Libertés individuelles
post-pandémie
Le confinement amène les
éditorialistes, chroniqueurs et
autres analystes à faire encore
plus ce qu’ils aiment, écrire et
donc, donner leurs opinions à
profusion. Cela permet même de
susciter de nouvelles vocations
et pour d’autres, d’y revenir.
L’un des sujets phares traités
présentement, outre les CHSLD et
le déconfinement, porte sur
les lendemains de la pandémie.
Sans oublier les changements
climatiques que nous devrons
bientôt adresser par la force
des choses, il semble que demain
sera fait d’une nouvelle
définition du concept de
libertés individuelles. Deux
exemples.
Dématérialisation
Je n’ai pas inventé ce mot. Le
phénomène était en cours depuis
plusieurs années. La pandémie
est simplement en voie de
l’introduire définitivement et à
grande vitesse dans notre mode
de vie.
Certains l’appellent :
numérisation de l’économie
c.-à-d. la substitution du
document papier vers son support
numérique. Souvenons-nous du
passage rapide à la caméra
numérique, qui a rendu obsolète
en peu de temps, des millions de
caméras argentiques avec
(malheureusement) la photo
papier et entraînée la faillite
de Kodak en 2012, après 131 ans
d’existence.
Ainsi, pour le citoyen
ordinaire, l’un des signes
tangibles du tout numérique est
la disparition graduelle de
notre horizon, des chèques et de
la monnaie en papier et
métallique. Ces moyens de
paiement qui étaient présents
dans nos sociétés et nos vies
depuis des milliers d’années ont
essentiellement été bâtis sur la
confiance. Ils sont maintenant
remplacés par des « bits »
d’information numérique, sous la
forme de carte de plastique, de
transferts électroniques avec
votre téléphone intelligent ou
au poignet avec une montre.
Ce que l’actuelle pandémie fait,
c’est simplement d’accélérer ce
mouvement, d’autant plus que le
COVID-19 aurait une durée de vie
de 2 heures à 3 jours sur le
plastique, selon l’étude que
vous consultez. Le concept
d’argent sale y puisse donc un 3e
sens après celui de vecteur de
transport des revenus et profit
illicites du crime organisé, des
bactéries de toutes sortes et
maintenant du COVID-19.
Les experts s’accordent pour
dire que la disparition du
papier-monnaie est une intrusion
de plus dans notre vie privée,
par la trace électronique
laissée par chaque transaction.
Si cela nous facilite la vie en
termes de paiement, elle
complique grandement les
activités de ceux et celles qui
pour plusieurs raisons, veulent
maintenir leur activité
économique dans l’anonymat. Ceux
aussi, dont le niveau de vie est
basé sur la monnaie papier même
en petites coupures et son
recyclage ou qui possèdent déjà
des montagnes de « cash »
entassées dans des sacs de
sport; ils sont présentement « pognés »
avec ce qui était jusqu’ici, un
joyeux problème.
Gageons cependant que le crime
organisé voudra s’appuyer de
plus en plus sur des
transactions en monnaie
virtuelle comme le Bitcoin. D’où
la prolifération de ce type de
monnaie, émis sans
réglementation et basé
uniquement sur la confiance,
dans ce qui est devenu un « Far-West »
monétaire. D’ailleurs, pandémie
oblige, la Chine serait sur le
point d’émettre, à ce qu’elle
dit, la
première monnaie numérique
officielle
au monde.
La mutation rapide du numéraire
physique au numérique, accéléré
par la pandémie et qui devait
s’étaler sur plusieurs années
dans l’ordre naturel des choses,
est un profond changement dans
nos habitudes de vie. D’autant
plus que contrairement à la
monnaie papier, anonyme par
définition, notre empreinte
numérique est déjà, quoi qu’on
en dise, presque indélébile. Le
temps des grosses liasses
entourées d’un gros élastique
est révolu.
Le certificat d’immunité
Comme mon ex-patron le disait,
chaque fois qu’il y a un
accident de travail, le Code de
sécurité des travaux s’épaissit.
De même, après le 11 septembre
2001, les contrôles de sécurité
ont augmenté partout dans le
monde; dans les aéroports et aux
frontières, dans les villes avec
la multiplication des caméras ou
plus récemment, avec les
contrôles d’identité dans les
banques suite aux fuites de
données chez Desjardins.
