Déconfinement, ce
que François Legault ne nous dit
pas

J’ai 61 ans et François Legault,
62. Ce qui nous oblige
comme têtes (quasiment)
blanches, à prendre les
dispositions appropriées pour ne
pas nous exposer inutilement au
COVID-19. Cependant, sans
égard à nos qualités
personnelles respectives, je ne
voudrais pas être à sa place ni
dans celle de Horacio Arruda.
C’est un cliché. Mais le propre
du décideur, c’est de décider
dans un contexte d’information
incomplète. Dans le cas du COVID-19,
je comprends que l’ennemi est
plus implacable, vicieux et
imprévisible que ses habituels
semblables. Ce faisant, la
décision du plan de
déconfinement du Québec renferme
une bonne partie d’inconnus où
la technique du « back-and-forth »
sera de rigueur c.-à-d.
d’avancer et de reculer presque
en simultané. Mais avons-nous le
choix collectivement?
C’est donc un nouveau
paradigme pour nous citoyen,
qui attendons continuellement de
nos politiciens des réponses « sûres-dures »,
sous peine de leur faire savoir
rapidement que nous estimons
qu’ils ne savent pas où ils
vont. Dorénavant, sans tomber
dans la complaisance, nous
devrons faire preuve de
souplesse dans l’évaluation du
travail de notre classe
politique. Autrement dit, il
nous faudra être vigilant pour
ne pas nous laisser manipuler
par les adeptes de la langue
bois et autres « floumounautes »,
ces grands spécialistes du flou.
C’est donc ici que le travail
des médias sera des plus
importants, même si quelques
fois, le non verbal du duo
Legault-Arruda aurait le goût de
dire : « Ça, c’est une
question niaiseuse ».
Ce qui fait que dans son plan de
déconfinement, François Legault
nous a présenté cinq raisons
pour déconfiner le Québec. Mais
il en a oublié quelques-unes,
moins politiquement correct. En
voici 5 que j’ai identifiés.
Oui pour les risques de maladie
mentale et de violence faite aux
femmes et aux enfants
(sous-entendue par des hommes).
Mais je dirais que la
pression hormonale associée
à la venue de la chaleur du
printemps et de l’été aurait
entraîné une augmentation de la
délinquance sanitaire. Il est en
effet reconnu qu’il y a une
corrélation entre la température
clémente et un état d’esprit que
l’on pourrait qualifiée de
libertaire. Autrement dit,
l’animal humain même s’il s’est
socialisé et discipliné depuis
des millénaires, est un
mammifère comme les autres et il
n’est pas fait pour vivre en
cage. Donc, un déconfinement
contrôlé même risqué est
préférable au fait de perdre le
contrôle et le consensus social,
notamment en donnant des
tickets.
Seconde raison, l’état des
finances publiques qui se
dégradent. Mais on ne sait
pas pour l’instant jusqu’à quel
niveau. D’ailleurs, en
conférence de presse (28 avril
2020),
François Legault a refusé de
répondre à une question
spécifique sur le sujet. Mais
comme la mentionnée le ministre
Pierre Fitzgibbon à ses côtés,
il y a présentement au Québec,
1,2 million de chômeurs
temporaires. C’est donc de
l’argent qui sort en prestation
— du Québec et d’Ottawa — sans
son corollaire, des entrées
d’impôts et de taxes. C’est
comme une « game » de
4 points que tu perds. On aura
beau dire et faire, il faut
remettre les gens au travail ne
serait-ce que pour l’argent.
Sinon, Québec risque de devenir
encore plus dépendant
financièrement d’Ottawa et ça,
le citoyen québécois le
moindrement nationaliste voudra
l’éviter à tout pris; surtout
François Legault.
Troisième raison, c’est celle
du point de rupture économique.
Plus le temps passe, plus la
structure économique du Québec
(et d’ailleurs) risque
d’imploser. Suspendre l’activité
économique 2 semaines, comme
pendant la période de Noël,
c’est simplement une pause et
c’est vivable. Ensuite, plus le
temps passe, plus le système
risque de se déliter. C’est un
vieux principe, tout ce qui
traîne se « morpionne ».
