La
musique à Sorel
Madeleine B. Lussier et Roland
Plante
La région de Sorel-Tracy a
toujours été une région de
musique.
Un peu d’histoire
Déjà, à l’Époque du Baron Von
Riedesel, qui habitera au
Château des Gouverneurs, on
embauche un grand musicien et
compositeur, Frédérick
Glackemyer, pour enseigner la
musique à ses filles.
L’installation de la communauté
des Dames de la Congrégation de
Notre-Dame permettra le
développement de l’enseignement
musical, principalement le
piano. Charlotte Cadorette,
Victoria Cartier, Anna
Charbonneau, Estelle Giroux,
Juliette Paradis, Cordile Paul
et Ève Plouffe étudieront avec
les Sœurs de la Congrégation.
Les frères des Écoles
Chrétiennes, Les Pères du
Sacré-Cœur et les Frères de la
Charité mettront en place des
chorales et des fanfares
Salle de
concert du Couvent Saint-Pierre
Dans la première moitié du
vingtième siècle, des musiciens
belges s’installent à Sorel. Les
Bosman, de Kestellier et le bien
connu August Liessens.
Henry Emery dirigera l'orchestre
du Cercle Sainte-Cécile vers la
fin du XIXe siècle. Georges
Codling, élève de Camille
Couture, violonniste et
professeur, d’Eugène Lapierre,
compositeur, musicographe et
professeur, et d’August Liessens,
fut professeur à l'Académie du
Sacré-Cœur, dirigea l'Harmonie
Calixa-Lavallée de 1940 à 88.
Son petit-fils, Stéphane
Laforest lui succédera et de
l'Harmonie scolaire Carignan, et
il écrivit deux messes. La
station radiophonique CJSO
présente plusieurs émissions
avec des artistes locaux.
Maîtres de chapelle et
organistes contribueront de
façon marquante à l'évolution
musicale régionale. Charles
Coxhead fut le maître chantre
vers la fin du XVIIIe siècle à
la Christ Church de Sorel. Ont
suivi plus tard Lily Theodosia
Wright (1880-1920) et Theodosia
Wright-Riopel (1936-61) comme
organistes ou maîtres chantres.
Du côté des Catholiques, Eugénie
Smith-Champagne (1887-1945) et
Éliane Champagne-Carpentier,
seront organistes à
Saint-Joseph.
Albéric Latraverse sera maître
chantre à Sainte-Anne de 1904 à
1966), Henri DeGrandpré maître
chantre Richard Bernard,
organiste, à Saint-Pierre. Le
chœur de l’église offrira du
chant grégorien à partir de
1932, sous la direction des
frères Mineau, Émile et Adrien.
Sorel accueillera au fil des
années, des Emma Albani, Rose
Bampton, Marcel Grandjany,
Marcel et Yvonne Hubert, Raoul
Jobin, Arthur LeBlanc, Léopold
Simoneau et Pierrette Alarie,
Henryk Szeryng, en plus des
grands noms de la chanson
française et québécoise.
Les Disciples de Massenet se
produiront à Sorel ainsi que l’OSM.
De 1941 à 1954, la ville fera
partie du réseau des Community
Concerts, elle accueillera le
festival de la Fédération des
harmonies du Québec en 1973.
Franz Liessens, fils d'August,
sera longtemps un des animateurs
du centre des Jeunesses
musicales du Canada. IL a fondé
1982 le Choeur en Liesse qu'il a
longtemps dirigé. Un de ses
fils, Frédérick, a été membre de
l'Ensemble de percussion McGill
et est ensuite devenu
percussionniste à l'Orchestre
symphonique de Winnipeg en 1981.
C'est à Sorel le fils de Robert
Bourassa et d’Andrée Simard créa
le Trio François Bourassa en
1983. Ce trio reçut le Prix
Alcan au FIJM en 1985.
D’autres noms bien connus
proviennent de la pépinière qu’a
toujours été la région
soreloise. Les Henri Pontbriand,
Walter Boudreau, Pierre-M.
Plante, Yves Lussier et Alain
Descôteaux figurent parmi eux.
D’autres fils de Sorel, le chef
d’orchestre Jacques Beaudry, la
pianiste Anna-Maria Globenski et
l’organiste Claude Lagacé
rayonnent à l’étranger.
La musique traditionnelle
à Sorel
Avant la radio et la télévision,
des chorales et des chanteurs
agrémentaient les veillées et
les événements.
Dès l’âge de 4 et 5 ans, nos
parents nous apprenaient
quelques chansons, assis sur une
chaise berçante ou pour nous
endormir. Ma grand-mère nous
bordait en chantant et, croyant
que je dormais, retournait à sa
cuisine. Mes protestations la
faisaient revenir!
De nombreuses chansons demeurent
dans ma mémoire sont notamment :
La poulette grise, Marlborough (Mabrough)
s’en va en guerre, Sur le pont
d’Avignon, La belle Françoise,
En roulant ma boule, Il était un
petit navire, Vive la
Canadienne, Un Canadien errant,
C`est l’aviron qui nous mène,
V’là le bon vent, etc.
Dans les années 1920, mon père
chantait dans la chorale de M.
Charles Cadorette, qui fut
greffier et bibliothécaire. On
peut voir mon père, en haut à
droite, sur la photo ci-dessous.
