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L'opinion exprimée dans le cadre de
cette chronique,
est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement
l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY
MAGAZINE.
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Une
tribune pour un pont
Par
Jocelyn Daneau
Mardi le 19 février 2019, j'ai
syntonisé CJSO pour écouter
l'émission La Tribune; laquelle
portait sur le récurrent projet
de pont entre Sorel-Tracy et la
Rive-Nord. Ainsi, une quinzaine
d'invités se sont succédé
brièvement au micro, livrant
leur témoignage sans débat, pour
ce projet dont l'acceptabilité
sociale est acquise depuis des
lustres. Dans ce contexte, je
voudrais préciser quelques-uns
des propos entendus lors de
cette émission.
Le syndrome du « bécike »
À mon âge vénérable, la simple
observation de ce qui nous
entoure m'indique que les
changements climatiques ne sont
pas un mythe. J'y crois. Tant et
si bien que nous n'avons qu'une
seule automobile et que je me
transporte souvent entre les
secteurs Tracy et Sorel à vélo,
en autobus et quelques fois à
pied; tellement granola, que mes
amis rient de moi.
Ceci étant, j'ai de la
difficulté avec l'idéal
environnementaliste où nous
devrions tous nous véhiculer en
« bécike »; un crédo
idéologique d'inspiration
montréaliste qui fait du
transport en commun, l'unique
solution à tout, peu importe la
nature du problème. Autrement
dit, Sorel-Tracy et sa région,
ce n'est pas le Plateau
Mont-Royal ni Amsterdam et leur
densité de population.
Ce qui implique qu'une solution
qui consisterait à augmenter
l'offre de transport en commun
comme alternative au projet de
construction d'un pont entre
Sorel-Tracy et Lanoraie est
inappropriée, voire un non-sens.
Pourquoi?
Parce que c'est l'immense
potentiel de développement
économique qui sera le plus
important impact du projet de
pont pour Sorel-Tracy, en nous
positionnant comme voie
d'entrée-sortie de la grande
région de Montréal. Le pont,
c'est améliorer le déterminisme
géographique qui ne nous aide
pas toujours.
L'impact du projet sera aussi
majeur pour désengorger les
intersections des autoroutes 10,
20 et 30, mais, et c'est là
qu'est la nuance, dans le
contexte de l'émergence du port
de Contrecoeur. Son impact
permettra aussi de désenclaver
Sorel-Tracy avec en prime, une
amélioration de notre accès à la
Rive-Nord et inversement.
Ajouter « plusse »
d'autobus ne les rempliraient
pas « plusse ».
D'ailleurs, le projet de pont
Sorel-Tracy-Lanoraie n'est pas
de la même nature que celui de
3e lien à Québec-Lévis, lequel a
fondamentalement comme objectif
de décongestionner la
circulation automobile.
Alors désolé, les solutions de
type « bécikes » et
autres projets verts qui
dominaient le discours des
environnementalistes gauchisants
de l'émission La Tribune, n'ont
rien à voir comme alternative,
avec le projet de pont. Y
persister confinerait à la
désinformation.
La diabolisation du privé
Depuis la Révolution tranquille,
la part du secteur public dans
l'économie du Québec avoisine le
50 %. Nous sommes devenus
culturellement accros à
l'interventionnisme étatique et
nous en augmentons la dose
d'année en année. Surtout que,
post-Commission Charbonneau,
nous avons développé une
aversion marquée pour
l'intervention du secteur privé
dans l'espace public; n'y voyant
que magouille et honnissant
l'idée de profit monétaire.
C'est ainsi que les participants
à l'émission La Tribune
provenaient ou étaient liés en
grande majorité au secteur
public. Faut-il alors se
surprendre que ceux-ci, pour
conserver et maintenir leur
privilège, soit peu enclins à
adopter, ne serait-ce qu'à
examiner, une solution comme
celle proposée par le
promoteur-investisseur M. Luc
Poirier?
Nous avons donc eu droit lors de
cette émission à un jugement
sans appel et sans nuance
concernant l'inutilité des
fameux PPP, les projets de
partenariats publics privés.