Par exemple, il n’y a pas eu à
ce jour de faillite d’un géant
de l’économie, d’une grande
banque ou un bris majeur de la
chaîne d’approvisionnement
agro-alimentaire. Mais imaginez
l’effet de cascade qu’une telle
éventualité pourrait entraîner.
Bref, personne ne sait
présentement où se situe ce
point de rupture de l’économie
et surtout personne ne veut le
savoir, sauf les adeptes de
l’effondrement de notre
civilisation; les collapsologues.
Pourquoi personne ne veut le
savoir? Parce que si la loi de
la valeur s’effondre c.-à-d. la
loi non écrite qui nous donne
confiance dans la monnaie comme
moyen de paiement et de réserve
(ex. : compte bancaire), alors
plus rien de vaudra rien; même
pas l’or ou le diamant parce que
cela ne se mange pas. Si cela
devait arriver, alors la Grande
dépression de 1929 aura été
comme un club Med.
Oui le milieu économique a fait
pression sur François Legault
pour rouvrir l’économie. Mais
l’enjeu est nettement plus grand
que la cupidité de quelques
capitalistes. En septembre 2008,
la faillite de la banque
d’investissements géante Lehman
Brothers a failli provoquer
l’effondrement du système
financier mondial; depuis ce
temps, les Étas-Unis
impriment
mensuellement des milliards de
dollars.
Quatrièmement, c’est l’ouverture
imprévisible de la frontière
américaine, fermée pour
l’instant jusqu’au 21 mai 2020,
d’après une entente
Canada–États-Unis. On le sait,
il y a une pression énorme sur
les gouverneurs des États
américains pour rouvrir
l’économie. On le sait aussi, le
Président des États-Unis duquel
relève la frontière est un
personnage puéril, instable et
fantasque. De plus, il est
présentement en déroute dans les
sondages
pour sa gestion calamiteuse de
la pandémie, notamment avec
l’affaire du Lysol. Il a donc
besoin d’un coup d’éclat pour
l’aider à se remettre en selle
et outre ses chevaux de bataille
actuels : l’immigration, la
Chine et les médias « Fakes
News », il pourrait être
tenté de rouvrir la frontière.
Sachant que 71 % de nos
exportations étaient destinées
aux États-Unis en 2019 (75 %
pour le Canada); sachant aussi
que l’industrie manufacturière
du Québec rouvre à partir du
11 mai 2020, le Québec veut être
prêt si le client américain se
pointait par surprise.
Cinquième raison : réduction
de nos libertés civiles.
Selon le docteur Arruda
(28 avril 2020), on parle de
faire plus de 20 000 tests par
jour contre 4 à 5 000
présentement. C’est selon le
gouvernement du Québec, l’un des
facteurs clés de succès du
déconfinement. Mais on ne peut
pas tester plus de
100 000 personnes par semaine
sans avoir un système de
surveillance conséquent. Comme
il l’a été mentionné
précédemment dans cette
chronique, préparons-nous à
faire l’objet de
géolocalisation
et pour les moins technos, d’un
suivi manuel. Soyons conscients
qu’un résultat négatif impose un
confinement total à contrôler.
Le déconfinement, surtout s’il
est risqué, impose une réduction
de nos libertés civiles et ça,
François Legault n’est pas
encore prêt pour en parler.
C’est un sujet délicat, mais qui
n’effraie pas le
gouvernement britannique qui
s’apprête électroniquement
à surveiller ses concitoyens
contaminés.
L’école secondaire à Saurel
Pourquoi les écoles secondaires
demeureront-elles fermées? Selon
François Legault,
c’est à cause de la promiscuité
dans le transport en commun et
le fait que c’est plus facile
pour les étudiants du secondaire
de suivre des cours à distance.
On me dit que dans la région de
Saurel, qu’il est actuellement
difficile de rejoindre plus de
20 % ou 30% des étudiants. De
plus, compte tenu du faible
niveau de revenu des ménages
dans la région, beaucoup ne
posséderaient pas la technologie
adéquate pour suivre une
formation à distance, ayant
préféré financièrement le
téléphone intelligent. Je ne
suis pas un spécialiste en
pédagogique, mais cela ne
m’inspire rien de bon.
Jocelyn Daneau,
isolé dans le Tracy de sa
jeunesse,
jocelyndaneau@gmail.com |