« N’ayez pas
peur », le prix du déconfinement
En 2008-2009, à la veille de ce
qui devait être l’épidémie de
grippe H1N1, mon employeur —
Hydro-Québec — avait mis en
branle un imposant plan de
contingence, que l’on nous avait
présenté en cascade, selon
naturellement, notre niveau
hiérarchique. J’imagine que ce
fut le cas dans le cadre de la
présente pandémie; quoique le
H1N1 à l’époque avait été
annoncé à l’avance contrairement
au COVID-19, qui s’est présenté
inopinément à partir du
3 décembre 2019;
et que nous avons pu commencé en
à suivre la progression à partir
du 22 janvier 2020, sur le site
de référence de l’Université
John Hopkins.
Toujours est-il qu’en 2008, mes
collègues hydroquébécois et
auteurs du plan avaient commis
une importante erreur dans sa
conception (ils n’étaient pas
les seuls).
Il posait l’hypothèse que les
employés réagiraient de la même
façon que 10 ans plutôt, lors de
la crise du Verglas de 1998, en
se comportant en fonctionnaire
docile, dans le respect des
façons de faire de l’entreprise.
Autrement dit, la composante
« peur » était absente
des comportements attendus de
l’ensemble des employés.
Ainsi, nous avions été regroupés
en cellule de substitution par
fonction. Si l’un d’entre nous
tombait au combat, le suivant
entrait automatiquement en
fonction. Il n’était pas
question de masque, de droit de
retrait, de télétravail ou ce
que vous voulez et encore bien
moins d’avoir peur; dans le
métro en venant au travail, dans
l’ascenseur ou ailleurs.
D’ailleurs, on ne parlait
aucunement à ce moment-là de
fermer les lieux de
rassemblement comme les
restaurants, les écoles, les
entreprises, etc.
Plusieurs de mes collègues dont
moi-même avions fait remarquer à
la direction, l’absence de
considération dans ce plan pour
le phénomène de peur et toutes
ces implications. Finalement,
l’épidémie de H1N1 a passé son
chemin.
Sans poser de jugement sur
l’époque, comparativement à ce
qui fait présentement au Québec,
cette période était vraiment la
préhistoire en matière de
gestion d’épidémie. Aujourd’hui,
on peut le dire, la peur du
COVID-19 est généralement bien
installée au Québec et ailleurs.
On le sait, un virus est un
ennemi démocratique par
définition et celui-ci est
implacable, vicieux et
invisible.
À ce titre, il est toujours plus
facile d’instaurer la peur ne
serait-ce que par un abus du
principe de précaution, que de
la gérer pour en réduire
l’impact. Par exemple, l’Ordre
des psychologues du Québec
suggère d’« Éviter
la surexposition
aux nouvelles et médias
traitant de la COVID-19, car le
cerveau surexposé est plus
inquiet »
et donc peut-être d’arrêter ici
la lecture de la présente
chronique.
Parce que le dilemme, surtout à
l’ère des chaînes d’information
continue (RDI, LCN, CNN), c’est
une question d’équilibre. Il
n’est pas facile de rétropédaler
quand au début de la crise, le
13 mars 2020 et les jours
suivants, le trio Arruda-Legault-McCann
nous a placés littéralement dans
un état mental de guerre
épidémique et donc, de peur
panique. Alors, extraire
maintenant le germe de la peur
comme par magie, parce que l’on
nous dit qu’il y a moins de
danger, relève de la pensée
magique. La peur est un
sentiment qui se contrôle
difficilement, une fois
installée.
Il ne suffit pas de dire comme
Jean-Paul II en octobre 1998,
lors de sa messe
d’intronisation, l’injonction
biblique qu’est le « N’ayez
pas peur », pour que le tout
rentre dans l’ordre. Les
sociétés humaines ne
fonctionnent pas de cette façon,
surtout à l’ère de l’explosion
des opinions et des « Fakes
News » véhiculées par les
médias sociaux.
Une des caractéristiques de la
peur, c’est qu’elle est
déterminée par un objet, en
l’occurrence le COVID-19,
contrairement à l’angoisse dont
la source est souvent diffuse.
Vous me direz que la différence
est mince, souvent une question
de perception et donc reliée à
notre personnalité; vous avez
raison et laissons ce débat aux
spécialistes.
