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jeudi 27 mars 2014

Lettre ouverte à la population de la circonscription de Richelieu
L’éducation, un enjeu primordial?

Sorel-Tracy, le 26 mars 2014 — Dans son édition du vendredi 21 mars dernier, le journal La Voix invitait les candidats aux prochaines élections provinciales à se prononcer sur l’un des enjeux de la région dans le cadre de l’élection provinciale du lundi 7 avril prochain, l’éducation. Pour ce faire, La Voix effectuait la mise en contexte suivante : « L’éducation est un enjeu majeur pendant cette campagne électorale. En même temps, l’avenir des commissions scolaires est plus qu’incertain ».

La question à laquelle les six candidats qui briguent le suffrage dans la circonscription de Richelieu ont répondu s’articulait comme suit : « Quel rôle voulez-vous que les commissions scolaires jouent, et que pensez-vous d’une possible fusion entre la Commission scolaire de Sorel-Tracy et une autre commission scolaire? ».

Le but de la présente lettre ouverte n’est pas d’évaluer au mérite les réponses formulées par les six candidats à la question qui leur était adressée, mais bien de fournir la réponse de la Commission scolaire de Sorel-Tracy et de ses établissements à cette même question.

À cet effet, rappelons tout d’abord que la Commission scolaire de Sorel-Tracy est un moteur économique important de la région, employant plus de 1200 personnes, toutes catégories confondues : des enseignants, des concierges, des techniciens en éducation spécialisée, des psychoéducateurs, des secrétaires, des techniciens et éducateurs en services de garde, des ouvriers d’entretien, des gestionnaires d’établissements et de services administratifs, pour ne nommer que ceux-ci. Du personnel hors-cadre, cadre, enseignant, professionnel et de soutien qui oriente toutes ses actions dans un seul et même but : le service à rendre à l’élève, à ses parents, au personnel et à la population du territoire desservi par la Commission scolaire.

Cela étant, il y a fort à parier que la région de Sorel-Tracy subirait d’importants impacts advenant une éventuelle fusion de la Commission scolaire de Sorel-Tracy avec une autre commission scolaire ou une abolition pure et simple de la structure des commissions scolaires. Bien entendu, les écoles et les centres de formation professionnelle et d’éducation des adultes demeureraient en place, mais étant donné les règles d’affectation actuelles des diverses catégories de personnel, il nous est permis de croire qu’à court ou moyen terme, les membres du personnel de la Commission, qui résident actuellement en vaste majorité dans la région de Sorel-Tracy, auraient tendance à se rapprocher du centre administratif de la Commission scolaire nouvellement créée.

En effet, prenons ici l’exemple d’un enseignant à statut précaire qui, annuellement, pourrait se voir être affecté à l’une ou l’autre des extrémités du vaste territoire de la nouvelle Commission scolaire. Son réflexe, naturel et compréhensible, serait alors de se rapprocher du siège social de son employeur, de manière à limiter ses déplacements. Il en va de même pour le personnel oeuvrant au sein du centre administratif qui, en tout ou en partie, verrait son lieu de travail être déplacé hors de la région de Sorel-Tracy.

Des impacts minimes à première vue, nous direz-vous; or, il en va tout autrement. En effet, chaque travailleur qui quitte la région emporte avec lui sa famille, sa vie. Des gens actifs, de potentiels élèves qui quittent notre territoire, l’impact est là, bien réel. Des élèves en moins dans nos écoles, des dépenses en moins dans nos entreprises locales de biens et services, des pertes qui rejailliront forcément sur les emplois dans la région, déjà lourdement affectée par la décroissance économique des dernières années.

Rappelons par ailleurs ici l’importance de la proximité de services offerte à l’élève, à ses parents, au personnel et à la population dans la structure actuelle de la Commission scolaire de Sorel-Tracy. Une proximité de services qui fait en sorte que pour chaque demande, chaque questionnement, chaque préoccupation, chaque appel, un suivi est rapidement assuré par du personnel local, connu, sur lequel on peut compter. Advenant une fusion de la Commission scolaire avec une autre ou une abolition des commissions scolaires, serait-il alors possible de bénéficier d’une telle proximité, d’une telle efficacité? Avec respect pour l’opinion contraire, il nous est permis d’en douter.

Cependant, le rôle déterminant de la Commission scolaire et de ses établissements dans la région ne s’arrête pas là. En effet, annuellement, la Commission scolaire octroie un nombre important de contrats de toutes sortes qui font en sorte de faire tourner le moteur économique de la région de Sorel-Tracy. Soulignons notamment à ce titre les contrats de transport scolaire, lesquels représentent une dépense annuelle de près de 4,5 millions de dollars, octroyés à des compagnies locales, de même que les achats de biens et services, qui représentent annuellement des dépenses, pour la plupart locales, de l’ordre de 6,4 millions de dollars. Pensons ici entre autres aux contrats d’entretien et de réfection de nos immeubles, aux achats de matériel pour les écoles et les centres et aux services de repas chauds offerts dans certaines écoles, cette liste n’étant évidemment pas exhaustive.

D’aucuns plaideront les économies d’échelle à réaliser en fusionnant ou en abolissant les commissions scolaires. Rappelons à ce titre la vague de fusion des commissions scolaires de 1998, au cours de laquelle le gouvernement du Québec avait dû injecter 40 millions de dollars supplémentaires plutôt que d’engranger les 100 millions de dollars d’économies qu’il avait alors escomptées et annoncées.

D’autres allègueront que ces fusions ou abolitions auront pour effet de diminuer la taxe scolaire imposée aux contribuables, déjà lourdement grevés par divers frais, taxes et impôts qui vont sans cesse croissant. Or, il n’en est rien. Le système public d’éducation, qui dessert les élèves du Québec, dont les besoins sont en hausse, représente une dépense fixe pour le gouvernement du Québec et une fusion ou une abolition des commissions scolaires n’affecterait en rien cette dépense.

Mais en sommes-nous réellement au point de considérer l’éducation publique comme une dépense alors qu’elle devrait plutôt être envisagée comme un investissement? Une population éduquée, qualifiée, certifiée n’est-elle pas la ressource la plus précieuse dont peut bénéficier une région, une province?

En conclusion, nous tenons à apporter une précision à l’effet que le débat actuel sur l’éducation ne porte pas sur l’éducation en tant que telle, mais bel et bien sur la gouvernance et la structure du système public d’éducation. Cette situation est malheureuse, car elle détourne l’attention du public de la réelle mission des commissions scolaires et de leurs établissements, laquelle s’articule autour de l’élève, de sa persévérance et de sa réussite.

La question que nous souhaiterions pour notre part poser aux candidats à la prochaine élection provinciale est la suivante : que comptez-vous mettre en place afin que l’éducation publique redevienne une priorité nationale?

Source : Commission Scolaire de Sorel-Tracy

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