Courriel Saurelois
Une chronique sur l'histoire de Sorel
de Roland Plante

24 janvier, 2018

En collaboration avec :

Sorelois, coureurs des bois, voyageurs et explorateurs

Le commerce des fourrures devint rapidement la principale avenue pour financer le Canada. Des postes de traite furent échelonnés vers l’Ouest, aussi connu comme «Les Pays d’en haut».

Les Amérindiens réclamaient de l’eau-de-vie, du vin, des fusils, de la poudre, des balles, des haches, des chaudières, des vêtements et des étoffes. L’acheminement des marchandises pour y faire du troc se faisait par canot, ainsi que conséquemment le transport des fourrures vers Québec, Trois-Rivières et Montréal. Ces canots étaient fabriqués avec l’écorce de bouleau. Leur légèreté facilitait le transport pour contourner les chutes et les rapides des rivières. Ces opérations étaient appelées «Portages».

Ces canots pesaient moins de 300 livres et pouvaient prendre une cargaison de cinq tonnes
Le canot du Maître aussi appelé canot de Montréal mesurait environ trente-cinq pieds, était utilisé sur le fleuve St-Laurent et sur les Grands-Lacs, il était propulsé par quatorze rameurs.

Plus petits, les canots du Nord mesuraient vingt-cinq pieds et nécessitait huit rameurs. Entre les deux, celui nommé le Bastard demandait 10 hommes. Une voile était parfois utilisée quand les vents étaient favorables. On ramait de douze à quinze heures par jour à une vitesse de quatre à six milles à l’heure par temps calme. On contrôlait la cadence avec des chants et on mesurait la distance par la durée d’une pipée, soit environ quatre milles.
Parfois à cause de la formation de glaces, on était forcé de passer l’hiver dans les postes de traite.

Plus tard, certains voyageurs qui devaient se rendre dans des camps éloignés comme dans la Saskatchewan, signaient un contrat stipulant qu’ils acceptaient d`y passer l’hiver. Il en résultat du métissage, les amérindiennes préférant les blancs.

Le fort Richelieu fut érigé pour protéger des Iroquois, le transport de marchandises entre Montréal et Québec. Partant de leurs territoires situés à l’ouest du lac Champlain, les Iroquois utilisaient la rivière Richelieu jusqu’au fleuve St-Laurent pour s’attaquer aux embarcations qui y circulaient.

Le capitaine Pierre de Saurel fit aussi la traite des fourrures. Trois de ses censitaires furent emprisonnés pour avoir commercé avec les Hollandais au sud du lac Champlain. Il y avait une compétition entre les Hollandais du fort Orange qui deviendra Albany et les marchands français.

Le commerce des fourrures au Canada était un monopole royal. Les habitants devaient obtenir une permission et un congé pour aller au service des marchands autorisés par le Gouverneur pour faire la traite des fourrures dans les pays de l’Ouest. Partant de Montréal, le canot rempli de marchandises à être échangées contre des fourrures avec les Amérindiens.

Ces hommes appelés « voyageurs » s’engageaient par contrat. Plusieurs rédigeaient un testament avant de partir. Ces voyages, parfois long de 700 milles débutaient au commencement de l’été. Parfois, à cause de retards, ils devaient passer l’hiver chez les Amérindiens et attendre le dégel pour revenir à Montréal.

À la fin du régime français, les liens avec la France étant rompus, les marchands Anglais et Écossais prirent la relève. Ils trouvèrent que les Canadiens avaient une grande endurance et qu’ils étaient dignes et respectueux. Une grande rivalité entre la Compagnie du Nord-Ouest et la compagnie de la Baie-d’Hudson alla même jusqu’à des combats meurtriers.


Alimentation des voyageurs.

Leur alimentation consistait en une pinte de blé d’inde lessivé, quelques pois secs, une once ou deux de graisse, deux ou trois livres de porc coupé en lisières et du bacon. Le cuisinier y ajoutait quatre biscuits. Des fruits sauvages, du poisson, des œufs trouvés dans les nids et du gibier chassé sur leur parcours. Parfois du pemmican, de la viande séchée venaient agrémenter le menu. Ceci leur value le nom de «mangeur de porc».

Pour subsister pendant l’hiver, le garde-manger devait être bien garni. Voici un extrait du journal du bourgeois McLeod en novembre 1800: Quelques hommes font bouillir du gras pour faire 30 poches de 90 livres de pemican. Quatre-vingts cinq bisons femelles tuées à la chasse garnissent le garde-manger. Un voyageur nommé Plante y suspend ces animaux ainsi que leur langue qu’il avait salée dix jours auparavant. Nous avons aussi 62 sacs de provision ainsi que 9 barils de graisse et 8 litres de brandy pour leur usage personnel.

Engagement :

Dès que les conditions étaient acceptées, un acte d’engagement était signé le plus souvent par un X, l’engagé ignorant la lecture et l’écriture Dans les années 1800, un contremaître et un homme de gouvernail recevaient onze cent livres par année. Les autres rameurs obtenaient quatre-cent livre.

