Sorelois,
coureurs des bois, voyageurs et
explorateurs
Le commerce des fourrures devint
rapidement la principale avenue
pour financer le Canada. Des
postes de traite furent
échelonnés vers l’Ouest, aussi
connu comme «Les Pays d’en
haut».
Les Amérindiens réclamaient de
l’eau-de-vie, du vin, des
fusils, de la poudre, des
balles, des haches, des
chaudières, des vêtements et des
étoffes. L’acheminement des
marchandises pour y faire du
troc se faisait par canot, ainsi
que conséquemment le transport
des fourrures vers Québec,
Trois-Rivières et Montréal. Ces
canots étaient fabriqués avec
l’écorce de bouleau. Leur
légèreté facilitait le transport
pour contourner les chutes et
les rapides des rivières. Ces
opérations étaient appelées
«Portages».
Ces canots pesaient moins de 300
livres et pouvaient prendre une
cargaison de cinq tonnes
Le canot du Maître aussi appelé
canot de Montréal mesurait
environ trente-cinq pieds, était
utilisé sur le fleuve St-Laurent
et sur les Grands-Lacs, il était
propulsé par quatorze rameurs.
Plus petits, les canots du Nord
mesuraient vingt-cinq pieds et
nécessitait huit rameurs. Entre
les deux, celui nommé le Bastard
demandait 10 hommes. Une voile
était parfois utilisée quand les
vents étaient favorables. On
ramait de douze à quinze heures
par jour à une vitesse de quatre
à six milles à l’heure par temps
calme. On contrôlait la cadence
avec des chants et on mesurait
la distance par la durée d’une
pipée, soit environ quatre
milles.
Parfois à cause de la formation
de glaces, on était forcé de
passer l’hiver dans les postes
de traite.
Plus tard, certains voyageurs
qui devaient se rendre dans des
camps éloignés comme dans la
Saskatchewan, signaient un
contrat stipulant qu’ils
acceptaient d`y passer l’hiver.
Il en résultat du métissage, les
amérindiennes préférant les
blancs.
Le fort Richelieu fut érigé pour
protéger des Iroquois, le
transport de marchandises entre
Montréal et Québec. Partant de
leurs territoires situés à
l’ouest du lac Champlain, les
Iroquois utilisaient la rivière
Richelieu jusqu’au fleuve
St-Laurent pour s’attaquer aux
embarcations qui y circulaient.
Le capitaine Pierre de Saurel
fit aussi la traite des
fourrures. Trois de ses
censitaires furent emprisonnés
pour avoir commercé avec les
Hollandais au sud du lac
Champlain. Il y avait une
compétition entre les Hollandais
du fort Orange qui deviendra
Albany et les marchands
français.
Le commerce des fourrures au
Canada était un monopole royal.
Les habitants devaient obtenir
une permission et un congé pour
aller au service des marchands
autorisés par le Gouverneur pour
faire la traite des fourrures
dans les pays de l’Ouest.
Partant de Montréal, le canot
rempli de marchandises à être
échangées contre des fourrures
avec les Amérindiens.
Ces hommes appelés « voyageurs »
s’engageaient par contrat.
Plusieurs rédigeaient un
testament avant de partir. Ces
voyages, parfois long de 700
milles débutaient au
commencement de l’été. Parfois,
à cause de retards, ils devaient
passer l’hiver chez les
Amérindiens et attendre le dégel
pour revenir à Montréal.
À la fin du régime français, les
liens avec la France étant
rompus, les marchands Anglais et
Écossais prirent la relève. Ils
trouvèrent que les Canadiens
avaient une grande endurance et
qu’ils étaient dignes et
respectueux. Une grande rivalité
entre la Compagnie du Nord-Ouest
et la compagnie de la
Baie-d’Hudson alla même jusqu’à
des combats meurtriers.
Alimentation des
voyageurs.
Leur alimentation consistait en
une pinte de blé d’inde lessivé,
quelques pois secs, une once ou
deux de graisse, deux ou trois
livres de porc coupé en lisières
et du bacon. Le cuisinier y
ajoutait quatre biscuits. Des
fruits sauvages, du poisson, des
œufs trouvés dans les nids et du
gibier chassé sur leur parcours.
Parfois du pemmican, de la
viande séchée venaient
agrémenter le menu. Ceci leur
value le nom de «mangeur de
porc».
Pour subsister pendant l’hiver,
le garde-manger devait être bien
garni. Voici un extrait du
journal du bourgeois McLeod en
novembre 1800: Quelques hommes
font bouillir du gras pour faire
30 poches de 90 livres de
pemican. Quatre-vingts cinq
bisons femelles tuées à la
chasse garnissent le
garde-manger. Un voyageur nommé
Plante y suspend ces animaux
ainsi que leur langue qu’il
avait salée dix jours
auparavant. Nous avons aussi 62
sacs de provision ainsi que 9
barils de graisse et 8 litres de
brandy pour leur usage
personnel.
Engagement :
Dès que les conditions étaient
acceptées, un acte d’engagement
était signé le plus souvent par
un X, l’engagé ignorant la
lecture et l’écriture Dans les
années 1800, un contremaître et
un homme de gouvernail
recevaient onze cent livres par
année. Les autres rameurs
obtenaient quatre-cent livre.
