'Angleterre, a participé beaucoup à la carrière de son mari et de son fils. Elle était plutôt portée vers le ballet, et il y a une portion de cette famille musicale qui vient de la mère. »

Hélène et Frans Liessens

Sur le plan de sa carrière personnelle, on peut dire qu'il a bien réussi. Diplômé en 1964 de l'Université Laval en Assurance-vie (Assureur-vie agréé), il a été président de l'Association des Assureurs-vie pendant quatre termes entre 1961 et 1987 et membre du Conseil provincial des Assureurs-vie du Québec de 1975 à 1977.

Il a été l'un des trois délégués du Canada au comité consultatif de la Métropolitaine à Ottawa et à New-York en 1979. Il a été instructeur, pendant deux ans, pour l'Association des assureurs-vie et membre du comité de rédaction de la revue de cette association (1974-76)

En 1972, il obtint la reconnaissance de la Table Ronde des Millionnaires par l'élite mondiale des assureurs-vie et a été membre de la Conférence du Président de La Métropolitaine-Assurance-vie de 1972 à 1978. Il détient le Certificat National de Compétence de l'Association des assureurs-vie du Canada pour 25 années consécutives de service de qualité.

Il sera exposé au salon S. Jacques & Fils 75 Elisabeth Sorel-Tracy vendredi le 4 juillet 2008 de 14 h à 17 h, et de 19 h à 22 h, et le jour des funérailles à compter de 9 h. Les funérailles auront lieu, le samedi 5 juillet 2008 à 11 h en l'église St-Pierre de Sorel.

* prononcer « Liiiisssenzz »
+ Impromptu : fait à l'improviste, sans organisation préalable.

Lire aussi :
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