Nos ancêtres nous ont transmis,
de façon orale, un bon nombre de
vielles chansons de France. Ces
chansons furent adaptées pour
donner la cadence aux voyageurs
qui utilisaient des canots ou
modifiées selon la réalité d’ici
sans compter qu’elles ont été
entremêlées. Couplet d’une avec
refrain d’autres. Chaque famille
possédait son répertoire.
Plusieurs chanteurs et groupes
de chanteurs se produisirent
avec succès au fil du temps.
C’est Marius Barbeau, qui le
premier, colligea les chansons
traditionnelles, le folklore
Canadien-français. Par la suite,
l’Université Laval créera « Les
Archives de folklore et
d'ethnologie », fondées en 1944
par Luc Lacourcière, qui
constituent un fonds
documentaire unique, en Amérique
du Nord, sur la culture
francophone.
Charles Marius Barbeau
Théodore Botrel, barde
breton.
Théorore Botrel vient au Canada
en 1903 et en 1922 pour y donner
des concerts. Ses chansons sont
bien perçues par l’église
canadienne. On en retrouve
d’ailleurs dans les cahiers de
M. l'abbé Gadbois.
Si la chanson traditionnelle
fait partie de la vie
quotidienne tant à la maison
qu’à l’école, Sorel connaît
aussi une vie musicale riche et
diversifiée. Notamment, des
chorales sont présentes tant
dans les écoles que dans les
collèges, des groupes musicaux
sont créés et des musiciens et
chanteurs influents dynamisent
la vie musicale de la région,
d’ailleurs reconnue pour ses
talents musicaux.
Les chorales
Chorale de
l’Académie-du-Sacré-Cœur
Les écoles avaient aussi leurs
chorales. À l’Académie du
Sacré-Cœur, chaque classe
préparait une chanson qu’elle
exécutait lors de la remise des
bulletins qui avait lieu dans la
grande salle d’étude.
Les répétitions de la chorale se
tenaient à midi et trente. À
l’époque, il n’y avait pas
encore d’autobus scolaires.
L’école organisait des voyages,
soit pour des rencontres
sportives ou pour visiter les
lieux de pèlerinages. Tout le
long du trajet, des chants nous
aidaient à passer le temps.
Chorales d’Auguste
Liessens
Le professeur de musique August
Liessens fonda plusieurs groupes
de chanteurs. Il se fait
entendre lors de diverses
activités culturelles dont les
fameux concerts au Théâtre
Saurel. Il dirigera plusieurs
chorales de grande qualité.
Nommé organiste en 1916 à
l’église Notre-Dame il devient,
un an plus tard chef de musique
des zouaves de Sorel, et plus
tard l’Harmonie de Sorel et ce,
durant 25 ans. Musicien
prolifique, il enseigne l’orgue,
le piano, le violon et les
instruments d’orchestre et
d’harmonie au studio de musique
qu’il ouvre à son domicile, au
78 de Ramesay à Sorel. Il sera
chef organiste de l’église
Saint-Pierre de 1929 jusqu’à son
décès en juillet 1954.
August Liessens, atteint de
cécité dès son enfance, créera
le « MusicWriter Liessens » ou «
Musicographe Liessens »,
appareil permettant aux aveugles
d’écrire la musique pour l’usage
des non-voyants. Mis sur le
marché par l’American Foundation
for the Blinds, cet appareil est
utilisé à travers le monde. Il
fera la promotion de son
invention à titre de
conférencier dans les grandes
villes canadiennes, américaines
et en Belgique, son lieu de
naissance.
Son fils, Frans Liessens, suivra
ses traces et deviendra à son
tour musicien, créateur et
conducteur de chorale.
Madame Huguette Aussant,
professeur de musique et de
chant, elle-même cantatrice.
Les chanteurs et les
groupes
La région avait aussi ses
chanteurs qui se produisaient
fréquemment
Mendoza Auger, J.P. Lemoine et
M. Pelletier
Le groupe de Jean-Paul Lemoine
Musique traditionnelle à CJSO –
groupe Jean-Paul Lemoine
Soirée canadienne s’invite à
Saint-Joseph-de-Sorel
Des musiciens originaires
de Sorel
Le tromboniste de La bottine
Souriante, Robert Ellis, est
originaire de Sorel-Tracy
Qui ne connaît pas Frank
Parenteau au Marine Cabaret, le
saxophoniste Claude Lemieux, qui
ont fait connaître aux Saurelois
le jazz? La chanteuse Ginette
Ménard?
Onil Leblanc et André Moquin ont
dirigé les corps musicaux de
l’armée canadienne.
Plus récemment, la musique
classique de la région soreloise
revit avec la création de la
Maison de la musique et son
festival-concours de musique
classique qui attire des jeunes
musiciens de partout.
La région est encore renommée
pour sa culture musicale. Les
chansons traditionnelles, la
musique, tant classique que
populaire, les groupes de
musiciens, les chanteurs
continuent à perpétuer la
culture musicale de la région.
Aujourd’hui, des jeunes ont pris
la place et sont inspirés par
cette tradition musicale dont
nous sommes si fiers.
Sources : Collection Roland
Plante
Encyclopédie canadienne :
http://www.encyclopediecanadienne.ca/
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