Courriel Saurelois
Une chronique sur l'histoire de Sorel
de Roland Plante

25 octobre, 2019

En collaboration avec :

Médecine à l’ancienne
Par Madeleine Blanche Lussier et Roland Plante

Plusieurs chirurgiens de marque des troupes royales demeurèrent au Canada après leur service. Entre-autres, le célèbre médecin-chirurgien et naturaliste Michel Sarrazin. Il était le fils de Claude, juge des seigneuries de l’abbaye de Citeaux. Il naquit le 5 septembre 1659 à Nuits-St-Georges, près de Beaune en Bourgogne. Il portait le titre de médecin du roi ce qui équivaut à docteur en médecine. A ce titre, il accorda de nombreux certificats de compétence à de nombreux apprentis qui avaient acquis leur science auprès de médecins pratiquant en Nouvelle-France. Il fut naturaliste correspondant de l’Académie des Sciences, médecin en chef du Canada. Michel Sarrazin fut conseilé au Conseil Supérieur, propriétaire du fief St-Jean à Québec

Antoine Chaudillon, chirurgien.

Antoine Chaudillon naquit en 1641 à St-Martin-d’Ygrande, arrondissement de Moulins, dans la province du Bourbonnais.

Fils de feu Claude et d’Antoinette Tin, il arrive au Canada le 16 août 1665, comme militaire dans la compagnie de LaVarenne ou dans la compagnie de Saurel du régiment de Carignan. Il fut confirmé le 2 juin 1666 à Sorel.
Il est maître-chirurgien.

Il épouse par contrat de mariage Marie Boucher, fille de François et de Florence Gareman, le 26 mai 1672. Florence vit le jour à Sillery le 26 décembre 1650.
Neuf enfants naîtront de cette union dont cinq à Sorel, on ignore où la première est née, la dernière naquit à la Pointe-aux-Trembles le 12 février 1691, soit après le décès de son père.

Le 1ier mars 1676, Jean Darbois dit Lafleur et sa femme cèdent leur terre à Antoine et à sa femme à condition qu’ils prennent soin des cédants pendant leur vie tant sain que malade et qu’ils leur feront des funérailles et prieront Dieu pour le repos de leurs âmes à leur discrétion et volonté.
En 1681, il est recensé à Sorel, il possède un fusil, 6 bêtes à cornes et 16 arpents en valeur.

Le 2 juillet 1691, lors d’une escarmouche avec les Iroquois, près de la coulée Grou en haut de l’île de Montréal, plusieurs français perdent la vie dont Jean Lavallée dit Petit-Jean..

François Circé dit St-Michel

Soldat-Chirurgien originaire de Paris, il épousa le 3 janvier 1680, Marie-Magdeleine Berthelot à Québec. Il résida à Montréal, à Batiscan, à Bécancour puis à l’île Dupas. Il eut 14 enfants, les deux derniers furent baptisés à Sorel. Il décéda à LaPrairie.
Dans les registres de Batiscan, on lit que lors du décès de l`épouse de Jean Collet, : « Nous luy avons fait ouvrir le costé pour avoir l’enfant qu’elle n’avait pu mettre au monde, lequel nous avons baptisé des mains, ayant donné des marques suffisantes de vie, et a été le jour suivant avec sa mère enterré dans le cimetière de cette paroisse ». (Claude Volant, prêtre, curé.)

Urbain Vincelot, chirurgien. Inventaire de son matériel :

On sait peu de chose de ce chirurgien sauf l’inventaire de ses biens suite à son décès en 1716. Il ne pratiqua pas à Sorel mais le contenu de sa pharmacie s’avère intéressant :
Quinze paires d’instruments à chirurgie, deux bistouris, trois paires de ciseaux, une espatulle, deux pincettes, une sonde d’argent, un pot de modificatif, deux pots de cristal minéral, deux pots de térébenthine, un pot de baume de Venise, une petite balance avec un marc, un petit paquet de Jalap, un paquet de quinquina, un paquet et un pot et un paquet de pillure mercuriale, un paquet de vitriol blanc, un petit paquet d’emplâtres de sain, trois traités de chirurgie, un boîtier à chirurgien, deux seringues à plaies, un paquet de diadrègue, un paquet de sang de dragon, un paquet de poudre diasné, deux pots de suppuratif, un pot d’extrait de genièvre, un pot de diapalma dissous, un petit paquet de vitriol de Chypres, un paquet de diaphone, un pot de quinquina, un pot de confection, un petit paquet de canterie, un petit paquet de poudre escarmonée, un pot de confection d’hyacinthe, une fiole de pierre infernale, un petit pot d’antimoine diaphorique, plusieurs petits pots d’onguents et petits paquets de médicament, sept rasoirs et une pierre à raser.

