Les douanes à
Sorel
Par Claude
Proulx
Claude Proulx est un douanier à
la retraite, membre de la
Société historique Pierre-de-Saurel
et amateur d’histoire. Il a
écrit, il y a quelques années,
un article sur les douanes de
Sorel. Ce Saurelois électronique
actualise et complète l’article
de monsieur Proulx.
On parle encore beaucoup,
aujourd’hui, du bureau de poste,
magnifique édifice de style
édouardien, passé sous le pic
des démolisseurs. C’était à une
époque où le patrimoine bâti
n’avait pas la même importance
et où le modernisme à tout crin
était de mise.
Voici donc une brève histoire de
notre «bureau de poste », comme
on l’appelait, mais qui dans les
faits, était un bureau des
postes et des douanes.
En octobre 1883 donc, la
ville de Sorel achète un
terrain, sis au coin nord-est
des rues Prince et George, de M.
Charles Black Radenhurst.
«Esquire». Ce terrain est cédé à
la Reine Victoria pour en faire
un Bureau de Poste Royal.
Charles Black Radenhurst est un
homme d’affaires de Montréal.
En 1842, le premier annuaire
MacKay révèle que l’entreprise
Radenhurst, Turnbull & Co. (dry
goods and general merchants –
tissus et produits divers) tient
commerce rue Saint-Paul, alors
que Charles B. Radenhurst réside
dans une maison de la propriété,
rue Saint-François-Xavier. Après
une faillite, Radenhurst reste
en affaires, rue
Saint-François-Xavier, mais une
nouvelle entreprise commerciale
spécialisée dans la vente du
cuir s’établit en 1844 rue
Saint-Paul, suivie d’une autre
entreprise au début des années
1850 (crockery ; soit poterie,
vaisselle, etc.)
La première pierre de l’édifice
du bureau de poste et du bureau
des douanes est posée le 23
septembre 1884 en présence du
maire de Sorel (1883-85),
Adolphe Germain et du ministre
des Travaux publics, Sir Hector
Langevin.
En 1869, sir John Alexander
Macdonald* lui confie l’influent
département des Travaux publics,
qui répond bien à ses aptitudes
et à ses ambitions.
La direction de ce département
exige beaucoup de Langevin. Le
pays n’a que deux ans
d’existence, et tout est à
faire. Aussi y attache-t-il son
nom. Il est le ministre des
Travaux publics de
l’après-Confédération. Beaucoup
de grands travaux, dont le
célèbre édifice Langevin à
Ottawa, témoignent qu’il se
soucie de l’image du pays
naissant. Macdonald le dira « un
administrateur de premier ordre
» et aussi longtemps qu’il sera
au pouvoir, il lui confiera les
Travaux publics.
http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=i&num=13
http://www.biographi.ca/fr/bio/langevin_hector_louis_13F.html
Le Port maritime de Sorel a
toujours été reconnu comme une
frontière internationale. Des
centaines de navires viennent y
accoster, soit pour livrer
notamment des produits de
l’étranger comme de la mélasse
des Antilles, du nitrate de
phosphate pour la Canadian
Industries Limited (C.I.L.) de
Beloeil. En provenance de
Sept-Iles, des gros navires
canadiens livrent leurs
cargaisons de minerais de fer.
On exporte aussi des produits
canadiens et principalement les
grains de l’Ouest canadien et
des chargements de fer en
gueuse, en barre, en poudre
ainsi que du pigment de titane
de la compagnie Québec Iron and
Titanium, à
Saint-Joseph-de-Sorel, mieux
connue sous le nom de QIT.
L’édifice du bureau de Poste
de Sorel occupait la grande
partie du rez-de-chaussée (1er
étage) de ce magnifique bâtiment
historique.
Le Bureau des Douanes & Accises,
quant à lui, occupait une petite
partie du 1er étage, environ 420
p. c. (128, mètres) pour la
réception des marchandises
importées arrivant «en transit»
par Compagnie des chemins
de fer nationaux du Canada (CN).
Les bureaux administratifs
occupent le 2e ’étage sur une
superficie de 2 500 p. c. (762
mètres).
Le bureau du Gardien du Port de
Sorel , aussi connu sous le nom
de Port Warden, du ministère des
Transports occupait un espace
d’environ 300 p. c. (91,5 mètres
) au 2e étage.
Durant environ 10 ans et jusque
vers 1951, monsieur Napoléon
Paul-Hus a occupé le poste de
Percepteur des douanes et
accises. (Receiver of Customs &
Excise). C’était le titre légal
du poste que détenait le
principal ou gérant de ce
bureau.
Le Percepteur des Douanes
dirigeait une équipe de
douaniers responsables notamment
;
- De la perception de droits
d’importation et taxes d’accise
et de l’examen des marchandises,
- Du service des douanes
maritimes. Le douanier faisait
également office d’agent de
l’immigration et d’agent du
Ministère de la Santé nationale.