Oui, la COVID-19 suscite des
angoisses, il n’y a qu’à voir le
comportement panique de
certaines personnes qui en
oublient leur bon jugement.
Comme lorsque récemment, je me
suis approché de trop près d’une
personne à la pharmacie. Je me
suis fait crier de m’éloigner.
Ce 4 mai 2020, lors du point de
presse du trio Arruda-Legault-McCann,
le bon docteur Horacio a parlé
de stress et d’anxiété en se
disant préoccupé par la santé
mentale des Québécois(e)s. Il
semblait nous dire que la peur
est une réaction normale et
légitime et qu’il ne faut pas la
garder pour soi. Je
rajouterais : pourvu que l’on
ait quelqu’un dans notre
entourage qui soit disposé à
nous tendre l’oreille et ce
faisant, apte à dialoguer ou à
nous prodiguer de bons conseils.
Certes, il existe des ressources
publiques offertes par le
ministère de la Santé et des
services sociaux ou au privé,
notamment par l’Ordre des
psychologues du Québec; dans le
premier cas, je n’ai pas
expérimenté leur niveau de
services et dans, l’autre il
s’agit de services facturables.
Ceci étant, un bref survol des
médias permet de comprendre que
la santé mentale devient
présentement et pour plusieurs
années, un enjeu majeur de santé
publique.
Un jour, quelqu’un m’a dit : « On
a le droit d’avoir peur. On n’a
pas le droit d’être lâche ».
Cela m’avait marqué. Ceci étant,
avant d’émettre un jugement de
lâcheté envers quiconque,
surtout dans le contexte actuel,
je me garde toujours une petite
gêne. Je veux m’assurer de
parfaitement comprendre le
contexte de la situation en
cause avant de trancher; sachant
fort bien que ce qui m’apparaît
comme vrai maintenant, ne le
sera peut-être plus demain.
C’est un des avantages de l’âge
et de ces apprentissages, parmi
tous ces désagréments.
Bref, apprendre à vivre avec le
COVID-19, c’est aussi apprendre
à vivre avec la peur. C’est le
prix du déconfinement.
Le COVID-19 dans la région de
Saurel
Ce 4 mai 2020, le bon docteur
Arruda a
déclaré :
« … il y a trois Québec. Il y
a le Québec des CHSLD,
particulièrement de la région de
Montréal, il y a le Québec
Montréal… puis il y a l'autre
Québec, qui, lui, a vraiment
atteint tous les critères pour
un déconfinement, tel que
reconnu par l'Organisation
mondiale de la santé… ».
Souvenons-nous d’une chronique
précédente : « 10 raisons
pour déconfiner rapidement la
région de Saurel »
publié le 17 avril 2020; sans
vouloir faire le fin fin, ces
raisons sont encore pleinement
valides. Alors, je (re)pose la
question : « À quand le
déconfinement de la région de
Saurel… dans le respect des
règles et des bonnes pratiques
en matière de santé publique? »
Sujet déjà abordé dans cette
chronique, la situation
financière présente et future
des villes en situation de
pandémie. C’est d’autant plus
d’actualité que La Presse
publiait ce 4 mai 2020, un autre
article dans la même veine
intitulé : « Les
grandes villes en surchauffe
budgétaire ».
Si c’est le cas pour les grandes
villes, qu’en est-il pour les
villes de plus petite taille? Il
serait donc approprié que les
villes de la MRC Pierre-De
Saurel et la MRC elle-même, nous
fasse état de leur situation
financière pour 2020 et nous
donne une indication de ce que
sera 2021.
À ce titre, mon reproche du
jour, après consultation des
sites internet de nos trois
médias locaux : les sujets de
nature économique ou financière
y sont toujours très peu
abordés. Pourtant, en cette
période trouble au niveau
économique, ça ne doit pas être
le matériel qui manque.
Mon bravo du jour, je salue la
nomination de M. Dominic
Brassard au poste de Chef de
division aux communications de
la ville de Saurel. J’espère
qu’il deviendra un de mes
lecteurs assidus.
Jocelyn Daneau,
isolé et qui a peur du COVID-19,
jocelyndaneau@gmail.com |