François Legault et la pédale à
« break »
Lors de
la crise du Verglas de 1998, en
employant une image, Lucien
Bouchard avait continuellement
le pied sur la pédale à « gaz ».
A contrario, avec le COVID-19,
le premier ministre Legault a le
sien, uniquement sur la pédale à
« break ». Cette
différence due à la nature du
problème est fondamentale pour
la suite des choses.
La
crise du Verglas était un
événement limité dans le temps
(début janvier 1998 avec une fin
planifiable) et situé dans un
espace géographique assez
restreint à l’échelle planétaire
(le Triangle de glace). En fait,
sans minimiser l’effort
collectif de tout un chacun, il
fallait remonter un réseau
électrique sur la base de
technologies connues et
maîtrisées; dans un contexte où
l’industrie de la fabrication du
matériel électrique avait la
capacité de supporter
Hydro-Québec.
De
même, tout le reste de
l’infrastructure industrielle et
des services au Québec, au
Canada et d’ailleurs était apte
et disponible pour supporter le
rétablissement du Triangle de
glace, tout comme l’entièreté de
l’industrie agroalimentaire et
sa chaîne d’approvisionnement.
En employant une (autre) image
dont on pourrait discuter le
choix : l’ennemi était connu et
maîtrisable.
Ainsi,
tout au long de cette période,
outre sa présence rassurante,
Lucien Bouchard (et André
Caillé) était toujours en monde
« GO-GO-GO ».
Il fallait aller de l’avant pour
remettre le courant à « ON »
et poursuivre notre chemin. En
simplifiant, une fois tout cela
fait, la vie a pu reprendre son
cours.
Avec la
pandémie du COVID-19, c’est plus
que différent ne serait-ce que
par l’ampleur du problème; nous
sommes dans une autre dimension.
Si l’ennemi est identifié —
le virus — il est encore assez
mal connu et non maîtrisé.
Surtout, il est sournois tout en
étant invisible, ce qui donne un
faux sentiment de sécurité. En
plus, nous le savons, il est
planétaire et il peut
réapparaître n’importe où, ici
comme ailleurs, à tout moment,
en plusieurs vagues. Enfin, il
se transporte sur n’importe
quelle surface, mais avec une
prédilection pour un véhicule
instable et erratique, dont les
conditions de vie ne sont pas
uniformes à la grandeur de la
planète : l’Homme et la Femme.
De
même, l’ensemble de l’industrie
des biens manufacturés et des
services tourne au ralenti tout
en espérant que le secteur
agroalimentaire et des
transports soient suffisamment
robustes pour « passer au
travers ». Pour leur part,
tous les secteurs de la
recherche de type « bio »
sont en effervescence tout comme
l’industrie pharmaceutique, en
vue de trouver le vaccin
approprié dans ce qui est
fondamentalement, une course
contre la mort.
C’est
dans ce contexte que François
Legault a été obligé de mettre
et de maintenir le pied sur la
pédale à frein de la vie
socio-économique des Québécois(e)s,
comme la plupart des dirigeant(e)s
du monde entier, y incluant les
plus instables comme Donald
Trump. C’est contre la nature
profonde de ce que l’on comprend
être celle de François Legault,
que de freiner le développement
du Québec. S’il l’a fait et
si abruptement, c’est que la
situation le commandait.
Maintenant, comme nous tous, il
voudrait relâcher de la
pression. Mais l’impatience
n’est pas un critère de
décision.
C’est
ainsi qu’autour du 18 avril
2020, en prévision du 4 mai 2020
qui est la date actuelle de fin
officielle du confinement, que
François Legault, probablement
en collaboration avec d’autres
comme Justin Trudeau, aura l’une
des décisions les plus
importantes de sa vie à prendre.
Pourquoi le 18 avril 2020?
Parce que c’est à cette date
qu’il y aura, selon le
gouvernement du Québec, un
renversement de tendance dans le
nombre de cas confirmés de COVID-19.
Est-ce
qu’au 18 avril 2020, ce meilleur
scénario (du 7 avril 2020) se
réalisera? Personne ne le sait
avec certitude même si le bon
docteur Aruda évalue sa
probabilité de réalisation à
75 %.
C’est
donc autour de cette période,
avec les dernières prévisions en
main sur l’évolution présente et
prévisible du COVID-19, que
François Legault devra répondre
à la question cruciale : « Est-ce
que nous levons le pied du
frein? Si oui, de combien? »
À contrario, si la situation
devait se dégrader, il faudra
mettre plus de pression sur le « break ».
En bon
politicien, le premier ministre
a déjà commencé à susciter de
l’espoir lorsqu’il a dit : « On
commence à voir la lumière au
bout du tunnel » et à donner
la couleur pour la suite des
choses en mentionnant : « Le
2 mètres d’éloignement est là
pour longtemps ». Mais il ne
faut pas oublier que cela
pourrait être tempéré par le bon
docteur Aruda, qui au-delà de sa
bonne humeur naturelle, nous a
aussi démontré un sens aigu de
la sécurité sanitaire sans
faille et de l’État, comme le
requiert la nature de ses
responsabilités.
En bout
de piste, François Legault avant
de relâcher le frein, devra
mettre dans la balance un
ensemble de facteurs, que toutes
les parties prenantes de la
société québécoise voudront
faire valoir : la santé de nos
aînées dans les CHSLD et
l’impact sur leur taux de décès,
le taux de pénétration de la
maladie à Montréal versus celui
par exemple qui est moindre dans
Pierre-De Saurel, les 10
700 maisons à terminer pour
juillet 2020, le financement de
l’État par le ralentissement des
rentrés fiscales et le rythme de
ses dépenses, le risque d’une
seconde vague de contamination,
la capacité de la population à
endurer le confinement avec
l’arrivé du printemps et son
degré de résilience sociale, la
viabilité de toute l’industrie
agroalimentaire et du transport
que nous avons tendance à
prendre pour acquis… la liste
est assez longue.
La
décision qui sera prise d’ici
une dizaine de jours aura donc
une importance capitale pour la
suite des choses. Si on se fie
au parcours presque sans faute
tant du Gouvernement du Québec
que de l’ensemble de la classe
politique québécoise dans la
gestion de cette crise, il est
raisonnable de penser que les
citoyens et les citoyennes du
Québec se rallieront à la
décision de François Legault.
Ceci étant, on ne peut pas jouer
de la pédale à frein comme un
ado dans un cours de conduite.
Une fois la pression relâchée,
elle sera difficile à remettre
sans risque de perdre le
contrôle.
Le
COVID-19 dans Pierre-De Saurel
Au
8 avril 2020, il n’y aurait que
8 cas confirmés dans la MRC
Pierre-De Saurel selon la
Direction de la santé publique
de la Montérégie. C’est peu en
regard de ce que l’on peut
observer ailleurs. Nous sommes
chanceux et cette chance est en
grande partie due à la nature
enclavée de notre territoire.
Pour une fois qu’être au bout de
la 30 avec peu de routes d’accès
nous donne un avantage naturel.
Ceci étant, il nous faut quand
même demeurer prudents et
vigilants en matière de
confinement. Ne baissons pas la
garde.
Jocelyn Daneau, isolé,
jocelyndaneau@gmail.com |