L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

samedi 14 octobre 2017

Quand l’émotion s’insurge !

À vrai dire, j’anticipais celui-là ne sachant pas top ce qui m’attendait.

Dans la pénombre de la nuit, je me préparais dans ma chambre d’hôtel.

Lui, je le courais pour maman,

L’appréhension rôdait dans ma tête.

Sa photo greffée sur mon chandail, une façon de lui rendre hommage, une façon pour qu’elle m’accompagne, du début à la fin et ce, pour la première fois. Le marathon d’Albany dans l’état de New-York, réputé pour sa facilité, convenait admirablement bien à mes attentes dans ces circonstances émotives.

Une fine pluie au départ, rien d’intimidant. Toutefois, c’est le taux élevé d’humidité qui m’effrayait particulièrement.

Sous la chaleur, j’en arrache habituellement et je peux vous dire que la tradition fut respectée. Un parcours qui descend, en apparence facile, devait s’avérer sournois à cause des conditions atmosphériques. Je vous ai parlé du vent que nous devions affronter jusqu’au bout ?

Pourtant, je ne ressentais aucune nervosité. La portion initiale s’est déroulée dans les normes, rien à signaler de spécial.

Je décide d’ingurgiter un gel, quelque part autour du 30e km. Quelques minutes plus tard, une crampe à l’abdomen m’indispose. Je dois ralentir. Dans ma tête, j’envisage le pire. Finalement, elle disparaîtra mais en laissant des traces. Mes jambes lourdes, je commence à ressentir de la fatigue. Mon ralentissement inquiète Mario (St-Amand) qui me demande des explications.

À ce moment, j’ai droit à une réprimande. Le plus sérieusement du monde, il me lance : « C’est parce que tu as pris un verre de bière au souper hier soir ». Je lui jette un regard interrogatif car il ne s’agit pas d’une première dans mon cas. Je lui explique que la température se rabat sur mes faiblesses et me fait payer le prix. Mon taux d’énergie chute drastiquement.

Je dois marcher.

Je me connais et mon expérience me servira. Je ne veux pas finir indisposé. Je dois prendre des précautions. Après plusieurs tentatives, rien ne va plus.

Soudainement, je vois la ville d’Albany apparaître au loin. Dans ma tête, je me dis que nous terminerons sûrement au centre-ville et que par conséquent, il me reste encore un bon bout de chemin à franchir.

Mario ne cesse de m’encourager. Lui, il file le parfait bonheur. Il me répète que le fil d’arrivée approche. Je n’écoute pas. J’arrête à nouveau pour marcher. Je dénote son étonnement. Après quelques secondes, je repars. Au loin, j’aperçois un regroupement. À ma grande surprise, la ligne d’arrivée se présente à quelques mètres.

Ouf ! J’y vais d’un soupir de soulagement. Josée (Prévost) et son mari Lionel nous attendent. Sans perdre une seule seconde, elle confirme ce que je croyais. Partie pour faire un temps de 3h45, elle a dû se contenter de 4h08. « Il n’était pas évident, hein ? » Un commentaire qui me rassure.

Sur le chemin du retour vers l’hôtel, je m’informe de la température extérieure. Le tableau de bord du mini-van indique 24 Celsius…. sans considérer le taux d’humidité dans le tapis !

Vous savez, je cours pour le plaisir et il faut comprendre que dans certains marathons, la douleur et l’inconfort représentent des ennemis que l’on doit affronter et combattre.

Ne pas baisser les bras tout en respectant les signaux envoyés par notre corps fait partie intégrante de ma politique. À un certain moment, j’ai revu ma mère sur son lit d’hôpital et je me suis dit combien je suis chanceux. Elle devait être fière de mon comportement, elle qui ne cessait de me répéter l’importance de jouer la carte de la prudence.

Il faut accepter et surtout comprendre que ça ne peut pas toujours fonctionner comme on le voudrait. Reconnaître une baisse de ses capacités nous fait grandir.

Au départ d’un marathon, on lance les dés et parfois, ils sont pipés. Je me considère privilégié de pouvoir courir encore des 42km après toutes ces années. Je remercie la vie de me donner l’opportunité de répondre à mes attentes et je me dois de bien saisir le message qu’elle m’envoi. Tout au long de ce marathon, j’ai pensé à ma mère. Par conséquent, je n’ai jamais pu entrer dans ma bulle.

Elle m’a accompagné, elle m’a conseillé, elle m’a raisonné. À vrai dire, je me demande si elle n’a pas toujours été là par le passé, moi qui croyais qu’elle se contentait de m’accompagner dans un départ symbolique.

Tel que promis, je me suis rendu à son appartement le lendemain pour lui montrer ma médaille et lui raconter tout ce qui s’était déroulé, comme je l’avais toujours fait, jadis. Elle devait sûrement m’offrir un sourire en coin en m’écoutant, sachant très bien que cette fois-ci, elle savait ce que j’allais lui raconter puisqu’elle fut présente dans mon cœur.

Pour chacun de mes prochains marathons, je collerai sa photo sur mon chandail vis-à-vis mon cœur. Une fois de plus, j’ai réalisé l’importance qu’elle a eue dans ma vie.

N’oublie pas le prochain le 22 octobre. Tu devras dorénavant en prendre une habitude puisque je t’attendrai.

Statistique de mon 79e marathon

Temps : 4h25
Classement général : 484 sur 890
Catégorie d’âge : 11 sur 33


Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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