jeudi 18 février 2010
Acheter sa nourriture
localement n’est pas une
solution valable pour aider
l’environnement
Montréal, 16
février 2010 – L’achat local
mesuré par le « kilométrage
alimentaire », c’est-à-dire la
distance entre le lieu de
production d’un aliment et son
point de vente, est un mauvais
indicateur de l’impact d’un
produit sur l’environnement et
ne constitue donc pas une mesure
valable pour réduire les
émissions de gaz à effet de
serre. C’est la conclusion d’une
Note économique publiée
aujourd’hui par l’Institut
économique de Montréal et
préparée par Pierre Desrochers,
professeur associé de géographie
à l’Université de Toronto
Mississauga, en collaboration
avec Hiroko Shimizu, consultante
indépendante.
« Il
existe des raisons bien
légitimes justifiant qu’un
consommateur fasse le choix
personnel d’acheter ses aliments
localement, par exemple s’il
trouve que les produits du
terroir québécois sont de
meilleure qualité ou plus frais.
Par contre, les présumés
avantages environnementaux de
l’achat local ne sont pas au
rendez-vous », affirme le
professeur Desrochers.
Plutôt que de
se limiter à mesure la distance
entre le lieu de production et
l’épicerie, il est préférable de
s’assurer que la nourriture est
produite de la façon la plus
efficace possible dans les
endroits les plus appropriés,
même si ceux-ci sont très
éloignés. En effet, les
chercheurs soulignent que selon
une étude américaine, la
production est responsable de 83
% des émissions de gaz à effet
de serre (GES) des aliments,
alors que le transport compte
seulement pour 11 % des
émissions totales.
« Si l’on
veut calculer l’impact
environnemental d’une fraise, il
faut regarder l’ensemble de son
cycle de vie, de la production à
son arrivée dans notre assiette.
On se rend alors compte que la
Californie, peut produire –
presque toute l’année – des
fraises beaucoup plus
efficacement, avec moins
d’intrants comme les engrais. Un
hectare peut produire 50 000 kg
de fruits, contre seulement 7000
à 10 000 kg pour l’Ontario. Il
faut se rendre à l’évidence,
certains emplacements sont plus
favorables à la production de
certaines cultures »,
explique le professeur
Desrochers.
Une évaluation
complète de l’impact
environnemental des aliments
doit également tenir compte du
transport à leur destination
finale chez le consommateur. Les
nombreuses courses en voiture
pour ramener un volume modeste
de nourriture comme fait chaque
famille ont un impact relatif
notable sur les émissions de
GES. Les voitures sont
comparativement moins efficaces
que les immenses navires ou les
avions qui déplacent la
nourriture de l’endroit où elle
a été produite jusqu’à celui où
elle sera vendue.
Transporter ainsi de très
grandes quantités de nourriture
requiert beaucoup moins
d’énergie par pomme ou côtelette
d’agneau, même si la distance
parcourue est beaucoup plus
grande.
Le texte
intégral de la Note économique
publiée aujourd’hui, qui
s’intitule L’achat local de
nourriture sauvera-t-il la
planète?, peut être consulté
sans frais au
www.iedm.org
* * * *
L’Institut
économique de Montréal est un
organisme de recherche et
d’éducation indépendant, non
partisan et sans but lucratif.
Par ses études et ses
conférences, l’IEDM alimente les
débats sur les politiques
publiques au Québec et au Canada
en proposant des réformes
créatrices de richesse et
fondées sur des mécanismes de
marché.
Ariane
Gauthier,
Coordonnatrice des
communications,
Institut économique de Montréal |