LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 01 septembre 2016 12:14

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

jeudi 01 septembre 2016

Le courage de Jocelyne !


Daniel Lequin, Jocelyne et son mari Patrice Albert.

Je me sentais bien petit devant cette grande dame, à quelques minutes de prendre le départ du marathon de Québec à Lévis, dimanche dernier.

Jocelyne souriait. Enfin, je la voyais en personne. J’en avais tellement entendu parler. Je regardais son mari, Patrice Albert qui ressentait une grande fierté de la voir présente à ses côtés. Comme des amoureux, ils se tenaient par la main. Une scène touchante, émouvante car je connaissais toute l’histoire.

Jocelyne souffre d’un cancer dit incurable. Or, elle déjoue avantageusement les pronostics.

Il y a quelques mois, lors du marathon de Saint-Grégoire, j’ai eu le privilège de rencontrer Patrice. Nous avons couru ensemble. Dans les circonstances, vous vous doutez bien que nous avions échangé sur le combat de son épouse. Les oreilles de Jocelyne ont dû bourdonner cette journée là et pour les bonnes raisons.

Il me disait combien il l’admirait, qu’il la trouvait courageuse et forte.

Depuis qu’il a appris cette triste nouvelle, la course à pied est apparue dans son quotidien, question de bien ventiler ses pensées, de se changer les idées. Lors de notre rencontre, trop épuisée, Jocelyne avait dû rester à la maison. Je me rappelle que Patrice n’avait pas perdu de temps pour rentrer chez-lui avec son petit bonheur et sa fierté, sachant qu’il allait tout lui raconter.

Il n’allait pas insister sur son temps record, mais plutôt la questionner sur son état de santé.


Daniel Lequin, Josée Prévost, Jocelyne et son mari Patrice Albert.

Dimanche à Québec, elle avait sûrement pris son courage à deux mains pour se déplacer. Malgré cette souffrance physique et morale, elle me paraissait sereine, en contrôle de la situation.

Sa voix étouffée trahissait sa maladie. En lui retirant des métastases dans la gorge, on avait malencontreusement écrasé ses cordes vocales. Ça ne guérira jamais.

Que cela ne tienne. Je l’ai embrassée, je l’ai serrée contre moi, essayant de lui transmettre du mieux que je pouvais, toutes les ondes positives dont je disposais. J’espère que j’ai réussi. Elle écoutait attentivement les propos de Patrice qui discutait avec nous de ses expériences de coureur.

J’imagine qu’elle aurait payé le gros prix pour être en mesure de l’accompagner mais juste sa présence valait son pesant d’or dans les circonstances. Elle a assisté au départ, faisant un signe de la main à son mari. Il a répliqué avec un beau bisou, lancé avec la main….le cœur sûrement ébranlé.

Pour moi, ce marathon ne revêtait plus d’importance. Les idées ailleurs, le simple fait de prendre conscience que je disposais d’une excellente santé me fournissait un privilège exceptionnel. J’ai alors réalisé toute la chance dont je bénéficie. La santé nous semble souvent acquise mais lorsqu’elle part soudainement en fumée, nous exerçons systématiquement un parallèle qui nous remet rapidement les deux pieds sur terre.

J’ai couru ce marathon pour Jocelyne sans aviser personne. En compagnie de Josée Prévost de la Maison de la course et Patrice, nous avons vécu une belle expérience.

À l’arrivée, Jocelyne a pu exceptionnellement pénétrer dans la zone réservée aux coureurs afin de rejoindre Patrice. Quand ce dernier s’est vu remettre sa médaille, il a immédiatement avisé le bénévole de la décerner à Jocelyne. Quel beau geste d’amour ! Toute heureuse, elle savourait le moment, marchant lentement vers la sortie.

On aurait cru qu’elle espérait que cette séquence ne prenne jamais fin. Sensible en voyant cette scène, les émotions ont jailli en moi. J’ai dû prendre quelques respirations pour me ressaisir. Je ne voulais pas qu’elle s’en aperçoive. Survient des moments où tout devient relatif dans notre esprit.

Nous avons pris soin d’immortaliser le moment. J’y tenais mordicus car à mes yeux, nous faisions face à une force de la nature, une femme impressionnante, exemplaire.

Avant de quitter les lieux, je l’ai serrée à nouveau dans mes bras et je lui ai dit de ne jamais abandonner en y mettant toute ma conviction. Intimidé face à son état, c’est tout ce que j’ai trouvé à lui dire.

J’espère la revoir. Je veux la revoir.

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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