LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mercredi 12 novembre 2014 15:44

8 500 lecteurs par jour

 

NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

mercredi 12 novembre 2014

Moratoire sur le transport du pétrole bitumineux sur le Saint-Laurent
La SABL appuie les demandes de Sainte-Anne-de-Sorel

La Société d’aménagement de la baie Lavallière (SABL) est un organisme voué à la protection, à la conservation, à l’aménagement et à la mise en valeur des milieux humides, notamment ceux de la baie Lavallìère et des îles faisant partie de la municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel, à l’entrée Est de la Réserve mondiale de la biosphère du Lac-Saint-Pierre, également désignée site RAMSAR en vertu de la Convention relative aux zones humides d’importance internationale.

L’écosystème du lac Saint-Pierre, y incluant son archipel et la plaine inondable qui l’en-toure, est un écrin renfermant de nombreux et importants joyaux : un territoire demeuré à 90% naturel, 50% des milieux humides et 20% de tous les marais du fleuve Saint-Laurent, la plus importante héronnière en Amérique de Nord avec 1300 nids, la plus importante halte migratoire de la sauvagine dans l’Est du Canada, 288 espèces d’oiseaux qui y séjournent dont 167 qui y nichent, 79 espèces de poissons d’eau douce, une flore remarquable dont 27 espèces de plantes rares, etc.

Nous sommes bien conscients que nous ne pouvons pas fermer cet écrin et mettre à l’abri tous ces joyaux dans leur cadre naturel. Depuis que Jacques Cartier a dû ancrer en 1535 sa plus petite caravelle, L’Émérillon, pour poursuivre son voyage jusqu’au site d’Hochelaga (futur Montréal), le fleuve Saint-Laurent est devenu une « autoroute H2O » contribuant au fil des ans aux activités économiques du Québec et du Canada.

Les plus récents développements de cette importante avenue de navigation ont été les opérations de dragage (profondeur de 3 à 5 mètres) du siècle dernier pour la mise en place de la voie maritime du Saint-Laurent et plus récemment le dragage d’un chenal de navigation de 12 mètres de profondeur et de 245 mètres de largeur, ce qui permet le passage des énormes paquebots qui remontent aujourd’hui le Saint-Laurent à partir de l’Atlantique jusqu’aux Grands Lacs.

Une des conséquences de ce dernier dragage est de concentrer le débit au centre du lac Saint-Pierre, provoquant ainsi la stagnation de l’eau au bord des berges. Cela, combiné avec l’apport continu de résidus issus de l’érosion de ces berges, en grande partie produite par cette circulation maritime, accélère la sédimentation contribuant ainsi à l’envasement du lac.

Ajoutons enfin la décision du gouvernement fédéral de modifier les normes sur le transport maritime afin de permettre la circulation de pétroliers d’une largeur pouvant maintenant atteindre jusqu’à 44 mètres plutôt que 32 mètres auparavant ainsi que l’arrivée dans notre environnement de superpétroliers.

Y a-t-il lieu de craindre l’altération ou la perte de nos joyaux de la Réserve mondiale de la biosphère du Lac-Saint-Pierre? Le ministère fédéral de l’Environnement estime qu’une douzaine de déversements, chacun représentant environ 4000 litres de pétrole, sont déclarés chaque jour au pays. Cela représente plus de 17,5 millions de litres de pétrole qui se retrouvent annuellement dans les écosystèmes marins canadiens. Et il se produit déjà près de 200 déversements de produits pétroliers en provenance de navires chaque année dans le fleuve Saint-Laurent.

Chacun des navires géants, le Minerva Gloria et le Genmar Daphne, qui sont venus récupérer à Sorel-Tracy un chargement de pétrole brut issu des sables bitumineux, a une capacité de 100 000 tonnes. Tout déversement de quelques dizaines de milliers de tonnes de ce pétrole en amont ou dans l’archipel du lac Saint-Pierre aura des effets désastreux sur cet écosystème exceptionnel et sur la vitalité des collectivités riveraines du fleuve en aval, d’autant plus qu’on estime que 5 à 20% d’hydrocarbures déversés seraient récupérables dans l’eau du fleuve.

C’est pourquoi nous appuyons les demandes faites par la municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel aux différents paliers gouvernementaux de suspendre immédiatement les autorisations de transport du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta. Ce temps d’arrêt permettrait de répondre plus sereinement à de multiples autres demandes faites par divers organismes en lien avec ce transport pétrolier, telles

- une évaluation plus poussée des risques de ce transport pétrolier sur le fleuve,

- l’obtention de garanties financières adéquates de la part des compagnies pétrolières pour assurer si nécessaires les travaux de décontamination et de réhabilitation,

- le resserrement des mesures de sécurité et d’inspection pour les navires qui utilisent la voie maritime du Saint-Laurent,

- l’établissement à Sorel-Tracy d’un centre d’interventions de la Société d’inter-vention maritime Est du Canada (SIMEC) et

- une coordination entre les organismes gouvernementaux et les municipalités riveraines du Saint-Laurent pour une communication efficace entre les intervenants et pour l’établissement et l’application de plans d’urgence en cas de déversement accidentel.

Bookmark and Share

PUBLICITÉ

Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés -
© 2000-2014