Courriel Saurelois
Une chronique sur l'histoire de Sorel
de Roland Plante

12 février, 2019

En collaboration avec :

La musique à Sorel
Madeleine B. Lussier et Roland Plante

La région de Sorel-Tracy a toujours été une région de musique.

Un peu d’histoire

Déjà, à l’Époque du Baron Von Riedesel, qui habitera au Château des Gouverneurs, on embauche un grand musicien et compositeur, Frédérick Glackemyer, pour enseigner la musique à ses filles.

L’installation de la communauté des Dames de la Congrégation de Notre-Dame permettra le développement de l’enseignement musical, principalement le piano. Charlotte Cadorette, Victoria Cartier, Anna Charbonneau, Estelle Giroux, Juliette Paradis, Cordile Paul et Ève Plouffe étudieront avec les Sœurs de la Congrégation.

Les frères des Écoles Chrétiennes, Les Pères du Sacré-Cœur et les Frères de la Charité mettront en place des chorales et des fanfares


Salle de concert du Couvent Saint-Pierre

Dans la première moitié du vingtième siècle, des musiciens belges s’installent à Sorel. Les Bosman, de Kestellier et le bien connu August Liessens.

Henry Emery dirigera l'orchestre du Cercle Sainte-Cécile vers la fin du XIXe siècle. Georges Codling, élève de Camille Couture, violonniste et professeur, d’Eugène Lapierre, compositeur, musicographe et professeur, et d’August Liessens, fut professeur à l'Académie du Sacré-Cœur, dirigea l'Harmonie Calixa-Lavallée de 1940 à 88. Son petit-fils, Stéphane Laforest lui succédera et de l'Harmonie scolaire Carignan, et il écrivit deux messes. La station radiophonique CJSO présente plusieurs émissions avec des artistes locaux.

Maîtres de chapelle et organistes contribueront de façon marquante à l'évolution musicale régionale. Charles Coxhead fut le maître chantre vers la fin du XVIIIe siècle à la Christ Church de Sorel. Ont suivi plus tard Lily Theodosia Wright (1880-1920) et Theodosia Wright-Riopel (1936-61) comme organistes ou maîtres chantres. Du côté des Catholiques, Eugénie Smith-Champagne (1887-1945) et Éliane Champagne-Carpentier, seront organistes à Saint-Joseph.

Albéric Latraverse sera maître chantre à Sainte-Anne de 1904 à 1966), Henri DeGrandpré maître chantre Richard Bernard, organiste, à Saint-Pierre. Le chœur de l’église offrira du chant grégorien à partir de 1932, sous la direction des frères Mineau, Émile et Adrien.

Sorel accueillera au fil des années, des Emma Albani, Rose Bampton, Marcel Grandjany, Marcel et Yvonne Hubert, Raoul Jobin, Arthur LeBlanc, Léopold Simoneau et Pierrette Alarie, Henryk Szeryng, en plus des grands noms de la chanson française et québécoise.

Les Disciples de Massenet se produiront à Sorel ainsi que l’OSM.

De 1941 à 1954, la ville fera partie du réseau des Community Concerts, elle accueillera le festival de la Fédération des harmonies du Québec en 1973.

Franz Liessens, fils d'August, sera longtemps un des animateurs du centre des Jeunesses musicales du Canada. IL a fondé 1982 le Choeur en Liesse qu'il a longtemps dirigé. Un de ses fils, Frédérick, a été membre de l'Ensemble de percussion McGill et est ensuite devenu percussionniste à l'Orchestre symphonique de Winnipeg en 1981.

C'est à Sorel le fils de Robert Bourassa et d’Andrée Simard créa le Trio François Bourassa en 1983. Ce trio reçut le Prix Alcan au FIJM en 1985.

D’autres noms bien connus proviennent de la pépinière qu’a toujours été la région soreloise. Les Henri Pontbriand, Walter Boudreau, Pierre-M. Plante, Yves Lussier et Alain Descôteaux figurent parmi eux. D’autres fils de Sorel, le chef d’orchestre Jacques Beaudry, la pianiste Anna-Maria Globenski et l’organiste Claude Lagacé rayonnent à l’étranger.

La musique traditionnelle à Sorel

Avant la radio et la télévision, des chorales et des chanteurs agrémentaient les veillées et les événements.

Dès l’âge de 4 et 5 ans, nos parents nous apprenaient quelques chansons, assis sur une chaise berçante ou pour nous endormir. Ma grand-mère nous bordait en chantant et, croyant que je dormais, retournait à sa cuisine. Mes protestations la faisaient revenir!

De nombreuses chansons demeurent dans ma mémoire sont notamment : La poulette grise, Marlborough (Mabrough) s’en va en guerre, Sur le pont d’Avignon, La belle Françoise, En roulant ma boule, Il était un petit navire, Vive la Canadienne, Un Canadien errant, C`est l’aviron qui nous mène, V’là le bon vent, etc.