Parmi les remèdes importés les plus utilisés, le « blé de point » qui consiste en grains d’hélianthe (aussi appelé soleil), qui devaient être ingurgités en nombres impairs.
On l’utilisait pour faire disparaître les « points de côté » Un autre médicament était la « boule à ramoner. » Cela consistait en une petite boule d’antimoine qui était avalée puis récupérée et nettoyée afin d’être réutilisée.

Vital Dupont


Maître-chirurgien originaire de Lourdes, a servi dans la marine.
En 1737, il s’établit sur l’île-du-Pas et fut chirurgien pour la seigneurie de Berthier. Il épousa Geneviève Drouet, fille du sieur de Richardville.

Appelé au chevet de Louis Hus dit Millet, blessé mortellement d’un coup d’épée par le notaire Pressé, il témoigna à la salle de Justice aux Trois-Rivières le 17 mars 1746 : « Il a seulement été appelé en sa qualité de chirurgien par le père du dit défunt pour visiter sa blessure. Qu’il reconnu avoir été faite par un coup d’épée; laquelle blessure il avait reconnu mortelle par une précision qu’il jugea à propos de faire à la plaie afin de connaître le progrès du coup, ce dont il avertit sur le champ le père du défunt. Ne sachant au surplus par lui-même ni par oui-dire qui peut avoir causé cet homicide », et le greffier note : « et après qu’il eut requis salaire, lui avons taxé 22 livres ». Rigaud fut condamné aux galères à perpétuité et à la confiscation de ses biens. Le conseil supérieur annule cette sentence. Pressé demeura en prison jusqu’à ce qu’il obtienne la grâce du Roi, demandée par l’intendant Hocquart le 9 novembre.

Le chirurgien-major Charles Alavoine des Trois-Rivière fut aussi mandaté pour :
Se transporter aussy à cet effet et donnera son rapport après serment préalablement par lui presté de faire cette dite visite en son âme et conscience pour le dit procès-verbal et rapport communiqué au dit Procureur du roi, être par lui pris telle conclusion qu’il avisera.
Signé : Tonnancour.

On se rendit vérifier la nature de la blessure en enlevant le linceul du cadavre et en vérifiant sur ses vêtements consistant en une chemise, un mantelet et une culotte la forme des trous provenant de l’arme qui l’a blessé.

Le Dr Ferdinand Feltz : une carrière remarquable.

La biographie de ce docteur nous montre la vie d’un médecin au Canada.
Ce fils de docteur, né en Autriche vers 1710, arrive au Canada en 1738. Il pratiqua comme chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Montréal, puis à l’Hôtel-Dieu de Québec en 1740 puis comme chirurgien-major pour la ville. Il succéda à Michel Bertier. Il revint à Montréal en 1742 avec le brevet de chirurgien-major, avec l’appui de l’intendant Hocquart.

Il acheta et revendit des propriétés, dont les deux tiers de l’île des Sœurs. Comme chirurgien-major, il recevait 1008 livres tournoi plus 300 pour ses courses et voyages pour soigner les sauvages. Il recevait en plus des honoraires de l’Hôtel-Dieu jusqu’en 1760 et de l’Hôpital-Général de 1747 à 1766.

De plus, il tirait des profits du commerce de médicaments. Il en tenait environ 1,000 sortes dont la « poudre divine », du vitriol et la fameuse thériaque, un médicament fait à base de poudre de racines composées avec du miel et du Géneviève.

Il possédait 10 esclaves. Deux mariages lui permirent d’accéder à la petite société montréalaise. Mme Bégon est septique devant ses diagnostics et ne croit pas toutes ses charades. Cependant, elle recourut à sa médecine. Il décidait du choix de nourrices pour les enfants abandonnés.

Feltz utilisait souvent les lavements et les saignées. Pour soigner une plaie au genou de mère d’Youville, il utilisa des crapauds. Sa recette pour guérir les chancres fit sa renommée. À son départ il donna ses secrets au chirurgien Louis-Nicolas Landriaux et au curé chirurgien Pierre-Joseph Compain de St-Antoine sur Richelieu qui en assuma le crédit.

Naturalisé français en 1758, il voulut retourner en France, suite à la conquête. Les autorités métropolitaines lui ordonnèrent de rester à Montréal pour soigner les soldats malades et hospitalisés. En juin 1766, le gouverneur Murray lui accorde un certificat le remerciant de ses services et le Dr Feltz quitte le Canada pour la France. Il pratiqua pendant 10 ans dans la région de Bois où il termina ses jours.

Source : Roland Plante, Courriel Saurelois

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