- De l’enregistrement des
navires pour le Ministère
fédéral des transports
- De l’enregistrement des
petites embarcations, au
matricule (13– D– 0000 )
- De la perception de la vente
des timbres d’accise pour les
salles de danse, (jusqu’en
1954).
En 1952, monsieur Léopold
Beaudry est promu «Percepteur
des douanes» en remplacement de
son prédécesseur maintenant
retraité, monsieur Napoléon
Paul-Hus. À ce moment, parmi
l’équipe des douaniers on se
souviendra de monsieur René
Taillon et de mademoiselle
Rose-Aimée Salvas.
À partir de 1940, la région de
Sorel est devenue encore plus
prospère, notamment en ce qui a
trait à la construction de
navires par le chantier maritime
«Marine Industries Limited»,
pour le compte du Gouvernement
fédéral et pour la «Branch Line
Limited», sans compter d’autres
navires pour des gouvernements
étrangers. On assiste aussi à
l’importation d’un plus grand
volume de marchandises
étrangères par divers moyens de
transports. Finalement,
l’exportation des grains par
navires vers les pays de l’Est.
On exporte le fer de la Québec
Iron and Titanium vers le Japon
et d’autres pays asiatiques, ce
qui nécessite une prestation de
services accrues de la part du
Bureau des douanes de Sorel.
Une réorganisation du Bureau des
douanes s’impose, monsieur
Beaudry, le nouveau responsable
des douanes, prend les choses en
mains. Au personnel douanier
existant viendra s’ajouter, en
1952, un monsieur Marchand en
provenance du bureau douanier de
La Tuque, qui œuvre
principalement au Service des
douanes maritimes durant la
saison de navigation sur le
fleuve Saint-Laurent. On se
souviendra que la navigation sur
le fleuve Saint-Laurent durant
ces années, se fait du début
avril à la fin novembre.
Puis, le premier avril 1953, un
nouveau douanier arrive, suite à
un concours public. Il s’agit de
monsieur Claude Proulx. Ce
dernier est âgé de 18 ans et est
affecté à l’examen des
marchandises au service des
douanes postales, à la vente des
timbres d’accises pour les
salles de danse (1953-54).
L'ancien
bureau de poste de Sorel,
construit en 1884. - Photo:
Courtoisie, Société historique
Pierre-de-Saurel
Du printemps 1954 à novembre
1958 au service maritime, durant
les saisons de navigation,
… je me souviens, avoir mis le
pied à bord d’environ 300 à 325
navires étrangers par année.
Quelle belle et grande et belle
expérience de la vie !
Le service maritime douanier
s’exerçait également au port de
Contrecœur, là où près de 200
navires canadiens par année
quittaient ce port en direction
des villes américaines des
Grands Lacs principalement pour
l’exportation du minerai de fer
de Sept-Îles.
Au personnel douanier de Sorel,
s’ajouteront Étienne Laplante,
André Mondor. En 1954 monsieur
René Taillon est promu au poste
de comptable des douanes. Armand
Langlais, un Vétéran de la 2e
Guerre mondiale, sera nommé
douanier vers 1960. En 1966
Pierre Chevalier est muté du
ministère des Postes et devient
douanier.
En 1956, Gérard Fraser, qui
provient du bureau des douanes
de Rivière-du-Loup, est promu
évaluateur–douanier à Sorel. Au
départ de ce dernier en
1961,pour devenir percepteur des
douanes à Sept-Îles, Claude
Proulx sera promu superviseur
des douanes à Sorel. Il quittera
Sorel en 1965 pour un poste de
cadre à la Commission du service
civil à Montréal. De 1956 à
1965, Marcel Fontaine, un agent
douanier de relève, se
retrouvera régulièrement à
Sorel, son « Port d’attache ».
À partir de 1975, les opérations
d’importation douanières de
Sorel seront centralisées au
bureau de Montréal. Le bureau de
Sorel sera fermé et le personnel
affecté à des postes douaniers
du Grand Montréal.
Le service maritime douanier
s’exerçait également au port de
Contrecœur.
Je me souviens de mes belles
années à Sorel comme douanier au
service maritime, alors que vers
les années de 1954 à 1958, je
devais me rendre
occasionnellement à Québec, pour
embarquer à bord de paquebots de
passagers de la ligne Cunard qui
se dirigeaient sur Montréal.
Tout en montant le majestueux
fleuve Saint-Laurent, ma mission
consistait, avec les douaniers
de Montréal, à faire l'examen
des passagers; (Douanes &
Immigration & Santé Nationale).
Nous étions bien traités par les
capitaines et le personnel de
bord. La photo ci-jointe montre
l'officier des douanes près de
son bureau en 1958 à 24 ans. La
vie de douanier fut moins
captivante lorsque je fus promu
superviseur des douaniers à
partir de 1960.
Douanier un jour, douanier
toujours
A partir du texte de Claude
Proulx
Douanier au service maritime de
Sorel (1953-1965) puis
superviseur des douanes.
Collaboration de
Madeleine-Blanche Lussier et
Roland Plante.
Source :
Roland Plante, Courriel
Saurelois
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