Dans les années 1920, mon père chantait dans la chorale de M. Charles Cadorette, qui fut greffier et bibliothécaire. On peut voir mon père, en haut à droite, sur la photo ci-dessous.

Nos ancêtres nous ont transmis, de façon orale, un bon nombre de vielles chansons de France. Ces chansons furent adaptées pour donner la cadence aux voyageurs qui utilisaient des canots ou modifiées selon la réalité d’ici sans compter qu’elles ont été entremêlées. Couplet d’une avec refrain d’autres. Chaque famille possédait son répertoire.

Plusieurs chanteurs et groupes de chanteurs se produisirent avec succès au fil du temps. C’est Marius Barbeau, qui le premier, colligea les chansons traditionnelles, le folklore Canadien-français. Par la suite, l’Université Laval créera « Les Archives de folklore et d'ethnologie », fondées en 1944 par Luc Lacourcière, qui constituent un fonds documentaire unique, en Amérique du Nord, sur la culture francophone.

Charles Marius Barbeau

Théodore Botrel, barde breton.

Théorore Botrel vient au Canada en 1903 et en 1922 pour y donner des concerts. Ses chansons sont bien perçues par l’église canadienne. On en retrouve d’ailleurs dans les cahiers de M. l'abbé Gadbois.

Si la chanson traditionnelle fait partie de la vie quotidienne tant à la maison qu’à l’école, Sorel connaît aussi une vie musicale riche et diversifiée. Notamment, des chorales sont présentes tant dans les écoles que dans les collèges, des groupes musicaux sont créés et des musiciens et chanteurs influents dynamisent la vie musicale de la région, d’ailleurs reconnue pour ses talents musicaux.

Les chorales

Chorale de l’Académie-du-Sacré-Cœur


Les écoles avaient aussi leurs chorales. À l’Académie du Sacré-Cœur, chaque classe préparait une chanson qu’elle exécutait lors de la remise des bulletins qui avait lieu dans la grande salle d’étude.

Les répétitions de la chorale se tenaient à midi et trente. À l’époque, il n’y avait pas encore d’autobus scolaires.

L’école organisait des voyages, soit pour des rencontres sportives ou pour visiter les lieux de pèlerinages. Tout le long du trajet, des chants nous aidaient à passer le temps.

Chorales d’Auguste Liessens

Le professeur de musique August Liessens fonda plusieurs groupes de chanteurs. Il se fait entendre lors de diverses activités culturelles dont les fameux concerts au Théâtre Saurel. Il dirigera plusieurs chorales de grande qualité. Nommé organiste en 1916 à l’église Notre-Dame il devient, un an plus tard chef de musique des zouaves de Sorel, et plus tard l’Harmonie de Sorel et ce, durant 25 ans. Musicien prolifique, il enseigne l’orgue, le piano, le violon et les instruments d’orchestre et d’harmonie au studio de musique qu’il ouvre à son domicile, au 78 de Ramesay à Sorel. Il sera chef organiste de l’église Saint-Pierre de 1929 jusqu’à son décès en juillet 1954.

August Liessens, atteint de cécité dès son enfance, créera le « MusicWriter Liessens » ou « Musicographe Liessens », appareil permettant aux aveugles d’écrire la musique pour l’usage des non-voyants. Mis sur le marché par l’American Foundation for the Blinds, cet appareil est utilisé à travers le monde. Il fera la promotion de son invention à titre de conférencier dans les grandes villes canadiennes, américaines et en Belgique, son lieu de naissance.

Son fils, Frans Liessens, suivra ses traces et deviendra à son tour musicien, créateur et conducteur de chorale.

Madame Huguette Aussant, professeur de musique et de chant, elle-même cantatrice.

Les chanteurs et les groupes

La région avait aussi ses chanteurs qui se produisaient fréquemment

Mendoza Auger, J.P. Lemoine et M. Pelletier


Le groupe de Jean-Paul Lemoine


Musique traditionnelle à CJSO – groupe Jean-Paul Lemoine



Soirée canadienne s’invite à Saint-Joseph-de-Sorel

Des musiciens originaires de Sorel

Le tromboniste de La bottine Souriante, Robert Ellis, est originaire de Sorel-Tracy



Qui ne connaît pas Frank Parenteau au Marine Cabaret, le saxophoniste Claude Lemieux, qui ont fait connaître aux Saurelois le jazz? La chanteuse Ginette Ménard?

Onil Leblanc et André Moquin ont dirigé les corps musicaux de l’armée canadienne.

Plus récemment, la musique classique de la région soreloise revit avec la création de la Maison de la musique et son festival-concours de musique classique qui attire des jeunes musiciens de partout.

La région est encore renommée pour sa culture musicale. Les chansons traditionnelles, la musique, tant classique que populaire, les groupes de musiciens, les chanteurs continuent à perpétuer la culture musicale de la région.

Aujourd’hui, des jeunes ont pris la place et sont inspirés par cette tradition musicale dont nous sommes si fiers.

 


Sources : Collection Roland Plante
Encyclopédie canadienne : http://www.encyclopediecanadienne.ca/

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