Courriel Saurelois
Une chronique sur l'histoire de Sorel
de Roland Plante

15 mars, 2019

En collaboration avec :

Des Îles de la seigneurie de Saurel
Par Madeleine B. Lussier et Roland Plante

Le 29 octobre 1672, le roi Louis XIV accorde à M. Pierre de Saurel, officier du régiment Carignan Sallières, une seigneurie de deux et demie lieu de terre de chaque côté de la rivière Richelieu par deux lieux de profondeur dans les terres ainsi que les îles St-Ignace, Madame, Ronde, aux Ours, de Grâces, l’île des Plante ainsi que quelques ilets.

En 1701, Bacqueville de la Potherie décrit les îles de la rive droite comme suit :
Elles sont plates, remplies de bois de haute futaie dont on fait des mats pour les vaisseaux du roi. Le chêne, l’érable et le cèdre s’y trouve en quantité. Le blé est bon. Les prairies et les pâturages en sont admirables. Le gibier y abonde. Si le lac Saint-Pierre est très poissonneux, tous ces canaux ne le sont pas moins.

Concessions par Madame Catherine LeGardeur

Dans le greffe d’Adhémar dit Saint-Martin, A. Notaire royal (1668-1714) :

Concession de l'île de Grâce et îlets adjacents par Catherine Legardeur (de Tilly), veuve de Pierre de Saurel, seigneur de Sorel, à Pierre Salvay, de Saurel, Antoine Chaudillon, chirurgien, de Saurel, Pierre Vallet dit Lafrance, de Saurel, Joseph Lamy, de Saurel, Paul Hue, de Saurel, François Marsset, de Saurel, Gilles Cousturier dit Labonte, de Saurel, Louis Badaillac dit Laplante, de Saurel, Jean Lavallee, de Saurel, Michel Brouillet dit Laviolette, de Saurel, Jean Garnier dit Nado, de Saurel, Charles Vannet dit Leparisien, de Saurel, Jean Maignan dit Lagrange, de Saurel, et Pierre Letendre dit Laliberte, de Saurel.
Doc #: 16830214PA011835

L’île Madame fut c oncédée par Madame de Saurel aux frères Pierre, Claude et Noël Lamy.

Concession de l'île Saint-Ignace, vis-à-vis Sorel (Saurel), par Catherine LeGardeur, veuve de Pierre de Saurel, vivant seigneur et capitaine d'une compagnie du Régiment de Carignan, demeurant en ladite seigneurie de Saurel, à Françoise Juchereau, veuve de François Viennay-Pachot, vivant marchand bourgeois de Québec . - 19 mai 1699

Peuplement

Le peuplement de ces îles se fit très lentement. En 1721, on dénombre 4 habitants sur l’île aux Ours, 2 sur l’île Madame, 1 sur l’île Ronde et 1 sur l’île de Grâces. M. Roch de Ramesay qui avait acheté la seigneurie, ayant réglé les transactions, compte sur l’Île St-Ignace, 30 familles. Il y un domaine de 20 arpents de longueur, une maison, une grange de 60 pieds par 25, une étable, 60 arpents de terre labourable et 20 de prairie. Les censitaires s’établissent du côté du nord-est, en arrière de ce fief.

Ce sont : Louis Fafart, Joseph Fafart, Louis Dutremble, Jean-Baptiste Desorcy, La veuve Michel Desorcy, Gabriel Lépine (Bérard, Joseph-Marie Denis, François Lespine (Bérard), Joseph Desorcy, Nicodème Turcot, Gabriel Desorcy, Jean Champagne, Gabriel Antaya-Pelletier, Jean Plante, Pierre Fauteux, Jean-Baptiste de Sallières, François Plante, le sieur Douville, officier, propriétaire d’un arrière-fief, La veuve Laroche, André Duclos, Léonard Dufaulx, Nicolas Lamy.

Le peuplement se poursuivit le long du chenal des Époufettes, le long de la «Grande Rivière et sur l’île Madame.

Le voyageur scandinave Pehr Kalm remarque que l’on voit à peine les maisons des riverains, Les rives sont basses et souvent inondées aux printemps. On peut se promener en bateaux entre les arbres.

La formation de glace sur les différents canaux rendait plus facile les traversées de bois et du foin.

Le canard, la barbotte, la perchaude, et le doré ont enrichi l’alimentation des insulaires.

