LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : vendredi 09 octobre 2015 14:38

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

vendredi 09 octobre 2015

Courir après que les bombes eurent tombé….

Je perçois mon rythme cardiaque à l’oreille, la tête sur l’oreiller. Je n’arriverai jamais à m’endormir. Je panique de plus en plus. Je ne cesse de me répéter que je cours un marathon demain. Ça devient un cercle vicieux.

Une question de nervosité ou l’effet du décalage horaire, je m’explique mal cet état d’esprit. J’ai pourtant l’habitude de ce genre de situation. Je me demande finalement si j’ai réussi à dormir trois heures !

Au réveil, je suis confus. Je peine à sortir du lit.

Hey bonhomme, tu es à Berlin. Réveille !

Envahi par l’inquiétude, je me dirige vers les portes de Brandebourg, sans vraiment réaliser. C’est noir de coureurs. Ils proviennent de tous les pays. Le monde m’entoure. J’entends maintes langues étrangères. Je m’éveille lentement.
Avant d’atteindre la ligne de départ sur le gigantesque boulevard Strass, l’artère principale de la ville, là où les armées d’Hitler ont défilé à plusieurs reprises, il faut traverser trois contrôles. La sécurité est omniprésente mais tout se déroule en douceur.

Sous une musique rythmée, les coureurs amorcent leur voyage. Je réalise à ce moment combien je suis privilégié de vivre ma passion aussi intensément. Je dois me pincer.

Les Berlinois s’alignent massivement tout le long du parcours, ils animent l’événement par leurs encouragements et leurs implications. Ils vibrent intensément cette journée. Je vois les sourires, on sent leur bonheur. Ils apprécient.

Je cours sur l’adrénaline et tout se déroule étonnamment bien. Je lève la tête car je ne veux rien rater. Contrairement à d’autres marathons majeurs, on ne s’éloigne jamais trop loin du centre-ville, gravitant autour, telle une abeille près de son essaim ! De ce fait, nous découvrons de nombreux quartiers.

Les coureurs monopolisent la ville et on ne sent même pas de frustration chez les automobilistes. Un séjour à Berlin nous permet de constater la prise de conscience de cette population qui a dû temps à rattraper. Après tout, la chute du mur ne date que de 26 ans !

L’économie roule bien. Les grues géantes inondent le paysage. Berlin, l’une des villes les plus imposantes de l’Europe, prend les moyens pour se refaire une beauté. L’architecture ultramoderne contraste avec les bâtiments historiques qui ne furent pas détruits par les bombardements. Les traces psychologiques imprégnées par le mur de Berlin resteront gravées à jamais dans leur mémoire. Or, ils arrivent à passer outre, même s’ils n’oublieront jamais.

Courir à Berlin rappelle des moments forts de l’histoire de l’humanité. Les derniers tours m’accaparent par les émotions. Traverser les portes de Brandebourg sous une musique endiablée, entouré de milliers de personnes, projette une image surréaliste, euphorique dans mon esprit, contrastante de tout ce que j’ai pu voir de cet endroit dans les livres, les revues, les documentaires, les films, etc.

Certes le moment le plus puissant de cette expérience hors de l’ordinaire. Malgré mon grand stress, je suis fier d’avoir pu passer au travers sans problème. Pasquale m’attend non loin des portes où on y retrouve différents kiosques d’alimentation.

Quoi de mieux que de célébrer cette réalisation avec une pointe de pizza et une bonne bière Erdinger sous un ciel radieux, entouré de coureurs ravis, tout comme je le suis !

Pourtant, un simple clic dans ma tête et je revois la ville assommée par les bombardements et les portes ébranlées. Comment vraiment vous décrire ? Malade comme disent si bien les jeunes !

Je suis reconnaissant pour cette faveur de la vie que je souhaite à tous les mordus de la course à pied. J’ai rédigé ce texte de ma chambre d’hôtel à Berlin, une ville qui vit pour le futur, qui a traversé le pire et qui sait maintenant ce que représente la paix, le bonheur et l’amour.

Je pense que les Berlinois veulent profiter de la vie et ne regardent plus derrière. Imprégné et affecté par les bombardements encaissés par cette ville, impossible de rester de glace et d’admirer le redressement de cette population.

Ce marathon m’a permis de reconnaître combien la vie est belle chez-nous.

Merci Berlin ! Merci la vie !

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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