Courriel Saurelois
Une chronique sur l'histoire de Sorel
de Roland Plante

28 décembre, 2018

En collaboration avec :

Le camp militaire à Sorel
Recherche : Roland Plante

En 1939, la zone habitée de la ville se terminait sur le côté nord de la rue du Collège qui menait au mont Saint-Bernard. Entre la rue du Collège et ce qui est devenu la rue de la Comtesse, il y avait un immense terrain, pratiquement déboisé. Il appartenait à la seigneurie d’où son nom «Le parc vassal» renommé « Her Majesty Millitary Reserve. » Les concessions de terre le long de la rivière Richelieu commençaient à partir de ce que l’on désigne maintenant comme Maison des Gouverneurs.

La maison des Gouverneurs fut la résidence du général Von Riedesel, commandant des soldats allemands venus protéger le Canada d’une invasion des rebelles américaines.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, on créée un camp militaire à Sorel. On y forme des miliciens pour défendre le territoire canadien. Plus tard, il sera agrandi et servira à entraîner des soldats de l’armée régulière qui iront combattre en Europe.

La rue Prince fut prolongée jusqu’à ce qui deviendra la rue Carignan. La limite sud du camp se situait à l’arrière des propriétés de cette rue. À l’ouest, elle partait de la rue Prince, au nord on trouvait une pointe de terrain qui fut donnée aux Sœurs Grises pour les aider à financer leur Hospice et leur orphelinat. Les citoyens de Sorel pouvaient y laisser paître leur bétail moyennant une rétribution. La limite est se trouvait dans les marécages, à l’arrière de ce qui est aujourd’hui la Polyvalente Fernand-Lefebvre, anciennement le collège Mont-Saint-Bernard.

Le lieutenant-colonel Boivin était commandant du camp.

Quand les soldats avaient la permission de sortir, ils fréquentaient les bars et les tavernes sorelois. Plusieurs frictions eurent lieu entre les soldats cantonnés à Sorel et les marins qui venaient prendre en main les navires de guerre construits à Marine Industries ltée.
À la fin de la soirée, on pouvait entendre le bruit de leurs bottines ferrées quand ils retournaient au camp. Il est difficile à comprendre pourquoi les marins étaient entraînés à Saint-Hyacinthe au lieu de Sorel avec son port et son chantier maritime.

À l’entrée du camp, on pouvait voir un ours brun édenté et dégriffé qui servait de mascotte. Quelques militaires costauds s’amusaient à lutter avec lui. On lui donnait des liqueurs douces et en cachette, de la bière.

Avec quelques amis, dans la soirée, nous nous introduisions dans le camp par un trou dans la clôture où est située l’école Saint-Gabriel-Lalemant. Nous nous amusions avec les équipements, câbles, murs, ponts, échelles utilisés par les soldats.

Pour s’entraîner, les compagnies de soldats faisaient de longues marches, parfois dans la ville.

À la fin de la guerre, les troupes alliées, victorieuses, firent de nombreux prisonniers. Plusieurs furent internés au camp de Sorel. Une section du camp fut transformée en camp d’internement pour des soldats allemands capturés en Afrique du Nord.

Il y avait dans la forêt voisine du camp un endroit où abondaient des mûres et qui nous était familier. Un jour, alors que nous allions cueillir des mûres, on aperçoit une douzaine de prisonniers allemands qui occupent le terrain. Nous n’osions nous approcher, la propagande nous les décrivait comme de méchants nazis. Ils nous ont fait signe de nous approcher. L’un d’eux, qui parlait français, m’a dit qu’il habitait à Frankfort, qu’il avait un garçon de mon âge et avait été capturé en Afrique du Nord.

La guerre terminée, le gouvernement canadien vendit des navires à des Indiens. Leurs équipages furent logés dans les casernes anciennement utilisées par les soldats.

Vers 1947, le bâtiment qui servait de salle d’exercice fut vendu à des hommes d’affaires sorelois qui le convertirent en aréna et en salle d’exposition. En 1952, l’aréna s’écroulera sous le poids de la neige. Heureusement, il n’y eut aucune victime. J’y avais joué au hockey deux jours plus tôt.

On vendra les huttes à des particuliers.

Après la guerre, une fois le camp fermé, l’armée canadienne a utilisé des anciens dortoirs des ouvriers des usines de guerre, situés sur la rue Cormier à St-Joseph-de-Sorel. Dans ces locaux, on forma des soldats réservistes, spécialisés en artillerie.



Roland Plante
15 janvier 2015
Corrections: Madeleine Blanche Lussier

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