Des Îles de la
seigneurie de Saurel
Par
Madeleine B. Lussier et Roland
Plante
Le 29 octobre 1672, le roi Louis
XIV accorde à M. Pierre de
Saurel, officier du régiment
Carignan Sallières, une
seigneurie de deux et demie lieu
de terre de chaque côté de la
rivière Richelieu par deux lieux
de profondeur dans les terres
ainsi que les îles St-Ignace,
Madame, Ronde, aux Ours, de
Grâces, l’île des Plante ainsi
que quelques ilets.
En 1701, Bacqueville de la
Potherie décrit les îles de la
rive droite comme suit :
Elles sont plates, remplies de
bois de haute futaie dont on
fait des mats pour les vaisseaux
du roi. Le chêne, l’érable et le
cèdre s’y trouve en quantité. Le
blé est bon. Les prairies et les
pâturages en sont admirables. Le
gibier y abonde. Si le lac
Saint-Pierre est très
poissonneux, tous ces canaux ne
le sont pas moins.
Concessions par Madame
Catherine LeGardeur
Dans le greffe d’Adhémar dit
Saint-Martin, A. Notaire royal
(1668-1714) :
Concession de l'île de Grâce et
îlets adjacents par Catherine
Legardeur (de Tilly), veuve de
Pierre de Saurel, seigneur de
Sorel, à Pierre Salvay, de
Saurel, Antoine Chaudillon,
chirurgien, de Saurel, Pierre
Vallet dit Lafrance, de Saurel,
Joseph Lamy, de Saurel, Paul
Hue, de Saurel, François Marsset,
de Saurel, Gilles Cousturier dit
Labonte, de Saurel, Louis
Badaillac dit Laplante, de
Saurel, Jean Lavallee, de Saurel,
Michel Brouillet dit Laviolette,
de Saurel, Jean Garnier dit Nado,
de Saurel, Charles Vannet dit
Leparisien, de Saurel, Jean
Maignan dit Lagrange, de Saurel,
et Pierre Letendre dit Laliberte,
de Saurel.
Doc #: 16830214PA011835
L’île Madame fut c oncédée par
Madame de Saurel aux frères
Pierre, Claude et Noël Lamy.
Concession de l'île
Saint-Ignace, vis-à-vis Sorel (Saurel),
par Catherine LeGardeur, veuve
de Pierre de Saurel, vivant
seigneur et capitaine d'une
compagnie du Régiment de
Carignan, demeurant en ladite
seigneurie de Saurel, à
Françoise Juchereau, veuve de
François Viennay-Pachot, vivant
marchand bourgeois de Québec . -
19 mai 1699
Peuplement
Le peuplement de ces îles se fit
très lentement. En 1721, on
dénombre 4 habitants sur l’île
aux Ours, 2 sur l’île Madame, 1
sur l’île Ronde et 1 sur l’île
de Grâces. M. Roch de Ramesay
qui avait acheté la seigneurie,
ayant réglé les transactions,
compte sur l’Île St-Ignace, 30
familles. Il y un domaine de 20
arpents de longueur, une maison,
une grange de 60 pieds par 25,
une étable, 60 arpents de terre
labourable et 20 de prairie. Les
censitaires s’établissent du
côté du nord-est, en arrière de
ce fief.
Ce sont : Louis Fafart, Joseph
Fafart, Louis Dutremble,
Jean-Baptiste Desorcy, La veuve
Michel Desorcy, Gabriel Lépine
(Bérard, Joseph-Marie Denis,
François Lespine (Bérard),
Joseph Desorcy, Nicodème Turcot,
Gabriel Desorcy, Jean Champagne,
Gabriel Antaya-Pelletier, Jean
Plante, Pierre Fauteux,
Jean-Baptiste de Sallières,
François Plante, le sieur
Douville, officier, propriétaire
d’un arrière-fief, La veuve
Laroche, André Duclos, Léonard
Dufaulx, Nicolas Lamy.
Le peuplement se poursuivit le
long du chenal des Époufettes,
le long de la «Grande Rivière et
sur l’île Madame.
Le voyageur scandinave Pehr Kalm
remarque que l’on voit à peine
les maisons des riverains, Les
rives sont basses et souvent
inondées aux printemps. On peut
se promener en bateaux entre les
arbres.
La formation de glace sur les
différents canaux rendait plus
facile les traversées de bois et
du foin.
Le canard, la barbotte, la
perchaude, et le doré ont
enrichi l’alimentation des
insulaires.
Le curé Plinguet explique dans
son livre les épreuves que
subissent ses habitants :
… tous les printemps, à la
débâcle de la rivière, une
incommodité qui est devenue
moins grave pour les habitants
par cela même qu’elle est
devenue Habituelle. L’eau
envahit alors ordinairement la
moitié des îles. Cependant, les
cultivateurs s’en consolent
assez aisément parce que l’eau
en se retirant, laisse sur les
terres un dépôt qui leur sert
d’engrais.