Pourtant, il y a des projets de
ce type qui fonctionnent très
bien, comme celui du pont de
l'autoroute 25.
De plus, il faut comprendre
(avant de la rejeter) que la
proposition Poirier n'est pas un
PPP au sens traditionnel du
terme. À sa plus simple
expression, elle consiste à
construire une infrastructure
dont l'investisseur demeure
propriétaire pour la louer au
gouvernement du Québec; comme
n'importe lequel édifice louer
par ce dernier. La proposition
Poirier est inédite au Québec et
même au Canada et comme tout ce
qui est nouveau, cela fait peur
… et pourrait ébranler le
sacro-saint et rigide modèle
Québécois.
Il conviendrait donc d'examiner
la proposition Poirier avant de
la rejeter du revers de la main
ou l'ignorer, comme la majorité
des panellistes de La Tribune
l'ont fait, certains pour des
raisons idéologiques. D'autant
plus que depuis des décennies,
les autorités publiques n'ont
offert aucune solution concrète
en matière de mobilité dans la
région de Sorel-Tracy.
L'art du sabordage
stratégique
Réitérons ici, encore une fois,
le pourquoi du sabordage du
Regroupement citoyen et
citoyenne pour la construction
d'un pont entre Sorel-Tracy et
Lanoraie à l'horizon 2028
(Pont STL 2028). La
décision de cesser les activités
du regroupement a été discutée
pour la première fois à
l'été 2018 avec feu Richard
St-Germain, son président
fondateur. Elle a ensuite été
mise en œuvre comme prévu, de
façon unanime par les principaux
concernés, aux vues des
résultats de l'élection du 1er
octobre 2018.
Pont STL 2028 s'était en effet
donné comme mission à l'origine,
d'amener le projet dans l'espace
public dans le contexte de
l'élection pour en faire un
enjeu électoral majeur. Pourquoi
avoir sabordé Pont STL 2028 qui
en peu de temps, était
pratiquement devenu une marque
de commerce?
Parce que nous estimions que
notre influence aurait
rapidement diminué au lendemain
de l'élection québécoise,
considérant qu'il y a des
limites émettre des communiqués
de presse et à tenir des
manifestations; surtout dans une
petite ville où la nature
stagnante de la population
incline trop souvent aux
relations incestueuses et
sclérose de ce fait, l'activisme
politique. Nous estimions donc
que le leadership d'une telle
démarche devait venir de notre
classe politique, en espérant
qu'au moins une personnalité
politique d'envergure en ferait
sa cause.
C'est ainsi qu'au soir du 1er
octobre 2018, avec l'arrivée au
pouvoir avec fracas de la CAQ et
l'élection de députés caquistes
de chaque côté du fleuve
Saint-Laurent, notamment,
M. Jean-Bernard Émond, lequel
avait fait une partie de sa
campagne électorale sur l'enjeu
du pont, nous avons conclu que
le projet venait de se trouver
un porteur crédible. Pour le
reste, chacun jugera.
Non, Pont STL 2028 n'a pas cessé
brutalement ses activités, le
tout était planifié.
Conclusion : Pont STL 2059?
Pont STL 2028 a réussi à créer
en 2018, un réel consensus
social et un momentum en faveur
de ce projet. Mais pour
des raisons que je n'arrive
toujours pas à m'expliquer,
notre classe politique se
retrouve systématiquement et
depuis longtemps, à la traîne
dans ce dossier. Au momentum
créé s'est substitué
l'habituelle attente de l'autre,
avec comme résultat récent, une
xième résolution de la MRC
Pierre-De Saurel après toutes
les autres, cette fois-ci pour
la création d'un comité sur la
mobilité régionale. Voyons voir
où cela nous mènera; peut-être
qu'un jour, d'autres idéalistes
créeront Pont STL 2059. Mais à
ce moment, j'aurai peut-être 100
ans.
Jocelyn Daneau,
jocelyndaneau@gmail.com
Note : Oui, j'ai été invité à
participer à l'émission La
Tribune dont il est question
ici. Vous me direz que les
absents ont toujours tort.
Effectivement, mais j'ai quand
même refusé. |
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