À propos de
l’Hôtel-Dieu de Saurel (suite,
une autre)

L’avantage d’une chronique
régulière dans un média aussi
polyvalent que le SorelTracy
Magazine permet de revenir
rapidement sur certains sujets
déjà traités ou d’y ajouter de
nouvelles pistes de réflexion.
Profitons-en! Même si certains
diront que je radote.
L’Hôtel-Dieu – De la nécessaire
obligation d’aller de l’avant
Beaucoup de commentaires vus et
entendus récemment concernant la
gouvernance de l’Hôtel-Dieu, qui
est je le rappelle, l’art de se
gouverner soi-même c.-à-d. de se
prendre en main.
On
voudrait tous, moi le premier,
revenir au bon vieux temps d’une
certaine autonomie de notre
hôpital avec son conseil
d’administration composé des
notables saurelois, son
directeur général que l’on
pouvait rencontrer la fin de
semaine au restaurant Lambert ou
son responsable du service des
achats que l’on pouvait inviter
aux Dunes ou à la pêche, toutes
dépenses payées. On aimerait-tu
ça revoir et multiplier les
royaumes à l’intérieur de
l’Hôtel-Dieu et ainsi, assister
au retour des roitelets; des
façons de faire onéreuses qui
avaient aussi leurs lacunes.
Malheureusement, ce n’est plus
de cette façon que se gèrent en
2020 les organisations, privées
ou publiques. Surtout pas un
réseau de la Santé de plus de
250 000 employés aux missions
essentielles et variées,
répartis géographiquement sur un
immense territoire en une
multitude de sites; où la
prestation de services doit être
uniforme et le droit à l’erreur
quasi nul. Ce qui est le cas de
l’Hôtel-Dieu qui doit opérer
dans cet immense organisme
presque biologique qu’est le
ministère de la Santé et des
Services sociaux, à la fois
compliqué et complexe, et dont
les mutations à la manière d’un
virus sont souvent
déconcertantes.
C’est pourquoi désormais, avec
la puissance des outils
informatiques et l’avènement de
l’intelligence artificielle*,
les fonctions comme les achats,
ça se gère à distance à l’aide
de catalogues électroniques sur
la base du modèle d’affaires
d’Amazon. Oubliez le retour des
acheteurs assis à l’Hôtel-Dieu,
le tout se fait maintenant à
l’aide de « work-flow »
(des processus) automatisé sur
la base du regroupement de
contrats géants tout en
réduisant le nombre de
fournisseurs. Pour ce qui est
des particularités, elles sont
gérées par un groupe centralisé
situé ou non au même endroit.
Si pour les médias, les
coupables pour la baisse de
leurs revenus s’appellent
Facebook ou Google. Pour
l’Hôtel-Dieu, la centralisation
de ses activités s’appelle entre
autres CGI, Accenture, SAP,
Oracle ou XEROX qui fait dans
les « Solutions
d’automatisation du flux de
travail pour les soins de santé ».
Pour une organisation qui veut
être concurrentielle en 2020,
l’automatisation maximale de ses
processus de travail est un
passage obligé. Avec comme
conséquence que la
centralisation des centres de
décision devient aussi un
passage obligé; surtout dans un
État centralisé comme le Québec.
C’est ce que l’on appelle la
dématérialisation de
l’économie et Gaétan Barette en
son temps l’avait bien compris,
tout comme l’actuel gouvernement
du Québec. De plus, dans la
société post pandémie qui
émerge, le télétravail pourrait
devenir la norme et non plus
l’exception; ce qui implique une
numérisation croissante de nos
vies professionnelles.
D’ailleurs, François Legault le
répète souvent, pour ce qui est
de la structure des CISSS, on ne
reviendra pas en arrière.
Certes, comme certains médecins
de notre Hôtel-Dieu le dénoncent
et le répètent à juste titre, la
situation n’a pas d’allure à
Saurel. Nous pouvons mettre des
« plasteurs » pendant un
certain temps, comme avec la
présence supplémentaire d’un
cadre. Mais le tout est à
contre-courant des façons de
faire efficientes. Ainsi,
rajouter automatiquement des
ressources humaines pour pallier
à des lacunes organisationnelles
doit être un choix de dernier
recours. Il faut terminer la
réforme Barette et surtout,
finaliser la mise en place des
outils administratifs
(informatiques) appropriés.
