Abolir l’esprit
du « Fiat Via Vi » pour la
concertation
En 2020 même à l’ère de la
pandémie, les villes et les
régions qui gèrent leur
réputation et leur image de
marque comme un actif précieux
ont déterminé une vision de leur
avenir, qu’elles expriment
généralement sous la forme d’un
slogan, par exemple :
Contrecoeur sur le fleuve.
Ces villes nous indiquent avec
confiance, savoir où elles vont
en tentant longtemps d’avance,
de voir loin et large c.-à-d. de
tenter d’orienter leur avenir de
façon organisée et concertée en
embarquant tou(te)s leurs
citoyen(ne)s vers une
destination partagée.
Pour la MRC Pierre-De Saurel et
la ville de Saurel?
Malheureusement, il n’y a pas de
vision c.-à-d. de slogan pour
frapper l’imaginaire de tout un
chacun. C’est une lacune, ne
serait-ce que sur le plan de
notre marketing économique et
touristique. Dans ce dernier
cas, il y a bien « L’Archipel
aux 104 îles » relativement
à Statera, mais cela n’a pas eu
l’effet porteur escompté et doit
être revu.
Tout ça pour vous dire que j’ai
examiné la devise de la ville de
Saurel. L’idée était, pour
l’amateur d’histoire que je
suis, de tenter de déterminer
quel est l’ancrage du passé qui
fait ce que nous sommes
maintenant. Notons qu’une
devise, souvent exprimée en
latin, c’est « … une phrase
courte ou une expression
symbolique décrivant les
motivations ou les intentions
d'un individu, d'un groupe
social, d'une organisation ou
d'une institution, qui la
choisit pour suggérer un idéal,
comme règle de conduite ou pour
rappeler un passé glorieux. »
(Source : Wikipédia).
Première surprise qui n’en est
pas une, il n’y a pas de
devise pour Saurel,
une ville fondée en 2000. Mais,
il y en a une pour chacune des
ex-villes de Sorel et de Tracy.
Deuxième surprise, les libellés
de celles-ci, vieilles de
plusieurs siècles, collent avec
notre situation présente. Ainsi,
pour Sorel, c’est « Fiat
Via Vi » que l’on peut
traduire par « La route se
trace par la force » ou « On
n'avance qu'au prix d'un effort ».
Pour Tracy, c’est « Patiendo
Vinces »
et la seule traduction que j’ai
trouvé sur Google, c’est : « Tu
vaincras par la patience ».
Je n’étais pas à Tracy en 2000
lors de la fusion. Mais j’ai
toujours compris que les
citoyens de Tracy avaient vécu
le tout et le vivent encore
comme une sorte de « prise de
contrôle hostile » par
Sorel. En fait, « la route se
trace par la force » est
depuis toujours, tellement
présente, que cette façon d’être
et de faire s’est aussi
transposée au sein de la MRC
Pierre-De Saurel, dans les
relations souvent antagonistes
que la ville-centre et les
10 autres municipalités
entretiennent.
Ce faisant, si notre région
avance, le tout ne se fait pas
facilement ni naturellement,
mais « … au prix d’un effort ».
Ce qui fait que plusieurs -
citoyens, observateurs,
chroniqueurs, etc. - réclament
de plus en plus que nos élites
politico-socio-économiques se
mettent enfin à travailler
ensemble, en concertation. À
force de répéter le message, ils
espèrent « vaincre par la
patience ».
En bout de piste, la grande
équipe de la région de Saurel
donne l’image d’un club
dysfonctionnel où dominent
généralement, les relations
gagnants-perdants. Ce qui n’est
pas approprié pour l’image de
marque et la réputation, surtout
lorsque de l’extérieur, on se
met à (nous) gratter un tant
soit peu le vernis.
Même entre les organismes à but
non lucratif, « La route se
trace par la force » et là
aussi, l’esprit d’équipe est
déficient. Ainsi, l’annonce
récente du projet de salle de
spectacle COVID-19 est arrivée
subitement dans le décor, sans
concertation aucune avec les
principaux organismes majeurs
impliqués dans l’événementiel,
comme Azimut Production et le
GIB Fest. Ce qui aura comme
effet une fois de plus, de
diviser les parties prenantes et
nos énergies - « On n'avance
qu'au prix d'un effort » -
quand il aurait été autrement
plus simple et productif de se
concerter.
