Médecine à
l’ancienne
Par
Madeleine Blanche Lussier et
Roland Plante
Plusieurs chirurgiens de marque
des troupes royales demeurèrent
au Canada après leur service.
Entre-autres, le célèbre
médecin-chirurgien et
naturaliste Michel Sarrazin. Il
était le fils de Claude, juge
des seigneuries de l’abbaye de
Citeaux. Il naquit le 5
septembre 1659 à
Nuits-St-Georges, près de Beaune
en Bourgogne. Il portait le
titre de médecin du roi ce qui
équivaut à docteur en médecine.
A ce titre, il accorda de
nombreux certificats de
compétence à de nombreux
apprentis qui avaient acquis
leur science auprès de médecins
pratiquant en Nouvelle-France.
Il fut naturaliste correspondant
de l’Académie des Sciences,
médecin en chef du Canada.
Michel Sarrazin fut conseilé au
Conseil Supérieur, propriétaire
du fief St-Jean à Québec
Antoine Chaudillon,
chirurgien.
Antoine Chaudillon naquit en
1641 à St-Martin-d’Ygrande,
arrondissement de Moulins, dans
la province du Bourbonnais.
Fils de feu Claude et
d’Antoinette Tin, il arrive au
Canada le 16 août 1665, comme
militaire dans la compagnie de
LaVarenne ou dans la compagnie
de Saurel du régiment de
Carignan. Il fut confirmé le 2
juin 1666 à Sorel.
Il est maître-chirurgien.
Il épouse par contrat de mariage
Marie Boucher, fille de François
et de Florence Gareman, le 26
mai 1672. Florence vit le jour à
Sillery le 26 décembre 1650.
Neuf enfants naîtront de cette
union dont cinq à Sorel, on
ignore où la première est née,
la dernière naquit à la
Pointe-aux-Trembles le 12
février 1691, soit après le
décès de son père.
Le 1ier mars 1676, Jean Darbois
dit Lafleur et sa femme cèdent
leur terre à Antoine et à sa
femme à condition qu’ils
prennent soin des cédants
pendant leur vie tant sain que
malade et qu’ils leur feront des
funérailles et prieront Dieu
pour le repos de leurs âmes à
leur discrétion et volonté.
En 1681, il est recensé à Sorel,
il possède un fusil, 6 bêtes à
cornes et 16 arpents en valeur.
Le 2 juillet 1691, lors d’une
escarmouche avec les Iroquois,
près de la coulée Grou en haut
de l’île de Montréal, plusieurs
français perdent la vie dont
Jean Lavallée dit Petit-Jean..
François Circé dit
St-Michel
Soldat-Chirurgien originaire de
Paris, il épousa le 3 janvier
1680, Marie-Magdeleine Berthelot
à Québec. Il résida à Montréal,
à Batiscan, à Bécancour puis à
l’île Dupas. Il eut 14 enfants,
les deux derniers furent
baptisés à Sorel. Il décéda à
LaPrairie.
Dans les registres de Batiscan,
on lit que lors du décès de
l`épouse de Jean Collet, : «
Nous luy avons fait ouvrir le
costé pour avoir l’enfant
qu’elle n’avait pu mettre au
monde, lequel nous avons baptisé
des mains, ayant donné des
marques suffisantes de vie, et a
été le jour suivant avec sa mère
enterré dans le cimetière de
cette paroisse ». (Claude
Volant, prêtre, curé.)
Urbain Vincelot,
chirurgien. Inventaire de son
matériel :
On sait peu de chose de ce
chirurgien sauf l’inventaire de
ses biens suite à son décès en
1716. Il ne pratiqua pas à Sorel
mais le contenu de sa pharmacie
s’avère intéressant :
Quinze paires d’instruments à
chirurgie, deux bistouris, trois
paires de ciseaux, une espatulle,
deux pincettes, une sonde
d’argent, un pot de modificatif,
deux pots de cristal minéral,
deux pots de térébenthine, un
pot de baume de Venise, une
petite balance avec un marc, un
petit paquet de Jalap, un paquet
de quinquina, un paquet et un
pot et un paquet de pillure
mercuriale, un paquet de vitriol
blanc, un petit paquet
d’emplâtres de sain, trois
traités de chirurgie, un boîtier
à chirurgien, deux seringues à
plaies, un paquet de diadrègue,
un paquet de sang de dragon, un
paquet de poudre diasné, deux
pots de suppuratif, un pot
d’extrait de genièvre, un pot de
diapalma dissous, un petit
paquet de vitriol de Chypres, un
paquet de diaphone, un pot de
quinquina, un pot de confection,
un petit paquet de canterie, un
petit paquet de poudre
escarmonée, un pot de confection
d’hyacinthe, une fiole de pierre
infernale, un petit pot
d’antimoine diaphorique,
plusieurs petits pots d’onguents
et petits paquets de médicament,
sept rasoirs et une pierre à
raser.