Le voyageur ne devait pas
déserter ni aider les compagnies
rivales.
Ils recevaient le tiers de leur
gage au départ, une couverte,
une chemise, deux pantalons,
deux mouchoirs, quelques livres
de tabac. On donnait le double à
ceux qui passeront l’hiver dans
l’Ouest.
Le chemin le plus avantageux
passait par la rivière des
Outaouais, par la rivière des
Français et des lacs tel le lac
Nipissing afin d’atteindre la
baie Georgienne et les
Grands-Lacs. Le fleuve
St-Laurent entre Montréal et le
lac Ontario est parsemé de
«rapides» qui nécessitaient de
pénibles portages.
Après la construction de canaux,
des barques et des barges
remplacèrent graduellement les
voyageurs et leurs canots et
purent facilement atteindre le
lac Ontario.
En 1748, parmi une équipe de
quatorze hommes, on trouve
Pierre et Michel Lavallée,
Antoine et Pierre Latraverse et
Ignace Cournoyer qui se rendent
au lac Nipigon. Leurs canots
mesurant trente-six pieds de
long par six de large pouvaient
transporter une charge de trois
à quatre tonnes. Quand ils
rencontraient des rapides ou des
chutes d’eau, les hommes
faisaient du portage : tout
était transporté à dos d’homme.
Explorateurs :
Les explorations organisées par
La Vérandrye, Radisson, Lahontan,
Le Sueur, Du Luth, St-Pierre,
Perrot, LaSalle, Nicolet et
plusieurs autres ont ouvert
l’ouest canadien au commerce.
Les voyageurs faisaient partie
de ces expéditions.
Sous le régime anglais, un des
premiers explorateurs, Alexander
Henry rend hommage aux voyageurs
qui lui servirent de guide.
«Ignorant toutes les difficultés
rencontrées, les hommes se
couchaient sans souper. Dans de
telles situations, les Canadiens
sont les meilleurs au monde. Ils
ne se plaignent pas de leur sort
et ils obéissent aux ordres
joyeusement.
En 1789 et en 1793, Alexander
McKenzie explora le fleuve qui
porte son nom. Dans son journal,
il mentionne l’inexprimable
tâche que ses compagnons
surmontèrent. Il mentionne
Joseph Landry et Charles Ducette
(sic).
Simon Frazer explora en 1808 le
fleuve Columbia avec 19
voyageurs.
Sir John Franklin partit du fort
Chipewyan assisté par 15
voyageurs pour atteindre la
bouche de la rivière Coppermine.
Pour son voyage vers le
Nord-Ouest, il recruta entre
autres, Joseph Peltier, Mathieu
Péloquin dit Credit et Emmanuel
Cournoyer. Ces deux derniers y
ont péri.
Sir Alexander McKenzie dans ses
mémoires des voyages de 1789 et
de 1793,
raconte que ses hommes sont les
plus qualifiés au monde pour
manier un canot.
Ils sont aussi très utiles pour
créer des cartes géographiques.
Plusieurs contrats de notaire
comme celui-ci-dessous, nous
renseignent sur les «engageurs»
et les engagés.
Notaire Pierre Petit
Engagement par Roch de Ramesay,
lieutenant dans la marine, de
Charles Banliard dit Lamontagne,
qui s’y rendra à
Michillimaquinac pour fin de
traite. (19 février 1733).
Source : Greffe des notaires
Engagement de Charles et
d’Antoine Cournoyer en tant que
Voyageur pour McTavish,
McGillivery, Ogilvy et Hains en
date du 27 octobre 1811 pour
faire le voyage aller et retour
au Fort William, passer par
Michilimakinac et au lac à la
Pluie a titre de rameur du
milieu et de gouvernail et
d’effectuer les portages requis
pour une somme de 250 livres
plus 200 s’il se rend au lac à
la Pluie.
D’autres sorelois se sont
signalés dans les liens entre le
sud du lac Michigan et le
Mississipi. Plusieurs villes
américaines se sont implantées
sur des sites ouverts par nos
voyageurs.
Selon Frank Cournoyer du Dakota
il y a un cimetière plein de
Cournoyer dans son village. Un
marchand Cournoyer fait commerce
à fort Vermillon, près de
Fort-Wayne. Un Letendre opère un
chantier et une scierie au
Wisconsin et y embauche des
Antaya, Letendre, Péloquin,
Potvin et des Cournoyer.
Dans le recensement de 1861, il
pourrait être possible de
retracer la famille de ces
voyageurs car ils sont inscrits
avec leurs parents.
Il faut donc reconnaître que des
sorelois ont participé à
l’implantation de villes dans
l’ouest du Canada et des
Etats-Unis-d’Amérique.
Roland Plante, 15 août 2011.
Sources :
La colonie de la rivière Rouge,
Gouv. Manitoba.
The Voyageurs par Grace Lee Nute.
La Colonisation de la
Nouvelle-France par Émile Salone
Essay on New France par W.J.
Eccles,
Nos Racines par Jacques
Lacoursière et Marie-Andrée
Bizier.
Recensement du comté de
Richelieu en 1861 par Michel
Péloquin.
Greffe des Notaires.
Source :
Roland Plante, Courriel
Saurelois
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