Louis-Adélard
Sénécal, les chemins de fer de
Sorel et la Québec Montreal
Southern Railways
Qui ne se rappelle pas la gare
de train, coin du Roi? Certains
d’entre nous ont aussi connu le
« pont des chars ».
Les chemins de fer à Sorel font
partie du paysage de notre
région. Mais quelle est la
véritable histoire de ce chemin
de fer? Un homme est au cœur de
la présence du chemin de fer à
Sorel.
Un homme d’affaires prolifique
et imaginatif à l’origine du
chemin de fer à Sorel.
La construction ferroviaire, qui
démarre sur une grande échelle
au Québec dans lesles années
1870 fournit à l’entrepreneur
Adélard Sénécal, (il écrivait
Senécal) né à Vaennes en 1829,
un champ d’action qui absorbera
ses énergies au même titre que
la navigation et le commerce du
bois pendant les années 1850 et
1860.
Son père possédait déjà un
commerce de céréales. Après ses
études et un perfectionnement en
anglais à Burlington, le jeune
Louis-Adélard devient
copropriétaire d’un magasin
général à Verchères, où est
déménagée la famille Sénécal. Il
devient bientôt promoteur pour
le commerce de son père. En
1854, associé avec son père, ils
créent la « Senécal, Dansereau
et compagnie », pour faire le
transport du grain sur le
Saint-Laurent. Louis-Adélard
fait aussi l’acquisition de
quelques bateaux.
En 1858, Louis-Adélard Sénécal
crée, avec des hommes
d’affaires, la « Compagnie de
navigation Yamaska »qui fait le
cabotage sur la Yamaska et la
rivière Saint-François, de même
que sur le Saint-Laurent entre
Montréal et Saint-Hugues.
Il s’associe rapidement à
d’autres hommes d’affaires et
fonde la « Compagnie de
navigation de Trois-Rivières ».
Il s’est installé à Sorel où il
gère désormais ses affaires.
Sénécal fait aussi le commerce
du bois dans les années 1850.
Homme d’affaires averti, Sénécal
se lance en 1862 dans la
construction maritime. Il signe
un contrat avec la « H.
Robertson and Company ». 1862,
il se lance dans la construction
de bateaux. Il signe alors un
contrat avec « H. Robertson and
Company » de Montréal et
s'engage à construire 5 barges
au coût de 7 500 $. Quelques
années plus tard, il possède
déjà une flotte de 11 navires et
de 89 barges qui font le
commerce entre Sorel, Montréal
et l'État de New York.
Il charge des fondés de pouvoir
à son frère Ambroise,
Charles-Ignace Gill,
Pierre-Nérée Dorion et Louis
Caya. L’industrialisation des
États-Unis amorcée dans les
années 1840 et le traité de
réciprocité de 1854 ouvraient un
axe commercial plein d’avenir
entre Montréal et New York, via
la rivière Richelieu. Pendant
les années 1860, la guerre de
Sécession renforcera cet axe.
Senécal ne s’arrête pas là. Il
s'engage dans la spéculation sur
la propriété foncière. En
février 1866, il achète les
terres du baron de Longueuil
dans le canton d'Upton. Le mois
suivant, il achète de l'homme
d'affaires Charles Ignace Gill,
le père du poète Charles Gill,
la propriété voisine. Il devient
donc propriétaire d'une immense
étendue de terrain au sud de
Montréal et de Sorel.
En 1866, il fonde également la «
Compagnie des moulins à vapeur
de Pierreville». Il exploite
aussi des moulins à scie, à
farine et à carder. Dès la fin
de 1867, on le reconnaît comme
un des hommes d’affaires
prospère du Québec avec un
chiffre d’affaires estimé à
quelque 3 millions de dollars.
Même si le siège social demeure
à Sorel, il vit à Montréal.
