Les soldats
allemands au Canada
Recherche : Roland Plante
Résumé des activités de l’armée
allemande au Canada
De 1776 à 1783, une armée
allemande de près de 30,000
hommes, soit deux divisions
complètes d’infanterie est venue
en Amérique pour protéger le
Canada d’une invasion américaine
en révolte contre l’Angleterre.
La royauté anglaise qui a
beaucoup de parenté avec la
noblesse allemande, engagea des
soldats, dont ceux du duc
Auguste de Brunswick-Lunebourg
qui avait besoin de refaire ses
finances.
Ces troupes étaient sous le
commandement de Friedrich-Adolphus
Riedesel, freiherr d’Eisenbach,
né au château ancestral de
Lauterbech, dans la
Hesse-Rhénane. Possédant le
titre de noblesse de baron du
Saint-Empire romain germanique
depuis 1680, cette famille était
une des plus riches de
l’Allemagne.
Pour éviter que les Canadiens ne
se révoltent comme les
Américains, l’Angleterre avait
proclamé l’Acte de Québec en
1774 qui, entre autres,
légalisait l’Église catholique
et redonnait au Canada les
territoires qui avaient été
cédés à la Nouvelle-Angleterre
lors de la Proclamation royale
de 1763.
Le peuple n’aimait pas la
domination anglaise sans oublier
les abus et la piètre situation
du régime français. Dans les
campagnes, de faux trafiquants
et espions semaient les idées
révolutionnaires de Benjamin
Franklin et de son secrétaire
inavoué, Fleury-Mesplet, le
premier imprimeur montréalais.
Il ne faut pas oublier que les
colons américains étaient depuis
longtemps les principaux ennemis
des colons canadiens.
En 1775, les Américains
envahissent le Canada, une de
leurs troupes utilisant la route
de la rivière Richelieu. Sorel
est alors occupé.
Les 400 Américains qui avaient
suivi l’armée du Général Amherst
furent outrés des largesses de
l’Acte de Québec envers les
Canadiens français. Ils
décorèrent le buste du roi
anglais Georges III d’un collier
de patates avec l’inscription :
« Voilà
le Pape du Canada et le Sot
Anglais ».
En 1776, le général Riedesel
débarque à Québec avec ses
troupes. À Trois-Rivières, il
rencontre les troupes allemandes
du Hanau commandées par Specht.
Ils s’organisent pour remonter à
Sorel, utilisant de plus petits
bateaux et en patrouillant les
rives. Les Américains avaient
évacué Sorel.
En octobre, les troupes prirent
leurs quartiers d’hiver entre
Chambly, Sorel et Berthier et
entre Yamaska, St-François,
Nicolet et Batiscan. Les soldats
furent logés par groupes de deux
ou trois chez les habitants. Ils
recevaient des provisions et
payaient leur hôte pour le
reste. Ils devaient aller bûcher
du bois pour le chauffage. Un
officier visitait les maisons
tous les jours.
Par la suite, l’armée allemande
fit campagne aux États-Unis. Les
généraux anglais, dont Bourgoyne,
les envoyaient combattre à
l’avant-garde et elles subirent
de lourdes pertes. Le général
Riedesel fut fait prisonnier
avec ses troupes à Saratoga. On
conseilla aux officiers de se
suicider. Les membres des
troupes furent forcés de
travailler avec les esclaves
nègres. Ils furent libérés en
1780 lors d’un échange de
prisonniers et revinrent au
Canada.
En 1781, les Riedesel demeurent
à Sorel. Madame décrit la région
comme la terre promise des
soldats. Mais les vieilles
casernes sont glaciales en
hiver, trop chaudes en été et
grouillantes de parasites.
Parmi les troupes qui passèrent
l’hiver de 1782-83 dans notre
région :
Les dragons, à St-Antoine,
St-Charles et Beloeil; les
grenadiers à Berthier, Lanoraie,
Lavaltrie et Pointe-du-Lac; le
corps de garde et la compagnie
du capitaine Olers sont à Sorel
et le régiment Specht est à
Yamaska, St-François, La Baie et
Nicolet.
En juin 1783, ils reçoivent les
ordres de retourner en Allemagne
suite aux négociations pour la
paix entre les Américains et la
couronne anglaise. Plus de 2,000
Allemands restèrent au Canada
dont la population se chiffrait
à environ 90,000 habitants.
Selon les registres de la
Christ-Church de Sorel, le
docteur Charles Shiller, veuf,
épouse Clarissa Palmer de
Beloeil. Le docteur Shiller
était un chirurgien militaire
dans le régiment de Riedesel. Il
demeura au Canada quand son
régiment fut rapatrié. Il exerça
sa profession dans la région de
Sorel et de Beloeil
L'Hôpital militaire allemand
appelé Samaritaine se trouvait
sur la rive nord du Richelieu, à
l'endroit occupé aujourd’hui par
les Forges de Sorel. Cet hôpital
militaire devint par la suite
une maison de pension jusqu'en
1880, alors qu'on la démolit.
Sur le plan de la ville, tracé
en 1812, on peut y voir
l’emplacement de l’hôpital
militaire allemand du côté de la
ville de St-Joseph-de-Sorel
ainsi que celui de la maison du
médecin.
À Sorel et les environs, on
trouve encore de leurs
descendants. Ce sont notamment
les Maher, les Ritters, les
Plasse, les Piuze, les Schmidt
et des Paul.
Référence :
Un général allemand au Canada
par Georges Monarque.
Les mercenaires allemands au
Québec par Jean-Pierre Wilhelmy.
P.S. Nous avons volontairement
utilisé t le nom de Canadiens et
Américains ainsi que Rivière
Richelieu tout au long du texte.
Nous savons très bien que ce
sont termes actuels et non ceux
de l’époque. Ils ont été
utilisés pour faciliter la
compréhension du texte.
Source :
Roland Plante, Courriel
Saurelois
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