La région de Saurel et la
docteure Johanne Liu, docilité
et maturité
« Alors, si on réussit tout
ça, si on est prudents, si on
est dociles et si on est
disciplinés, on va réussir ce
plan de réouverture des régions
comme on va réussir les autres
plans de réouverture d'autres
secteurs du Québec sans relancer
la pandémie. » (Verbatim :
Geneviève Guilbault,
Vice-première ministre, ministre
de la Sécurité publique,
29 avril 2020).
Voici la phrase, le mot, qui a
fait sursauter une bonne partie
des médias après la conférence
de presse hebdomadaire du
Gouvernement du Québec sur le
COVID-19, tenue par Geneviève
Guilbault. Disons-le, c’était un
mauvais choix de mot. Mais
disons-le aussi, il n’y a
réellement pas de quoi fouetter
un chat, surtout pas d’en faire
une entrevue à
Paul Arcand
au 98,5 FM.
Ainsi, selon Le Petit Robert,
docile se défini comme quelqu’un
« Qui a de la disposition à
céder; à obéir ». Comme
pourrait le dire André Comte-Sponville
à madame Guilbault, à partir de
son célèbre Dictionnaire
philosophique (2013), je
paraphrase : « Dans un
jeu érotique, cela peut se
concevoir. De là à en faire une
vertu… ».
Lapsus révélateur ou quoi
d’autres, le mauvais choix de
mot serait selon mon psychologue
Google, révélateur de notre état
de stress. En réalité, comme un
virus, nous en avons tous
souffert un jour ou l’autre et
nous étions bien contents d’en
guérir, c.-à-d. que l’on nous le
pardonne. Mais avouons que dans
le contexte, cela fait un peu
particulier pour une
vice-première ministre,
détentrice d’une Maîtrise en
communication publique de
l’Université Laval, avec
distinction au Tableau
d’honneur.
Peut-être que le tout a été
monté en épingle dans le
contexte où les médias nous ont
rapporté antérieurement que
madame Guilbault ne faisait pas
dans la dentelle, surtout avec
son personnel politique. Comme
le disait l’un de mes anciennes
collègues : « On dit d’un
homme qu’il a du caractère et
d’une femme qu’elle a mauvais
caractère ».
Concluons que l’un des synonymes
de docile, c’est entre autres,
discipline; donc, 2 fois la même
idée dans la même phrase peut
être remplacée par « discipliné ».
Une région de Saurel docile
Ce que j’ai pu observer, c’est
que dans la région de Saurel,
nous sommes disciplinés. De là
vient probablement notre nombre
assez faible de cas confirmés au
COVID-19; 17 au 29 avril 2020.
Au Métro du secteur Tracy, au
IGA du secteur Sorel ou ailleurs
(RONA, Patrick Morin, SAQ),
l’entrée lors de mes visites se
faisait avec discipline. La
distanciation sociale est
respectée de même que le lavage
de mains. Malgré cette
contrainte, le tout se déroule
avec une relative bonne humeur.
De même, nous marchons plus
souvent dans les rues de notre
quartier et nos marches durent
plus longtemps. Ici aussi, le
tout se fait dans le respect de
tous et tout le monde participe
en changeant de côté de la rue.
Par contre, comme souvent c’est
le cas, surtout au supermarché
ou dans la rue, cela donne lieu
à un drôle de ballet urbain où
on ne sait pas de quels côtés se
garrocher. Mais là aussi,
le sourire est généralement de
rigueur; généralement, parce
qu’il y a toujours au moins un
bougonneux.
Nous avons intérêt à améliorer
notre performance chorégraphique
parce que selon ce qu’il faut
comprendre du bon docteur
Arruda, la distanciation sociale
est encore là pour quelque
temps; même si j’ai l’impression
qu’il est sur le point de
permettre les petits
rassemblements dans ce que l’on
appelle, les zones froides. On
verra et on lui suggère
d’examiner le modèle suédois de
confinement.
En bout de piste, si j’avais une
suggestion de mot pour madame
Guilbault, du moins pour
qualifier les gens de la région
de Saurel : « mature »
serait approprié. Je nous trouve
collectivement très matures. Et
pour la suite des choses, si on
en croit les autorités
politiques, nous devrons aussi
faire preuve de beaucoup de
discipline… et de docilité.
