Le camp
militaire à Sorel
Recherche : Roland Plante
En 1939, la zone habitée de la
ville se terminait sur le côté
nord de la rue du Collège qui
menait au mont Saint-Bernard.
Entre la rue du Collège et ce
qui est devenu la rue de la
Comtesse, il y avait un immense
terrain, pratiquement déboisé.
Il appartenait à la seigneurie
d’où son nom «Le parc vassal»
renommé « Her Majesty Millitary
Reserve. » Les concessions de
terre le long de la rivière
Richelieu commençaient à partir
de ce que l’on désigne
maintenant comme Maison des
Gouverneurs.
La maison des Gouverneurs fut la
résidence du général Von
Riedesel, commandant des soldats
allemands venus protéger le
Canada d’une invasion des
rebelles américaines.
Au début de la Seconde Guerre
mondiale, en 1940, on créée un
camp militaire à Sorel. On y
forme des miliciens pour
défendre le territoire canadien.
Plus tard, il sera agrandi et
servira à entraîner des soldats
de l’armée régulière qui iront
combattre en Europe.
La rue Prince fut prolongée
jusqu’à ce qui deviendra la rue
Carignan. La limite sud du camp
se situait à l’arrière des
propriétés de cette rue. À
l’ouest, elle partait de la rue
Prince, au nord on trouvait une
pointe de terrain qui fut donnée
aux Sœurs Grises pour les aider
à financer leur Hospice et leur
orphelinat. Les citoyens de
Sorel pouvaient y laisser paître
leur bétail moyennant une
rétribution. La limite est se
trouvait dans les marécages, à
l’arrière de ce qui est
aujourd’hui la Polyvalente
Fernand-Lefebvre, anciennement
le collège Mont-Saint-Bernard.
Le lieutenant-colonel Boivin
était commandant du camp.
Quand les soldats avaient la
permission de sortir, ils
fréquentaient les bars et les
tavernes sorelois. Plusieurs
frictions eurent lieu entre les
soldats cantonnés à Sorel et les
marins qui venaient prendre en
main les navires de guerre
construits à Marine Industries
ltée.
À la fin de la soirée, on
pouvait entendre le bruit de
leurs bottines ferrées quand ils
retournaient au camp. Il est
difficile à comprendre pourquoi
les marins étaient entraînés à
Saint-Hyacinthe au lieu de Sorel
avec son port et son chantier
maritime.
À l’entrée du camp, on pouvait
voir un ours brun édenté et
dégriffé qui servait de
mascotte. Quelques militaires
costauds s’amusaient à lutter
avec lui. On lui donnait des
liqueurs douces et en cachette,
de la bière.
Avec quelques amis, dans la
soirée, nous nous introduisions
dans le camp par un trou dans la
clôture où est située l’école
Saint-Gabriel-Lalemant. Nous
nous amusions avec les
équipements, câbles, murs,
ponts, échelles utilisés par les
soldats.
Pour s’entraîner, les compagnies
de soldats faisaient de longues
marches, parfois dans la ville.
À la fin de la guerre, les
troupes alliées, victorieuses,
firent de nombreux prisonniers.
Plusieurs furent internés au
camp de Sorel. Une section du
camp fut transformée en camp
d’internement pour des soldats
allemands capturés en Afrique du
Nord.
Il y avait dans la forêt voisine
du camp un endroit où abondaient
des mûres et qui nous était
familier. Un jour, alors que
nous allions cueillir des mûres,
on aperçoit une douzaine de
prisonniers allemands qui
occupent le terrain. Nous
n’osions nous approcher, la
propagande nous les décrivait
comme de méchants nazis. Ils
nous ont fait signe de nous
approcher. L’un d’eux, qui
parlait français, m’a dit qu’il
habitait à Frankfort, qu’il
avait un garçon de mon âge et
avait été capturé en Afrique du
Nord.
La guerre terminée, le
gouvernement canadien vendit des
navires à des Indiens. Leurs
équipages furent logés dans les
casernes anciennement utilisées
par les soldats.
Vers 1947, le bâtiment qui
servait de salle d’exercice fut
vendu à des hommes d’affaires
sorelois qui le convertirent en
aréna et en salle d’exposition.
En 1952, l’aréna s’écroulera
sous le poids de la neige.
Heureusement, il n’y eut aucune
victime. J’y avais joué au
hockey deux jours plus tôt.
On vendra les huttes à des
particuliers.
Après la guerre, une fois le
camp fermé, l’armée canadienne a
utilisé des anciens dortoirs des
ouvriers des usines de guerre,
situés sur la rue Cormier à
St-Joseph-de-Sorel. Dans ces
locaux, on forma des soldats
réservistes, spécialisés en
artillerie.
Roland Plante
15 janvier 2015
Corrections: Madeleine Blanche
Lussier
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