Parmi les remèdes importés les
plus utilisés, le « blé de point
» qui consiste en grains
d’hélianthe (aussi appelé
soleil), qui devaient être
ingurgités en nombres impairs.
On l’utilisait pour faire
disparaître les « points de côté
» Un autre médicament était la «
boule à ramoner. » Cela
consistait en une petite boule
d’antimoine qui était avalée
puis récupérée et nettoyée afin
d’être réutilisée.
Vital Dupont
Maître-chirurgien originaire de
Lourdes, a servi dans la marine.
En 1737, il s’établit sur
l’île-du-Pas et fut chirurgien
pour la seigneurie de Berthier.
Il épousa Geneviève Drouet,
fille du sieur de Richardville.
Appelé au chevet de Louis Hus
dit Millet, blessé mortellement
d’un coup d’épée par le notaire
Pressé, il témoigna à la salle
de Justice aux Trois-Rivières le
17 mars 1746 : « Il a seulement
été appelé en sa qualité de
chirurgien par le père du dit
défunt pour visiter sa blessure.
Qu’il reconnu avoir été faite
par un coup d’épée; laquelle
blessure il avait reconnu
mortelle par une précision qu’il
jugea à propos de faire à la
plaie afin de connaître le
progrès du coup, ce dont il
avertit sur le champ le père du
défunt. Ne sachant au surplus
par lui-même ni par oui-dire qui
peut avoir causé cet homicide »,
et le greffier note : « et après
qu’il eut requis salaire, lui
avons taxé 22 livres ». Rigaud
fut condamné aux galères à
perpétuité et à la confiscation
de ses biens. Le conseil
supérieur annule cette sentence.
Pressé demeura en prison jusqu’à
ce qu’il obtienne la grâce du
Roi, demandée par l’intendant
Hocquart le 9 novembre.
Le chirurgien-major Charles
Alavoine des Trois-Rivière fut
aussi mandaté pour :
Se transporter aussy à cet effet
et donnera son rapport après
serment préalablement par lui
presté de faire cette dite
visite en son âme et conscience
pour le dit procès-verbal et
rapport communiqué au dit
Procureur du roi, être par lui
pris telle conclusion qu’il
avisera.
Signé : Tonnancour.
On se rendit vérifier la nature
de la blessure en enlevant le
linceul du cadavre et en
vérifiant sur ses vêtements
consistant en une chemise, un
mantelet et une culotte la forme
des trous provenant de l’arme
qui l’a blessé.
Le Dr Ferdinand Feltz :
une carrière remarquable.
La biographie de ce docteur nous
montre la vie d’un médecin au
Canada.
Ce fils de docteur, né en
Autriche vers 1710, arrive au
Canada en 1738. Il pratiqua
comme chirurgien à l’Hôtel-Dieu
de Montréal, puis à l’Hôtel-Dieu
de Québec en 1740 puis comme
chirurgien-major pour la ville.
Il succéda à Michel Bertier. Il
revint à Montréal en 1742 avec
le brevet de chirurgien-major,
avec l’appui de l’intendant
Hocquart.
Il acheta et revendit des
propriétés, dont les deux tiers
de l’île des Sœurs. Comme
chirurgien-major, il recevait
1008 livres tournoi plus 300
pour ses courses et voyages pour
soigner les sauvages. Il
recevait en plus des honoraires
de l’Hôtel-Dieu jusqu’en 1760 et
de l’Hôpital-Général de 1747 à
1766.
De plus, il tirait des profits
du commerce de médicaments. Il
en tenait environ 1,000 sortes
dont la « poudre divine », du
vitriol et la fameuse thériaque,
un médicament fait à base de
poudre de racines composées avec
du miel et du Géneviève.
Il possédait 10 esclaves. Deux
mariages lui permirent d’accéder
à la petite société
montréalaise. Mme Bégon est
septique devant ses diagnostics
et ne croit pas toutes ses
charades. Cependant, elle
recourut à sa médecine. Il
décidait du choix de nourrices
pour les enfants abandonnés.
Feltz utilisait souvent les
lavements et les saignées. Pour
soigner une plaie au genou de
mère d’Youville, il utilisa des
crapauds. Sa recette pour guérir
les chancres fit sa renommée. À
son départ il donna ses secrets
au chirurgien Louis-Nicolas
Landriaux et au curé chirurgien
Pierre-Joseph Compain de
St-Antoine sur Richelieu qui en
assuma le crédit.
Naturalisé français en 1758, il
voulut retourner en France,
suite à la conquête. Les
autorités métropolitaines lui
ordonnèrent de rester à Montréal
pour soigner les soldats malades
et hospitalisés. En juin 1766,
le gouverneur Murray lui accorde
un certificat le remerciant de
ses services et le Dr Feltz
quitte le Canada pour la France.
Il pratiqua pendant 10 ans dans
la région de Bois où il termina
ses jours.
Source :
Roland Plante, Courriel Saurelois
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