Il est maintenant reconnu comme
l'un des grands hommes
d'affaires du Québec, son
chiffre d'affaires se situant à
3 000 000 $. La Confédération
canadienne est créée en 1867 et
Louis-Adélard se présente pour
le parti libéral dans Drummond-Arthabaska
au fédéral et dans Yamaska au
provincial. Il est élu aux deux
circonscriptions et siège à
l'Assemblée législative jusqu'en
1871 et à la Chambre des
communes jusqu'en 1872. Il ne se
représente pas, choisissant
d’appuyer les candidatures
d’autres hommes qui pourront
l’appuyer quand le besoin se
fait sentir.
Les belles années semblent
derrière. En effet, en 1867, il
doit déclarer faillite, évaluée
à 410 000$, suite à la fermeture
du marché américain conséquente
à la fin du traité de
réciprocité entre les deux pays.
Habile, il s’entend avec ses
créanciers, ce qui lui permet de
conserver une partie de ses
actifs. Un malheur n’arrivant
pas seul, les moulins de
Pierreville passent au feu en
1868. Ses dettes sont élevées.
L’actif de la faillite est
racheté par un ex-associé qui
devient propriétaire et quelques
jours plus tard, lui revient les
biens pour un montant de 35
000$.
C’est mal connaître Louis-Adélard
Sénécal!
Sénécal utilise le bois de ses
scieries. Des prête-noms lui
servent pour obtenir des
subventions.
Une première voie ferrée entre
Sorel et Drummondville fut
construite le 5 mars 1869.
Plusieurs citoyens de Sorel ont
avancé une somme de 40,000$. M.
Sénécal dirige les travaux.
À l’automne 1871, il complète le
tronçon de 48 milles entre Sorel
et l’Avenir en passant par
Drummondville. Trois ans plus
tard, on remplace les rails en
bois par des rails en acier.
Une entente avec les
actionnaires de la compagnie du
Chemin de Fer du Sud- Est qui
avancent 100.000$ permet
d’utiliser des rails en acier
plutôt qu’en bois. Sorel fut
relié à Nicolet puis à
St-Lambert et finalement à
Lévis.
Le nom de la compagnie fut
changé pour Quebec Montreal et
Southern Railways.
Constitution de la Montreal and
Sorel Railway Company en 1881
pour construire un chemin de fer
reliant Saint-Lambert et Sorel.
La Grand Trunk Railway Company
of Canada loue l’utilisation des
rails du chemin de fer entre
Sainte-Martine et Brosseau de la
Montreal and Champlain Junction
Railway Company.
En février 1882, une demande est
faite au Conseil de la ville de
Sorel qui accorda le privilège
d’occuper sans frais, un terrain
pour y construire une gare. Il
fut situé sur le lot 486c sur la
rue Roi. C’est en 1898 que fut
construite la gare actuelle.
En 1885, le trajet Sorel –
Montréal se fait en 2 heures. On
ne se rend plus à la gare
Bonaventure. Un bateau traverse
les passagers entre le Quai
Bonsecours sur la place
Jacques-Cartier et Longueuil. À
5 heures P.M. Un train les
transporte vers Sorel.
La première expédition de
matériel par rail fut faite par
la maison Lunan & fils. Elle
consistait en de la poudre à
pâte <Princess» au montant de
600$ pour un magasin du
Manitoba.
En 1894, la South Shore Railways
crée une ligne de Valleyfield et
Lévis.
Correction sur la carte : La
voie ferrée passe entre les rues
AdelaÏde et Victoria à partir de
la rue Élisabeth et non Laurent.
Cette voie se rend aux quais sur
le Richelieu, l’autre se rend
jusqu’au fleuve St-Laurent
Le tarif en première classe
entre Montréal et Sorel en 1883
était de 1.00$ pour aller et
1.50$ pour le retour et en
deuxième classe 50¢ pour aller
et 80¢ pour le retour.
En 1885, un train quittait Sorel
à tous les matins à 7 :00 hre et
arrivait à Montréal à 11:58. Le
même train quittait Montréal à
17 :00 hre pour arriver à Sorel
à 20:49 hre.
En plus de relier Sorel à
Montréal, il y avait des trains
en direction de Nicolet et de
St-Hyacinthe.
Un pont en acier fut érigé sur
la rivière Richelieu entre Sorel
et St-Joseph le 8 juillet 1896
pour la somme de 50,000$. Le
contrat fut octroyé à un
industriel sorelois, M.