Actuellement, on parle du
concept de
certificat d’immunité.
Ainsi, au moment de passer aux
contrôles de sécurité d’un
l’aéroport ou même pour entrer
au travail, votre état de santé
serait vérifié, du point de vue
de votre potentielle de
contamination à un virus
quelconque. Cela pose énormément
de questions, notamment quant à
l’uniformité des processus de
vérification de cette immunité,
la qualité et la précision des
tests, la sécurité de
l’information recueillie, son
utilisation, etc. Nous ne sommes
pas sortis du bois.
Que se passerait-il si on vous
empêchait par exemple, de
prendre l’avion à Paris pour
revenir à Montréal ou de rentrer
au travail? Le tout soulève de
multiples questions tant
éthiques que légales et de
finance personnelle, sans en
oublier tous les impacts
économiques.
Dans le même ordre d’idée, selon
le Journal de Montréal (27 avril
2020) :
« Le
ministère de la Santé est en
train d’analyser des outils
controversés de géolocalisation
pour téléphones »
le tout en vue de suivre à la
trace, les personnes contaminées
au COVID-19 et ainsi, limiter
leur déplacement. Des
expériences similaires ont
actuellement lieu dans plusieurs
pays européens avec en toile de
fond, les façons de faire en
Corée du Sud et en Chine. Dans
ce dernier cas, ce n’est rien de
rassurant pour nos libertés
individuelles.
Suggestion de lecture
Entrevue avec le philosophe
André Comte-Sponville où la
notion de Sanitairement
correct est introduite : «
Laissez-nous mourir comme nous
voulons!
». Une lecture obligée.
Déconfinement
C’est aujourd’hui que le
Gouvernement du Québec annonce
les premières mesures de
déconfinement. La rumeur veut
que le monde scolaire soit la
vedette du jour. On verra.
Surtout que l’Ontario vient
d’annoncer que ses écoles seront
au moins fermées jusqu’au 31 mai
2020 et que le Gouvernement
fédéral a des réserves
concernant le concept d’immunité
collective.
Ceci étant, ce plan de
déconfinement doit être adapté à
des régions comme celle de
Pierre-De Saurel où il y a peu
de cas confirmés de COVID-19. À
suivre.
Suggestion pour Saurel
Samedi ensoleillé de promenade
autour de ce que l’on appelait à
l’époque, le Carré : les rues
Roi, Augusta, Prince et George.
Si, au temps de mon adolescence,
il était stratégique de se
promener à contresens du trafic
pour « wouère » qui était
là. En ces temps de pandémie et
de distanciation sociale, il
serait opportun comme dans les
épiceries à grande surface
d’avoir un sens sur les 4
trottoirs du Carré. Je sais,
c’est une entorse à autre
liberté individuelle et
fondamentale quant à notre droit
de circuler. Mais dans le
contexte, cela rendrait le
centre-ville beaucoup plus
agréable, plutôt que d’être
obligé de se promener en étant
continuellement obligé de se
déporter dans la chaussée.
De plus, tant qu’à y être,
considérant que le centre-ville
est un brin moribond et qu’il
devrait demeurer dans cet état
pour quelque temps, dans le
contexte actuel, pourquoi ne pas
fermer les rues du Carré et
transformer le tout en vaste
promenade? On pourrait même y
tenir une vaste exposition de
photos, tant la ville regorge de
photographes de talent sans
oublier la vaste collection de
la Société historique Pierre-de-Saurel.
Frustration de grand-père
Il est très frustrant de voir
grandir rapidement notre
petit-fille au travers d’une
porte-patio. Comme tout le
monde, nous avons l’impression
qu’une partie de notre vie nous
glisse entre les doigts; que des
moments heureux ne reviendront
jamais tant ils sont dans
l’immédiat, d’une vie qui passe
trop vite.
Ceci étant, il faudrait que les
magasins de souliers pour enfant
ouvrent bientôt, si nous ne
voulons pas avoir une génération
de « va-nu-pieds ».
Jocelyn Daneau,
isolé, en attente de
déconfinement,
jocelyndaneau@gmail.com |