Le Groupe
Boivin se lance dans la
production de fromages fins
Réactions et impacts pour le
fromage d'ici
Par Annie Bourque,
mercredi 18 octobre 2017
À la veille de l’entrée au
Canada de 750 000 kilos de
fromages européens, le Groupe
Boivin a décidé d’investir tout
près de 500 000 $ dans la
construction d’une maison
d’affinage qui sera située dans
l’ancienne usine de la
fromagerie Lemaire située à
Saint-Cyrille-de-Wendover.
L’entreprise saguenéenne prévoit
y produire trois nouveaux
fromages fins à pâte ferme soit
d’une capacité totale d’environ
25 000 kilos.
Quel est l’impact
de cette annonce ?
Le commissaire agricole de la
Société d’agriculture de
Richelieu, Alain Beaudin et le
président de la Laiterie
Chalifoux, Alain Chalifoux ont
répondu à nos questions.
Qu’est
une maison d’affinage ?
« Le
mot affiner veut dire qu’on aide
à faire vieillir les fromages
dans des conditions optimales.
Il n’y a pas de variation d’air
et l’humidité est à point
précis. On brosse aussi les
fromages », explique
Alain Beaudin.
« C’est une
façon d’offrir un
produit similaire à
ce qui va être
importé ici.
Autrement dit, on
vient compétitionner
les Européens »
- Alain Beaudin,
commissaire agricole
à la Société
d’agriculture de
Richelieu |
Quelle
est la durée moyenne de
conservation d’un fromage fin ?
« Les
fromages fins, ajoute M.
Beaudin, ont une durée de
conservation qui peut varier
entre 2 mois à deux ans. En
Europe, on fait même affiner le
fromage dans des grottes de
pierre. »
Qu’est-ce qui explique la
décision du Groupe Boivin de
fabriquer des fromages fins ?
La
vraie raison est simple, répond
Alain Chalifoux.
« C’est
une question de rentabilisation
et de rationalisation. On ne
peut pas avoir des équipements
en double ou en triple. Quand on
fabrique du fromage, il est
question de mettre en place de
nombreuses mesures pour assurer
le contrôle de la qualité. »
De son côté, Alain Beaudin va
plus loin en disant:
« C’est
une façon d’offrir un produit
similaire à ce qui va être
importé ici. Autrement dit, on
vient compétitionner les
Européens. »
« Le
Groupe Boivin, ajoute-t-il, veut
prendre sa place dans le marché
des produits fins. Cependant,
produire 25 000 kilos, c’est peu
par rapport aux 750 000 kilos
qui s’en viennent en provenance
de l’Europe. »
Est-ce
que le fromage en grains, frais
du jour, est encore populaire ?
Alain Chalifoux répond en toute
honnêteté.
« La poutine est en
croissance. Cependant, la
consommation de fromages frais
du jour est en décroissance. »
Pourquoi ?
« Parce
que le consommateur consomme de
plus en plus de fromages fins »,
dit M. Chalifoux.
« La poutine est
en croissance.
Cependant, la
consommation de
fromages frais du
jour est en
décroissance »
- Alain Chalifoux. |
Popularité de la poutine
De son côté, le groupe Boivin
mise sur l’augmentation du
fromage en grains pour assurer
sa croissance.
« On
pense que la poutine va
s’américaniser. On commence à
sentir la tendance. À Toronto,
il y a des poutineries qui
ouvrent leurs portes. McDonald’s
offre de la poutine partout au
Canada. Je pense que la poutine,
c’est la prochaine vogue
alimentaire au même titre que la
pizza avant les années 1960»,
a expliqué à TVA, Luc Boivin,
directeur général du Groupe
Boivin.
« On
commence à avoir des demandes
aux États-Unis et dans les
Caraïbes de la part de clients
qui veulent du fromage en grains
pour les touristes sur la plage.
Tout le monde fait des frites.
La poutine, ça prend juste de la
sauce et du fromage.»
À Montréal, Jérome Ferrer a bâti
un véritable empire au niveau de
la restauration haute de gamme
avec Europea et une dizaine
d’autres restaurants-bistrots.
En mars 2017, il s’est associé
avec Gilbert Rozon pour créer le
Jerry Casse-Croûte du
Terroir où l’on revisite les
grands classiques des
casse-croûtes du terroir dont la
poutine règne en maître.
Déjà, dans la région
métropolitaine, on compte six
Jerry Casse-Croûte. Le
concept sera exporté en Europe
au cours des prochains mois. Les
Européens vont découvrir à leur
tour la poutine québécoise,
grâce à un Français, Jérôme
Ferrer qui a immigré au Québec,
en 2001.
Hausse des ventes de
fromages fins
Du côté du Ministère
de l’agriculture,
des pêches et de
l’alimentation du
Québec (Mapaq), on
précise que les
ventes de fromages
spécialisés
préemballés
(excluant le
mozzarella et le
cheddar) ont
augmenté de 13, 1 %
entre 2006 et 2007.
Sur Internet, le
Groupe Agéco a
publié une étude sur
la consommation des
fromages fin.
« Plus de la
moitié des Québécois
(58%) consomment au
moins une fois par
mois des fromages
fins. De ce nombre,
40 % des
consommateurs de
fromages fins ont un
niveau
universitaire. »
En 2006, cependant,
les fromages fins
étaient beaucoup
moins connus. « 40%
des consommateurs
n’ont pas été en
mesure de donner une
marque de fromage
fin québécois. Seul,
le Oka (18%) a été
mentionné tout comme
Pied-de-Vent (7 %)
et le Migneron (6%).
Aujourd’hui,
l’emballage devient
le principal point
de repère pour le
consommateur.
« C’est la
curiosité et l’envie
de nouveauté qui
incitent les
consommateurs à
essayer les fromages
fins »,
ajoute-t-on dans
l’étude publiée par
le Groupe Agéco. |
Savez-vous que ?
La Grèce est le
premier pays,
consommateur de
fromages (tous
types confondus)
? Il
affiche une
consommation de
28,7 kg par
habitant en
2004. La
France arrive en
2e position,
avec 24,5 kg par
habitant. Le
Canada est bien
loin dans le
classement, avec
12 kg, par
habitant.
Source : Groupe
Agéco |
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