Plus tard, l’avoine et le foin
vont remplacer le blé. Il y a
une importante demande provenant
des chantiers et même des
États-Unis. Un grand nombre de
chevaux sont utilisés pour les
transports.
Le dégel
Quand la glace cédait au
printemps, l’Île St-Ignace était
complètement isolée. Une
arrière-arrière-grand-tante est
morte au mois d’Avril. Il était
impossible de se rendre à
l’église sur l’Île Dupas. Ils
durent la garder pendant une
dizaine de jours. Pendant la
nuit, ses proches la sortaient
dehors pour pouvoir la garder.
1753 – Notaire Montmerqué dit
Dubreil.
Partage d’une île appelée l’île
St-Pierre entre Joseph Plante et
Marie-Thérèse Dezorcy son
épouse, de l’Île St-Ignace,
seigneurie de Sorel et ses
enfants.
Le gouverneur général
échappe aux Américains
Les troupes révolutionnaires
américaines avaient réussi à
occuper le fleuve dans la région
de Sorel, isolant Montréal de
Québec. Le Gouverneur-Général
Guy Carleton qui était à
Ville-Marie pour organiser la
défense dut s’enfuir avec 130 de
ses hommes sur de petits
navires. Le gouverneur déguisé
en paysan et guidé par un M.
Blet de Sorel, a réussi pendant
la nuit à passer par le chenal
des Époussettes, ayant enveloppé
les rames de tissus pour
étouffer le bruit, Il réussit
alors à se rendre aux
Trois-Rivières.
Île de Grâces
Chenal des époussettes
Une église, une paroisse à
St-Ignace :
Le régime seigneurial fut aboli
en 1850. À partir de cette date,
il se forma des municipalités
autour des églises.
Le 9 août 1895, Monseigneur
Édouard-Charles Fabre signe le
décret constituant la paroisse
Saint-Ignace-de-Loyola. Elle
comprendra les Îles
Saint-Ignace, Madame, Ronde, Aux
Ours, Ducharme, Aux Noyers, à
l’Orme, Lamarche, Cavale, Aux
Sables, Des Battures, Aux
Carpes, Du Milieu, Du Nord,
Millette, Grandelle, Letendre,
Latraverse, Péloquin, Des Cardin
et De la Girodeau,
Une chapelle de soixante-douze
pieds sur quarante fut
construites, les premiers
marguilliers furent Pierre
Plante, Pierre Valois et Paul
Éthier.
Au lieu de payer la dîme en
grain, il fut décidé de se baser
sur l’évaluation et de charger
18 centins par piastre.
La municipalité de l’Île
St-Ignace existe depuis le11
février 1897. Les membres du
premier conseil proposé furent :
Proposé par Henri Lincourt,
secondé par Paul Chevalier, M.
Didace Guevremont est élu maire,
le secrétaire trésorier : Henri
Courchesne, Estimateurs : Paul
Cournoyer, Albini Courchesne et
Michel St-Martin, Inspecteurs de
la voirie : Pierre Bergeron,
Roch Massé et Pierre Plante,
Inspecteurs Agraires : Honoré
Plante et Hubert Paul-Hus,
Gardien d’enclos : Gilbert
Chevalier.
Une élection houleuse
Pendant une assemblée dans
l’église, les partisans de M.
Michel St-Martin en viennent aux
coups avec ceux de M. Henri
Lincourt. Le curé Lachapelle
tenta de s’interposer entre les
deux clans. Il fut, d’une façon
qu’il jugea brutale conduit dans
la sacristie. Son bedeau, un
solide gaillard l’ayant
empoigné, le transporta à l’abri
dans la sacristie.
Du sang ayant été répandu dans
l’église, il y eut une sanction
canonique. Pendant trois
semaines, un interdit pesa sur
l’église. Il fut alors
nécessaire de la bénir. Tous les
hommes, femmes et enfants firent
une demande de pardon dans une
lettre adressée à l’évêque.
Un peu plus tard, la petite
fille du candidat Lincourt
épousa le fils du candidat
St-Martin. La paix était
revenue.
En 1939, deux ponts furent
construits pour relier l’île
St-Ignace à Berthierville.
Sources :
Les Cent îles du Lac Saint
Pierre par Rodolphe de Konicnk
Histoire de l’Île Dupas et de
l’Île St-Ignace par les curés V.
Pinguet et S. Laporte,
Une île à raconter par Lise
St-Martin-Massé, Dorothy
Bergeron, Réal Chevrette et
Colette Plante.
Photo ; Vincent Couture, Denise
Plante.
Source :
Roland Plante, Courriel
Saurelois
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