Pendant que nous brûlons du gaz
à nous chicaner comme mode de
vie, nous ne prenons pas cette
énergie pour concurrencer les
autres régions.
Connaissez-vous les lois de
Tuckman
sur la gestion des équipes?
Elles fonctionnent. J’ai pu le
constater en plusieurs occasions
dans une autre vie. Ce qui est
intéressant, c’est qu’elles
s’appliquent très bien chez
nous, dans Pierre-De Saurel.
Étape « 1 » :
FORM – C’est l’étape de
la formation de
l’équipe, notamment, au
lendemain d’une élection. Tout
le monde il est beau, tout le
monde il est fin. On s’ouvre la
porte, on se fait des sourires,
on se paye le café; la bonne
humeur est automatique. Les
équipiers, ouverts, partagent
leurs valeurs sans trop y
réfléchir, du genre : « On se
parle au lieu de s’écrire. On ne
passe pas par les médias pour se
dire nos vérités. » ou « Ce
qui se dit dans la salle du
conseil ou celle de la MRC y
reste ».
La bonne foi des équipiers se
présume. C’est le bonheur.
Étape « 2 » :
STORM – C’est l’étape de
la tempête. Celle
où l’on se confronte sur la
vision, l’interprétation du
mandat et les objectifs, de même
que sur les stratégies et les
tactiques afférentes pour
réaliser le tout. Surtout, c’est
l’étape où les systèmes de
valeurs individuels et les égos
se rencontrent et se heurtent.
C’est donc l’étape où les
équipiers qui veulent quitter le
navire le font. En ce qui
concerne un groupe d’élus, ce
n’est presque pas possible, du
moins dans l’immédiat. Alors, de
l’eau doit être rajoutée dans le
vin. Sinon, le party risque
d’être assez « rock-and-roll »,
surtout si le pouvoir d’un des
équipiers est disproportionné.
La bonne foi des équipiers
transporte les montagnes… et la
mauvaise aussi.
Étape « 3 » :
NORM – C’est l’étape de
la normalisation où
des équipiers matures décident
de s’accepter et de se
concentrer sur la réalisation du
mandat qui leur a été confié.
Chacun, selon ses habiletés,
finit par trouver sa place dans
l’équipe, laquelle se traduit
par un rôle et un ensemble de
responsabilités. Le travail peut
commencer sérieusement. Il y a
donc convergence de vue sur les
résultats à atteindre et les
moyens d’y parvenir. Des remises
en question et des ajustements
ne sont pas à exclure. Alors, il
peut y avoir un retour de la « tempête »,
petite ou grosse.
On s’organise en équipe pour
gravir la montagne et on débute
l’ascension.
Étape « 4 » :
PERFORM – Comme son nom
l’indique, c’est l’étape de la performance.
Il n’y a presque plus de
remise en question sur le qui
fait quoi. Tous les équipiers se
concentrent sur la réalisation
des objectifs, par exemple,
l’amélioration de la qualité de
vie socio-économique des
citoyens. C’est la seule chose
qui compte. Les personnalités et
leur égo sont fondus dans
l’équipe. Laquelle devient plus
grande que la somme des
individus qui la composent.
Bref, l’équipe a développé une
mentalité de gagnant et elle
veut gagner. C’est seulement à
cette étape qu’elle peut nous
surprendre.
On arrive alors au sommet de la
montagne en équipe, vainqueur.
Où en sommes-nous dans Pierre-De
Saurel en termes de vie
d’équipe? Chacun jugera.
Personnellement, je dirais que
nous oscillons depuis trop
longtemps entre 2 étapes.
Clairement, il serait grand
temps de nous extirper de
l’étape « 2 » avant que cela ne
devienne une normalité. Il nous
faut inscrire le mot « concertation »
à notre agenda, comme l’avait
fait
Albert Khelfa
lorsqu’il avait été élu député
de Richelieu à l’Assemblée
nationale en 1985.
Jocelyn Daneau,
isolé et fatigué des chicanes,
jocelyndaneau@gmail.com |