Le « Sauveur » de CJSO: Claude St-Germain un homme marquant

Par Annie Bourque, mercredi 26 septembre 2018

L’ancien propriétaire de CJSO Claude St-Germain, décédé samedi dernier laisse un souvenir d’un homme à l’écoute, sensible, passionné par les communications et le hockey qui a osé relever plusieurs défis en apparence impossible.

L’un d’eux fut certes l’incendie de la station de radio locale, en avril 2004. Le feu a détruit le local qui était situé dans l’ancien édifice du Centre des loisirs à Sorel, sur la rue Couillard-Després.

Le lendemain matin, le président de l’entreprise constate les dommages en compagnie de Yanick Lévesque, journaliste sportif. - C’est quoi la suite ?, lui demande alors Yanick.  Il lui répond: - on va ouvrir.  Je ne peux concevoir que mes employés (ils étaient quinzaine à l’époque) vont perdre leur emploi.

Claude St-Germain, constatant les dégâts de l'incendie de sa station en 2004.  Photo : Doyon

« Je le qualifie de sauveur de CJSO », affirme de son côté Louis Farly qui a été journaliste puis chef des nouvelles durant 18 ans.  « Il a permis à des gens de gagner leur vie et de pouvoir vivre de leur passion. »

« Je garde un excellent souvenir de lui, ajoute-t-il. Un homme flegmatique, franc et attentionné envers ses employés. Un passionné qui désirait que les choses fonctionnent. »

Le contexte n’était guère facile. De 1994 à 2006, la région a connu de nombreuses fermetures d’usines et surtout la crise économique de 1982. Des milliers d’emplois, bien rémunérés, ont été perdus suscitant des répercussions tangibles sur les commerces et donc sur les revenus publicitaires.

Cœur sur la main

Durant la crise du verglas en janvier 1998, la région de Saint-Pie-de Bagot était laissée à elle-même.  Les journalistes de l’époque, Sylvain Rochon et Yannick Lévesque se sont déplacés afin de porter des victuailles et autres nécessités aux familles plongées dans le noir durant 15 jours.

L’ancien directeur du Théâtre Chenal du Moine à Saint-Anne-de-Sorel, Reynald Bergeron l’a bien connu. « Sous ses dehors bourrus, Claude Saint-Germain avait un cœur de mouton », illustre-t-il avec son franc parler.

M. Bergeron note que l’homme osait innover.  « Je me souviens d’un week-end de la St-Valentin et CJSO a présenté en direct des matchs d’une compétition provinciale de curling. Il faut le faire! »

Match de hockey de la LNH


Yanick Lévesque, Claude St-Germain et son épouse Lucie Grondin.  Photo : Philippe Manning

En 2006, deux Sorelois, Marc-André Fleury et François Beauchemin jouent pour deux équipes de la Ligue nationale de hockey.  « J’ai eu une idée de fou : CJSO diffuserait ce premier match historique. Tout le monde nous disait que c’était impossible, on n’aurait jamais la permission de la ligue », raconte Yanick Lévesque.  « Claude, observe-t-il, embarquait dans mes idées folles. »

L’actuel directeur des programmes Jean Lemay a réussi à obtenir les droits. Et un commanditaire, Michel Beaudoin de Minéraux Mart, a permis d’assumer les coûts de ce projet. Cependant, le coach des Pingouins de l’époque, Michel Therrien décide d’utiliser un autre gardien de but, le soir-là du 6 novembre. Le projet a été repris quelques mois plus tard, cette fois, à Pittsburg.

Un mentor inspirant

En 2002, malgré son horaire chargé, M. St-Germain a accepté de faire partie de la première cohorte de mentors de la SADC (Société d’aide au développement de la collectivité) Pierre-De Saurel.

« Je me souviens de ses valeurs qu’il nous a partagées : l’entraide, le partage, la sollicitude. Il n’utilisait pas beaucoup de mots, mais il avait toujours le bon mot», a mentionné Lise Gauthier, conseillère, stratégie jeunesse pour l’organisme.

« M. Saint-Germain a été un pivot important. Il a soutenu le travail des femmes et il a aidé plusieurs d’entre nous à briser le plafond de verre. »

Claude St-Germain, président du Club Rotary en 2009, lors d'une conférence de presse du Camp JE (Jeune entrepreneur) organisé par le Réseau des SADC du Québec, en compagnie Kevin Favreau, David Savard et Lise Gauthier, conseillère Stratégie jeunesse et mentor depuis sept ans au camp.  Photo : Doyon

Concrètement, il a aidé bien des gens à identifier les solutions possibles à un problème qui survenait dans leur vie professionnelle.  « C’était une force tranquille, généreux de son temps et de son énergie. »

Engagé dans sa communauté

L’ancien maire de Tracy Émile Parent l’a côtoyé alors qu’il présidait l’organisme Les Amis de la Bonne entente.  « C’était une très bonne personne. Un travaillant qui aimait rendre service aux gens. Quand il s’impliquait, il s’impliquait à fond. Il participait à toutes les réunions et il avait un très bon esprit de synthèse. »

Homme de hockey

D’autre part, Yanick Lévesque rappelle que M. Saint-Germain a été intronisé en 2004 au Temple de la renommée en raison de son implication comme gouverneur et propriétaire des Riverains du Richelieu midget AAA, entre 1981 et 1998.  « Plusieurs joueurs de la Ligue nationale de hockey ont joué pour Claude. Je pense à José Théodore, Gilbert Delorme, Stéphane Quintal. »


Photo Philippe Manning

En décembre 2016, Yanick Lévesque a organisé une soirée hommage au Colisée Cardin en l’honneur de M. Saint-Germain. C’était à l’occasion du match d’ouverture du Tournoi provincial Midget AAA François Beauchemin.  « Il me parlait encore souvent de cette soirée et combien cela lui a fait plaisir. Je trouvais important de l’honorer de son vivant. »

Les derniers instants

Samedi, Yanick a passé une partie de la journée à l’hôpital avec son ancien patron qui était aussi un grand ami.  « Même si j’ai quitté CJSO depuis 11 ans, on se visitait encore. Claude a été pour moi un homme marquant qui m’a ouvert la porte en me faisant confiance et en me disant : tu as du talent, de la drive. »

Ce qu’il retient de lui ?  « C’est son côté humain, sensible. Il était à l’écoute de l’autre. Il était exigeant envers lui-même et les autres. »

« C’était un bon vivant, ajoute-t-il. J’espère qu’il est au paradis et qu’il boit un bon rhum tout en mangeant du fromage en grains de Chalifoux », conclut-il, avec un brin d’émotion dans la voix.