Population jeune,
piétons et affirmations à Saurel
J’ai encore en mémoire mes
années d’adolescent où mon
excitation du vendredi soir à me
garrocher dans le Carré, n’avait
d’égale que mes espérances
hormonales.
Je partais alors de Tracy, coin
Cournoyer et Marquette, comme
une tête chercheuse, vêtu Michel
Ayoub pour faire 18 ans,
direction Sorel, parce qu’à
l’époque, le pont Turcotte,
c’était comme une frontière, on
entrait presque en territoire
hostile. Imaginez, un gars de
Tracy qui venait voir les filles
de Sorel; sacrilège.
C’était une époque bénie, il y
avait des jeunes partout,
qui circulait sur le
quadrilatère
Roi-Augusta-Prince-George dans
tous les sens, sans parler du
trafic. Il y en avait O’Kiosque,
O’Buro, l’Auberge et ailleurs,
tant il y avait de choix qu’il
fallait aussi choisir. Quelle
époque!!! Depuis, de fermetures
en décrépitude, le Carré a été
laissé à lui-même. Même le
St-Thomas flambant, n’a pu
rallumer sa flamme; nostalgie.
Des jeunes, nulle part
Exemple : j’ai compté que plus
de 80 % des personnes
photographiées sur ma
photo-souvenir de nos
retrouvailles de nos 50 ans
avaient quitté la région.
Pourquoi ? C’est une constante
de l’émigration : on ne quitte
pas sa région (son pays), si
elle nous offre des possibilités
de nous épanouir. Pourquoi
alors, nos jeunes nous
quittent-ils encore aujourd’hui?
Selon Statistique Canada (Recensement
2016),
12,2 % de la population de
Saurel est composée des 0-14 ans
contre 16,3 % pour l’ensemble du
Québec; sachant que Saurel selon
l’Institut
de la Statistique du Québec
n’a jamais dépassé
35 000 habitants depuis 20 ans.
Pourquoi ne pouvons-nous pas
attirer de jeunes familles dans
notre région? C’est quoi le
problème?
L’une des conséquences de ce
nombre de 0-14 ans en retrait,
lorsque le gouvernement du
Québec décide de ses choix
d’investissement publics pour en
maximiser l’impact, c’est que
pour le même équipement
(ex. : un centre aquatique
multifonctionnel), il sera moins
utilisé à Saurel qu’à Varennes,
avec 17,6 % de 0-14 ans. Alors,
il y a des (non) choix qui
s’imposent d’eux-mêmes. Gardons
espoir.
Globalement, il faut répondre à
la question, que l’on évite
depuis trop longtemps :
« Pourquoi la population de la
MRC de Pierre-De Saurel est-elle
stagnante à 50 000 habitants et
celle de Saurel à moins de
35 000, dans la durée? »
Autrement dit, pourquoi environ
50 % des personnes qui viennent
quotidiennement travailler chez
nous n’y habitent pas? Au-delà
de la réponse et de
l’identification des causes
afférentes, quel est le plan
pour y remédier?
Piétonnisation
Les avis sont mondialement
partagés et le débat toujours en
cours : « Est-ce que
post-pandémie, nous vivrons
différemment, posant l’hypothèse
que notre qualité de vie sera
verte(ment) améliorée. »
Mais chez nous, merci la
pandémie, nous aurons enfin un
début de
piétonnisation
du centre-ville historique du
Vieux-Saurel. Nous ne pouvons
que nous réjouir de cette
décision qui, il faut quand même
le dire, aurait dû être prise
depuis des années, tant le
nombre de suggestions citoyennes
y inclinait sans jamais
défaillir. Espérons maintenant
que le peuple sera au
rendez-vous et n’ira pas
dépenser son argent ailleurs –
au 10/30, dans les Cantons de
l’Est, à Trois-Rivières, à
Drummondville - après un premier
tour du Carré.
Osons aussi espérer que cette
initiative de piétonnisation ne
sera que le premier geste d’une
réelle volonté de redynamiser
dans la durée, le centre-ville
historique de Saurel. N’ayons
pas peur de le dire, le patient
maintenant sur le respirateur
artificiel, a été tellement
négligé malgré les concerts de
cris de détresse, qu’il sera
difficile à sauver; cela prendra
beaucoup de soins et d’amour.
Globalement, au-delà de
l’obligatoire plan de
développement qu’il requiert, le
centre-ville du Vieux-Saurel
doit dorénavant être clairement
identifié pour ce qu’il
n’aurait jamais dû cesser
d’être, le coeur de la région de
Pierre-De Saurel. Il doit donc
faire l’objet d’une vision
globale de son développement
avec une image marketing
appropriée, comme point de
convergence c.-à-d. de
destination.
