vendredi 08 mai 2020
L’impact de la
Covid-19 pour nos agriculteurs
Photo :
Courtoisie
Par Annie Bourque,
vendredi 08 mai 2020
Plusieurs agriculteurs
doivent se réinventer en raison
de la Covid-19 qui entraine la
fermeture de nombreux
restaurants et le ralentissement
des exportations. Les visites à
la ferme prennent une toute
autre dimension avec
l’implantation de nouvelles
mesures sanitaires.
« Ce
ne sera plus la même
convivialité »,
confie Nicole Saint-Jean,
propriétaire de la Sublime
asperge à Saint-Aimé.
Son entreprise a commandé la
vitrine protectrice en
plexiglass, des masques et
désinfectants. Un coût de plus
de 1500 $.
Le commissaire agricole de la
Société d’agriculture de
Richelieu Alain Beaudin déplore
que le gouvernement n’offre
aucune mesure financière pour
aider « les petits
producteurs » comme
Nicole Saint-Jean ou Julien Pagé.
Selon lui, les agriculteurs sont
voués à changer leurs façons de
faire. C’est ce que croit aussi
Nicole Saint-Jean.
« C’est
sûr que ce ne sera pas aussi
agréable de servir les gens à
travers un plexiglass »,
dit-elle. Son équipe devra
s’assurer que tous respectent le
fameux deux mètres de distance.
Moitié moins de clients
D’habitude, la Sublime Asperge
dessert environ 80 restaurants.
Durant la crise, Nicole et son
conjoint Simon ont craint de
perdre le marché des
restaurateurs. Le télétravail,
la diminution de touristes et la
hausse du taux de chômage
affecte tous ceux qui restent
encore ouverts.
« Je suis étonnée de voir que
les restaurateurs m’appellent
pour commander des asperges.
Même Normand Laprise du
restaurant Le Toqué a téléphoné
en disant: si vous êtes
incapables de les ramasser, je
propose d’y aller avec une
vingtaine de personnes. Cela m’a
touchée », confie Mme St-Jean.
Elle compte environ une
quarantaine de restaurateurs
comme M. Laprise, intéressés à
recevoir ses asperges.
Et pour compenser la perte de
clientèle, les propriétaires ont
songé à livrer leurs produits
dans des points de chute précis
dans les villes environnantes
dont Sorel-Tracy, Saint-Hilaire,
Montréal.
Pénurie de personnel
En ce moment, Mme Saint-Jean
compte sur seulement quatre
travailleurs mexicains au lieu
de 12. L’entreprise fera affaire
avec une agence de travailleurs
spécialisés en agriculture.
Un coût astronomique, soupire
Nicole Saint-Jean.
En attendant, la récolte est
retardée de quelques jours en
raison du froid qui sévit
actuellement. Les risques de gel
ne devraient pas affecter la
production.
Nicole
St-Jean et Simon Lavallée, de la
Sublime asperge à Saint-Aimé,
prévoient ouvrir quelques jours
après la Fête des mères.
Photo : Annie Bourque
Savoir rebondir
Le
commissaire agricole
de la Société
d’agriculture de
Richelieu Alain
Beaudin estime
important que les
producteurs puissent
établir un lien de
confiance et devenir
une référence pour
les consommateurs.
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De son côté, Alain Beaudin
pense que la Covid-19 est une
opportunité pour les producteurs
locaux de créer un lien de
confiance, d’amitié avec les
consommateurs.
« Les
producteurs doivent établir un
lien de confiance avec les
clients, ajoute-t-il. On les
laisse entrer sur nos fermes,
dans notre milieu familial. On
leur montre nos valeurs. »
Nicole Saint-Jean et Simon
Lavallée sont des types de
personnes qui affrontent
l’adversité. Le commissaire
agricole Alain Beaudin les
surnomme les gagnants.
« Tu
leur tapes dessus et ils
rebondissent. Ils sont en mode
solution, dit-il. D’autres,
accroupis dans un petit coin,
sont en train de pleurer. »
Les plus jeunes
agriculteurs, selon lui, seront
davantage touchés par la crise
n’ayant moins de marge de
manœuvre que les vieux.
« Il
n’y a pas juste que les
restaurants ou boutiques de
vêtements qui n’ouvriront plus
leurs portes. Des fermes vont
fermer. Et parmi eux, beaucoup
de jeunes. »
« Il faudra éviter que ces
fermes soient offertes aux plus
grands. Parce que cela va encore
centraliser l’agriculture
souvent détenue par des cartels
et petits groupes d’individus »,
croit Alain Beaudin qui est
aussi producteur de fines herbes
à Saint-Robert.
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