LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 22 septembre 2015 10:02

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

mardi 22 septembre 2015

La mission de Zachary !

Les deux mains dans les poches, casquette sur le bout de la tête, pause décontractée, il attendait. Il savait que j’allais le voir. Je présume que c’est ce qu’il voulait. De mon côté, je patientais avant le signal du départ à la course de la Fondation de l’hôpital Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy.

Content de l’apercevoir, je lui ai posé la question, celle qu’il anticipait probablement. « Tu fais quelle distance ce matin ? ». Simplement, sans enthousiasme particulier, il m’a répondu le 21km. Quoi ?

J’ai connu Zachary Ayotte l’hiver dernier, à la polyvalente, où son enseignant Sylvain Dupuis m’avait mandaté pour venir encourager les jeunes dans leur préparation à relever le défi Pierre Lavoie. J’avais accepté avec grand plaisir.

Rapidement, je me suis aperçu des talents exceptionnels de ce jeune de 14 ans. Je me souviens même d’en avoir glissé un mot à son « prof ». Mais imaginer qu’il pouvait courir un demi -marathon, c’est une autre histoire.

Je lui ai offert de l’accompagner. Je lui ai dit que j’allais le guider, le conseiller. Il a accepté. Puis, il a disparu. Probablement pour annoncer la nouvelle à ses parents. Lorsque le départ a été donné, je le cherchais. Après quelques mètres, il faisait son apparition, accompagné de son père.

J’ignorais à ce moment là que son père avait décidé, quelques mois auparavant, de se préoccuper de sa santé. Avec une bonne perte de poids et en optant pour la course à pied, il venait de dénicher la recette idéale. Par le fait même, son objectif était de courir cette distance sous la barre des deux heures. On comprendra que ce projet n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Le Kid a embarqué dans la danse. Lui aussi aspirait finir en moins de deux heures. Personnellement, j’étais sceptique. Or, j’allais être royalement confondu.



Je prévoyais que nous allions marcher à quelques reprises et cela s’avérait tout à fait normal. Il n’a jamais été question d’arrêter. Même quand il buvait, technique du pincement de verre, il courait. Tout au long du parcours, je ne cessais de dire à des spectateurs que je courais avec la relève en le montrant du doigt. Fierté oblige.

À mi-parcours, une dame en vélo s’est approchée de nous. Sa mère tenait à prendre le pouls. « J’étais inquiète mais quand j’ai appris qu’il se retrouvait avec vous, ça m’a rassurée », a-t-elle confié. Pendant ce temps, Zac se concentrait. Aucune parole ne sortait de sa bouche, sauf avec quelques kilomètres à franchir.

Il s’est tourné vers mon ami Dominic Lavallée, sachant qu’il portait une montre, pour lui demander s’il pouvait toujours franchir le fil d’arrivée en réussissant son objectif. « Doum » lui a confié que s’il conservait ce rythme, c’était dans le sac. Mais encore fallait-il traverser ces ultimes kilos, les plus ardus.

Je craignais que la fatigue puisse faire son œuvre, surtout à cet âge. Une fois de plus, j’ai eu tort car il s’est même permis d’accélérer vers la fin. Éberlué !

Attendu par ses parents, il a conclu en héros. La fierté se lisait sur les membres de la petite famille. Pendant ce temps, je me demandais sérieusement comment Zachary avait fait pour équilibrer ses énergies et terminer sur une note aussi impressionnante, considérant son bas âge.

Après les remerciements et les félicitations, les parents avaient quelques questions à me poser sur l’alimentation suite à un tel effort. « Il a un entraînement de hockey cet après-midi. Devrait-il y aller », m’a demandé le papa.

Je lui ai conseillé le repos. Puis, Zachary a répliqué : « Je crois que je vais rester dans les gradins et regarder la séance d’entraînement ».

Au final, 1h58 ! Les barrières ne tiennent plus.


Daniel Lequin

danielmedaille@hotmail.com

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