Le voyageur ne devait pas déserter ni aider les compagnies rivales.
Ils recevaient le tiers de leur gage au départ, une couverte, une chemise, deux pantalons, deux mouchoirs, quelques livres de tabac. On donnait le double à ceux qui passeront l’hiver dans l’Ouest.

Le chemin le plus avantageux passait par la rivière des Outaouais, par la rivière des Français et des lacs tel le lac Nipissing afin d’atteindre la baie Georgienne et les Grands-Lacs. Le fleuve St-Laurent entre Montréal et le lac Ontario est parsemé de «rapides» qui nécessitaient de pénibles portages.

Après la construction de canaux, des barques et des barges remplacèrent graduellement les voyageurs et leurs canots et purent facilement atteindre le lac Ontario.

En 1748, parmi une équipe de quatorze hommes, on trouve Pierre et Michel Lavallée, Antoine et Pierre Latraverse et Ignace Cournoyer qui se rendent au lac Nipigon. Leurs canots mesurant trente-six pieds de long par six de large pouvaient transporter une charge de trois à quatre tonnes. Quand ils rencontraient des rapides ou des chutes d’eau, les hommes faisaient du portage : tout était transporté à dos d’homme.

Explorateurs :

Les explorations organisées par La Vérandrye, Radisson, Lahontan, Le Sueur, Du Luth, St-Pierre, Perrot, LaSalle, Nicolet et plusieurs autres ont ouvert l’ouest canadien au commerce. Les voyageurs faisaient partie de ces expéditions.
Sous le régime anglais, un des premiers explorateurs, Alexander Henry rend hommage aux voyageurs qui lui servirent de guide. «Ignorant toutes les difficultés rencontrées, les hommes se couchaient sans souper. Dans de telles situations, les Canadiens sont les meilleurs au monde. Ils ne se plaignent pas de leur sort et ils obéissent aux ordres joyeusement.

En 1789 et en 1793, Alexander McKenzie explora le fleuve qui porte son nom. Dans son journal, il mentionne l’inexprimable tâche que ses compagnons surmontèrent. Il mentionne Joseph Landry et Charles Ducette (sic).

Simon Frazer explora en 1808 le fleuve Columbia avec 19 voyageurs.

Sir John Franklin partit du fort Chipewyan assisté par 15 voyageurs pour atteindre la bouche de la rivière Coppermine. Pour son voyage vers le Nord-Ouest, il recruta entre autres, Joseph Peltier, Mathieu Péloquin dit Credit et Emmanuel Cournoyer. Ces deux derniers y ont péri.

Sir Alexander McKenzie dans ses mémoires des voyages de 1789 et de 1793,
raconte que ses hommes sont les plus qualifiés au monde pour manier un canot.
Ils sont aussi très utiles pour créer des cartes géographiques.

Plusieurs contrats de notaire comme celui-ci-dessous, nous renseignent sur les «engageurs» et les engagés.

Notaire Pierre Petit
Engagement par Roch de Ramesay, lieutenant dans la marine, de Charles Banliard dit Lamontagne, qui s’y rendra à Michillimaquinac pour fin de traite. (19 février 1733).
Source : Greffe des notaires

Engagement de Charles et d’Antoine Cournoyer en tant que Voyageur pour McTavish, McGillivery, Ogilvy et Hains en date du 27 octobre 1811 pour faire le voyage aller et retour au Fort William, passer par Michilimakinac et au lac à la Pluie a titre de rameur du milieu et de gouvernail et d’effectuer les portages requis pour une somme de 250 livres plus 200 s’il se rend au lac à la Pluie.

 

D’autres sorelois se sont signalés dans les liens entre le sud du lac Michigan et le Mississipi. Plusieurs villes américaines se sont implantées sur des sites ouverts par nos voyageurs.
Selon Frank Cournoyer du Dakota il y a un cimetière plein de Cournoyer dans son village. Un marchand Cournoyer fait commerce à fort Vermillon, près de Fort-Wayne. Un Letendre opère un chantier et une scierie au Wisconsin et y embauche des Antaya, Letendre, Péloquin, Potvin et des Cournoyer.

Dans le recensement de 1861, il pourrait être possible de retracer la famille de ces voyageurs car ils sont inscrits avec leurs parents.

Il faut donc reconnaître que des sorelois ont participé à l’implantation de villes dans l’ouest du Canada et des Etats-Unis-d’Amérique.

Roland Plante, 15 août 2011.

Sources :

La colonie de la rivière Rouge, Gouv. Manitoba.
The Voyageurs par Grace Lee Nute.
La Colonisation de la Nouvelle-France par Émile Salone
Essay on New France par W.J. Eccles,
Nos Racines par Jacques Lacoursière et Marie-Andrée Bizier.
Recensement du comté de Richelieu en 1861 par Michel Péloquin.
Greffe des Notaires.

Source : Roland Plante, Courriel Saurelois

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