À ce titre, il y aura toujours
des délinquants sanitaires. Vous
savez, ces gens qui ne
comprennent pas la situation ou
qui, carrément, s’en balance en
se disant que le COVID-19, c’est
pour les autres. Bref, il y
avait un monsieur au comptoir
des fromages qui a taponné, le
nez collé dedans, une bonne
dizaine de morceaux de prix
différents. Nous avons tous un
budget à respecter. Mais si tu
achètes du camembert, j’ose
croire que tu n’es pas à la
cenne près. Imaginez que vous
êtes dans une zone chaude comme
Montréal-Nord et que quelqu’un
agisse de la sorte?
Traumatisant. Non, je n’ai pas
averti la personne en question
et j’aurais dû.
Docteure Joanne Liu
On le sait en gestion, c’est un
cas classique, surtout dans les
immenses organisations comme le
Ministère de la santé et des
Services sociaux, la tête peu
bien parler, les bras et les
pieds ne sont pas toujours
synchronisés.
Il arrive donc souvent qu’en
conférence de presse de 13 h 30,
le trio Arruda-Legault-McCann
nous transmette une information,
avec honnêteté et transparence;
même si nous savons que le tout
a été mâché pour consommation
populaire par des « communicants ».
Mais qu’à 18 h, les médias nous
renvoient une image passablement
moins rose de la situation.
C’est le cas présentement pour
Montréal, dans plusieurs CHSLD
et quelques hôpitaux où le feu
semble hors de contrôle.
Loin de moi l’idée de vouloir
critiquer un domaine — la
gestion des soins hospitaliers —
où je n’ai aucune compétence.
Mais quand le bordel
organisationnel semble pogné,
surtout dans une crise majeure,
tu dois mettre sur la glace tes
meilleurs joueurs, tes
gestionnaires les plus
compétents. À la limite, si tu
as des faiblesses, tu tentes de
faire un échange, tu vas
chercher un agent libre, etc.
Est-ce que vous connaissez la
Québécoise de Québec,
docteur Johanne Liu?
Pédiatre, ex-présidente de
Médecins sans frontière,
considérée en 2015 par le
magazine Times comme l’une des
100 personnalités les plus
influentes au monde, ce n’est
pas rien. Elle a notamment été
confrontée à plusieurs types
d’épidémie, dont la très
dangereuse Ebola, au Congo. « Une
vraie » comme le dirait mon
ami Claude F.
Elle a aussi un autre titre, à
son corps défendant, celui
d’avoir été refusée comme
experte-conseil auprès du
gouvernement du Québec dans le
cadre de la présente pandémie.
Cette histoire désolante a
récemment fait la une des
médias, si vous l’avez raté.
Une histoire d’égo selon les
médias.
Johanne Liu
aurait pu porter ombrage à
certains. Femme d’action, elle
cadrait mal dans la structure
byzantine du ministère de la
Santé et des Services sociaux.
Est-ce que l’on aurait eu besoin
d’une Johanne Liu comme
capitaine des pompiers pour
combattre l’incendie
montréalais? Posez la question,
c’est y répondre. C’est d’autant
plus regrettable que la
situation montréalaise est un
frein vers le déconfinement pour
l’ensemble des régions du
Québec.
Même en tenant compte de
l’urgence de la pandémie et
comme l’a écrit et postuler le
grand philosophe politique
Thomas Hobbes (1588-1679) :
L’homme est un loup pour
l’homme. C’est encore vrai,
même dans une ville près de chez
vous.
En bout de piste, Johanne Liu a
fait preuve d’humilité. Elle
travaillerait actuellement dans
un CHSLD montréalais. D’une
grande maturité, elle a refusé
d’aller raconter à
Tout le monde en parle,
comment elle a été mise de côté
par le ministère de la Santé et
des Services sociaux et sa
ministre titulaire, Danièle
McCann.
Disons que lorsque l’heure des
bilans sonnera, il faudra mettre
cet épisode dans la colonne des
erreurs.
Jocelyn Daneau,
docilement et humblement isolé,
jocelyndaneau@gmail.com |