Hyacinthe Beauchemin et les
travaux furent exécutés sous la
surveillance de M. James
McCarthy.
En 1905, les trois chemins de
fer desservant Sorel : le chemin
de fer des comtés unis, celui de
la vallée du Richelieu et celui
de la Rive-Sud) sont vendus sur
ordonnance du gouvernement, à un
avocat de Saint-Hyacinthe, F.L.
Beique, et forment la Québec,
Montréal and Southern Railways
C’est à Sorel que la compagnie
Quebec Montreal and Southern
Railways construisit un
terminus. On y trouvait des
ateliers pour réparer les
locomotives et les wagons, une
cour de triage et une table
tournante pour changer la
direction des locomotives.
En 1903, une compagnie
américaine, la Delaware and
Hudson achète des parts dans la
QMSR et en prend le contrôle en
1905.
En 1929, suite à la construction
des Élévateurs à grain, une voie
ferrée longeant la rivière
Richelieu permit d’y amener les
wagons de grain provenant de
l’Ouest-Canadien. Ces trains
traversaient le pont des chars
avant d’être dirigés vers les
Élévateurs et chargés sur des
navires.
Deux accidents importants eurent
lieu dans les années 40. Une
automobile fut frappée au
passage à niveau de la rue
Prince, causant la mort de
plusieurs personnes. L’auto fut
traînée sur une longueur de 200
pieds. L’autre accident, sans
perte de vie se produisit quand
un train descendait la côte
menant vers la rivière
Richelieu, manqua de freins. La
locomotive est allée s’emboutir
dans la butte près de l’usine de
filtration. Heureusement, le
mécanicien et le chauffeur
réussirent à sauter à temps.
Pendant quelque temps, une
locomotive propulsée au déziel
remplaça un engin à vapeur.
.Elle transportait des passagers
et les malles. Était moins
imposante que les autres engins,
on la surnomma la punaise.
En 1929, le gouvernement
canadien nationalise les chemins
de fer dont le QMSR et fonde la
compagnie Canadian National
Railways qui achète le QMSR..
Les ateliers de réparations
furent fermés et transférés à
Richmond.
La gare actuelle de Sorel a été
construite en 1898, sur les
terres d'Henry Saxton, par la
Quebec-Montréal Railway Company
qui y tenait ses chantiers.
Elle offrait également le
Service de Transport continuel
entre Sorel-Montréal, Sorel-Nicolet
et Sorel-Saint-Hyacinthe. Ces
trains accommodaient un grand
nombre d'ouvriers aussi bien que
des voyageurs coutumiers.
Ayant opéré jusqu’à 895 milles
de chemins de fer, une première
réduction de 12.76 milles se fit
en 1925. Après une autre
réduction de 143 milles en 1929.
Ceci justifiait la vente de la
compagnie au Canadien National
Railways.
Un des problèmes majeur fut le
besoin de réparer le pont des
chars. Il en couterait un
minimum de 774,300$ pour
reconstruire deux piliers sur
lesquels pivotait la structure
afin de permettre aux navires de
circuler sur la rivière
Richelieu.
Le Canadien National abandonne
la ligne en 1968 mais elle était
encore fonctionnelle en 1979
quand une société défunte
opérait un train spécial entre
Montréal et Sorel en traction
vapeur avec la locomotive 6060
du Canadien National.
Photo: André Cournoyer
En 1992, suite à l'interruption
de la voie ferrée, la gare est
rénovée puis transformée en
terminus d'autobus (C.LT.
Sorel-Varennes).
Le pont des chars fut frappé par
un navire et ne fut pas réparé.
Roland Plante,
Avec la collaboration de
Madeleine Blanche Lussier.
Sources : Inventaire du
patrimoine bâti de Sorel-Tracy,
réalisé par Isabelle Béliveau,
B.A. Histoire.Walter White,
historien.
Biographie d’Adélard Sénécal.
Quebec Montreal Sorel Railway.
Photos : Joseph Cardin, André
Cournoyer.
Source :
Roland Plante, Courriel
Saurelois
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