Le curé Plinguet explique dans son livre les épreuves que subissent ses habitants :
… tous les printemps, à la débâcle de la rivière, une incommodité qui est devenue moins grave pour les habitants par cela même qu’elle est devenue Habituelle. L’eau envahit alors ordinairement la moitié des îles. Cependant, les cultivateurs s’en consolent assez aisément parce que l’eau en se retirant, laisse sur les terres un dépôt qui leur sert d’engrais.

Plus tard, l’avoine et le foin vont remplacer le blé. Il y a une importante demande provenant des chantiers et même des États-Unis. Un grand nombre de chevaux sont utilisés pour les transports.

Le dégel

Quand la glace cédait au printemps, l’Île St-Ignace était complètement isolée. Une arrière-arrière-grand-tante est morte au mois d’Avril. Il était impossible de se rendre à l’église sur l’Île Dupas. Ils durent la garder pendant une dizaine de jours. Pendant la nuit, ses proches la sortaient dehors pour pouvoir la garder.

1753 – Notaire Montmerqué dit Dubreil.
Partage d’une île appelée l’île St-Pierre entre Joseph Plante et Marie-Thérèse Dezorcy son épouse, de l’Île St-Ignace, seigneurie de Sorel et ses enfants.

Le gouverneur général échappe aux Américains

Les troupes révolutionnaires américaines avaient réussi à occuper le fleuve dans la région de Sorel, isolant Montréal de Québec. Le Gouverneur-Général Guy Carleton qui était à Ville-Marie pour organiser la défense dut s’enfuir avec 130 de ses hommes sur de petits navires. Le gouverneur déguisé en paysan et guidé par un M. Blet de Sorel, a réussi pendant la nuit à passer par le chenal des Époussettes, ayant enveloppé les rames de tissus pour étouffer le bruit, Il réussit alors à se rendre aux Trois-Rivières.


Île de Grâces


Chenal des époussettes


Une église, une paroisse à St-Ignace :

Le régime seigneurial fut aboli en 1850. À partir de cette date, il se forma des municipalités autour des églises.

Le 9 août 1895, Monseigneur Édouard-Charles Fabre signe le décret constituant la paroisse Saint-Ignace-de-Loyola. Elle comprendra les Îles Saint-Ignace, Madame, Ronde, Aux Ours, Ducharme, Aux Noyers, à l’Orme, Lamarche, Cavale, Aux Sables, Des Battures, Aux Carpes, Du Milieu, Du Nord, Millette, Grandelle, Letendre, Latraverse, Péloquin, Des Cardin et De la Girodeau,

Une chapelle de soixante-douze pieds sur quarante fut construites, les premiers marguilliers furent Pierre Plante, Pierre Valois et Paul Éthier.

Au lieu de payer la dîme en grain, il fut décidé de se baser sur l’évaluation et de charger 18 centins par piastre.

La municipalité de l’Île St-Ignace existe depuis le11 février 1897. Les membres du premier conseil proposé furent : Proposé par Henri Lincourt, secondé par Paul Chevalier, M. Didace Guevremont est élu maire, le secrétaire trésorier : Henri Courchesne, Estimateurs : Paul Cournoyer, Albini Courchesne et Michel St-Martin, Inspecteurs de la voirie : Pierre Bergeron, Roch Massé et Pierre Plante, Inspecteurs Agraires : Honoré Plante et Hubert Paul-Hus, Gardien d’enclos : Gilbert Chevalier.

Une élection houleuse

Pendant une assemblée dans l’église, les partisans de M. Michel St-Martin en viennent aux coups avec ceux de M. Henri Lincourt. Le curé Lachapelle tenta de s’interposer entre les deux clans. Il fut, d’une façon qu’il jugea brutale conduit dans la sacristie. Son bedeau, un solide gaillard l’ayant empoigné, le transporta à l’abri dans la sacristie.

Du sang ayant été répandu dans l’église, il y eut une sanction canonique. Pendant trois semaines, un interdit pesa sur l’église. Il fut alors nécessaire de la bénir. Tous les hommes, femmes et enfants firent une demande de pardon dans une lettre adressée à l’évêque.

Un peu plus tard, la petite fille du candidat Lincourt épousa le fils du candidat St-Martin. La paix était revenue.

En 1939, deux ponts furent construits pour relier l’île St-Ignace à Berthierville.

 

Sources :
Les Cent îles du Lac Saint Pierre par Rodolphe de Konicnk
Histoire de l’Île Dupas et de l’Île St-Ignace par les curés V. Pinguet et S. Laporte,
Une île à raconter par Lise St-Martin-Massé, Dorothy Bergeron, Réal Chevrette et Colette Plante.
Photo ; Vincent Couture, Denise Plante.

 

Source : Roland Plante, Courriel Saurelois

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