Il serait donc important pour
ceux et celles qui ont une voix
dans la région, de ne pas faire
illusion de la facilité d’un
retour au passé concernant la
gestion de l’Hôtel-Dieu, avec
des promesses qui peuvent
s’assimiler au populisme.
Dans mes 2 chroniques
précédentes concernant
l’Hôtel-Dieu, j’ai proposé
3 stratégies pour que nous
puissions de nouveau mettre la
main sur le volant de notre
hôpital. À propos de celles-ci,
je rajouterais simplement
qu’elles sont basées sur un
principe vieux comme le monde :
« If you can't beat them,
join them ». On peut
s’opposer à la centralisation
dans le réseau de la Santé et
des services sociaux, mais sa
force intrinsèque finira par
vaincre. Dans ce contexte, il
serait nettement plus
stratégique de pratiquer le judo
(Référence :
L’Hôtel-Dieu de Saurel et la
Santé où la technique du judo,
7 mai 2020).
Ceci étant, je rajouterais une 4e stratégie
pour améliorer le bien-être de
nos médecins ici à Saurel et
surtout, pour celui de nos
usagers. Il faudrait que cesse
l’espèce de cacophonie générée
présentement de la part de ceux
qui nous représentent pour
ainsi, ne parler que d’une seule
et même voix, sur la base de
demandes claires et réalistes,
c.-à-d. adaptées au contexte de
2020 en mode post-pandémie.
Suggestion de lecture
Autant d’heures de travail,
moins de patients,
(La Presse, 3 août 2017). Si
vous voulez voir une tranche de
vie de nos médecins ici à Saurel
(et ailleurs au Québec). C’est
une illustration pathétique du
temps improductif qu’ils doivent
assumer par manque d’outils
(informatiques) de travail.
Je vous en cite un extrait :
« Au Québec, les médecins qui
offrent directement des soins
disent voir 64 patients par
semaine, en moyenne… La moyenne
canadienne est de 78… il appert
que cette différence n’est pas
attribuable à des semaines de
travail moins longues… Qu’est-ce
qui cloche? Le Québec est en
retard dans l’informatisation du
système. On passe plus de temps
qu’ailleurs à gérer et à quérir
de l’information ».
C’était en 2017. Nous sommes
condamnés en 2020 à terminer la
réforme Barette.
Pétition, pas une autre
En date du 31 mai 2018,
732 signataires pour le
Rétablissement des postes de
direction en santé et services
sociaux sur le territoire
Pierre-De Saurel.
Je ne crois pas réellement à
l’efficacité des pétitions,
surtout pas entre 2 élections,
là où la classe politique est le
moins à l’écoute. Alors, en
faire une seconde sur le même
sujet, disons que ça ne donnera
pas grand résultat.
CA du CISSSME
Si le site internet du Centre
intégré de Santé et de Services
sociaux de la Montérégie-Est est
à jour, il y aurait 3 postes
d’administrateurs de libres sur
son
Conseil d’administration.
Rappel : C’est l’instance
décisionnelle qui gère notre
Hôtel-Dieu et nous, citoyens et
citoyennes de Saurel, n’y sommes
presque pas représentés. Les
3 postes en question sont :
1.
Vacant - Compétences en gestion
des risques, finances et
comptabilité;
2.
Vacant - Compétences en
ressources immobilières,
informationnelles et humaines;
3.
Vacant - Compétences en
vérification, performance et
gestion de la qualité.
J’ai des compétences et de
l’expérience dans ces trois
domaines, après 32 années chez
Hydro-Québec, une entreprise
publique de classe mondiale.
J’ai de l’expérience comme
membres de CA, étant notamment
président de celui de la Société
historique Pierre-de-Saurel. Je
suis donc disponible pour siéger
sur le CA du CISSSME et ainsi
représenter mes concitoyens et
contribuer à nous prendre en
main. Moi ou d’autres, il faut y
mettre nos propres
représentants.
Jocelyn Daneau,
isolé et en attente,
jocelyndaneau@gmail.com
Note : Complexe, c’est
simplement une situation
compliquée qui est maîtrisée.
Déconstruire et reconstruire un
avion en pièces détachées, c’est
possible, mais complexe.
Échapper un plat de spaghetti
cuit et essayer de le
reconstituer, c’est (très)
compliqué.
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Décentraliser la Santé vers
Pierre-De Saurel?
9 mai 2020
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