Autrement dit, nous devons
éviter de nous disperser en
tentant de créer des zones
d’attraction artificielle. Par
exemple, il faut que notre
développement touristique tourne
autour de notre centre-ville
historique et non pas l’inverse,
comme ce fut le cas avec Statera
sur le quai Catherine-Legardeur.
Ceci étant, il faut sauver
Statera et le repositionner là
où il aurait toujours dû être,
comme une activité
complémentaire, accrochée à la
locomotive notre centre-ville.
D’ailleurs, cette stratégie mal
avisée au départ de tout
concentrer sur le quai Cathrine-Legardeur,
décriée dès le début par par
plusieurs dont l’auteur de ses
lignes, a cannibalisé depuis
trop longtemps le développement
du centre-ville de Saurel et
même, la majeure partie de notre
développement socio-économique
régionale.
Espérons donc un jour, voir par
exemple, le Marine Cabaret
renaître de ses cendres dans ce
bâtiment patrimonial à rénover
qui l’abrite depuis toujours.
Espérons voir de la rénovation
et de la couleur dans notre
centre-ville historique du
Vieux-Saurel où nous pourrons y
accéder par des rues pavées
bordées de fleurs et de bancs.

Suggestion stratégique : Le
centre-villes historique du
Vieux-Saurel et le concept de
Carré – font partie de
l’imaginaire collectif. C’est
l’un des mythes fondateurs de
Saurel et de la région. Le
nier induit des décisions contre
nature. Il serait donc opportun
d’y attacher comme des wagons,
tant Statera que le projet de
Centre d’arts contemporains. Ces
2 projets gagneraient en
acceptabilité sociale si on les
intégrait dans une vision
crédible de redynamisation du
centre-ville.
Rentabilité économique de
l’industrie culturelle
On le sait, les médias sociaux
en général et Facebook en
particulier sont le lieu par
excellence comme le disait
Nicholas Nigroponte du Media Lab
du MIT, pour les voyeurs et les
exhibitionnistes. Ainsi, cela
permet à ces derniers de faire
des affirmations diverses, en
les présentant comme
irréfutables et vérités absolues
et de s’y appuyer pour se
gouverner. Cela permet donc aux
voyeurs comme votre chroniqueur
de tomber sur quelques perles
qu’il convient de commenter.
Sans entrer dans les détails, la
rentabilité financière d’un
projet est différente de sa
rentabilité économique. C’est ce
dernier concept qui doit être
utilisé pour analyser les
projets publics, comme la
décision par l’État d’investir
dans un projet comme celui de
Centre d’arts contemporains. De
même, toujours sans entrer dans
les détails, il existe une
abondante littérature sur la
rentabilité économique de
l’industrie culturelle, qu’il
serait trop long d’en faire état
dans cette chronique. Mais, il
est généralement admis que
celle-ci est un puissant moteur
de développement
socio-économique.
Cependant, il est faux à sa face
même, d’affirmer que la culture
n’a pas à être rentable,
économiquement. Si tel était le
cas, tous projets culturels
seraient largement subventionnés
au détriment par exemple, du
sport. Dans la répartition de
ses enveloppes budgétaires,
l’État élimine donc de facto,
tous les projets culturels
qu’elles jugent non socialement
rentables. Si un projet culturel
peut exprimer sa rentabilité de
plusieurs autres façons. On
parle alors d’intangibles et
leur évaluation comparative avec
celles du sport par exemple,
relève souvent de l’ésotérisme.
Il est donc tout aussi faux
d’affirmer que les retombées
économiques d’un projet culturel
sont toujours positives
(rentables) pour une région, peu
importe le domaine. Si tel était
le cas, le moindre projet
culturel serait alors
subventionné, sans égard à ses
qualités intrinsèques; créant
ainsi des troupeaux « d’éléphants
blancs ». À ce titre,
prenons l’exemple de Statera, un
OBNL que l’on peut facilement
associer à un projet culturel.
Dans l’hypothèse de déficits
annuels successifs, allons-nous
y pomper du fric citoyen à
perpétuité?
Revenons au projet de Centre
d’arts contemporains. J’ai lu
sur Facebook que ce projet ne
nécessitera aucun coût pour la
ville de Saurel. Vous connaissez
le principe du « Tant qu’à
y’être »? Jamais, est un mot
à proscrire de son langage, dans
presque toutes les dimensions de
l’activité humaine.
Jocelyn Daneau,
isolé, mais pas mal moins,
jocelyndaneau@gmail.com |