Incapable
de faire disparaître la course à
pied pour Luc Langevin !

« Je
vais chercher l’essentiel dans
la course à pied, ce dont j’ai
vraiment besoin pour l’instant »
Luc Langevin se confie au petit
café Campanelli sur Notre-Dame
Ouest, par une journée
pluvieuse. Va-t’il me faire
disparaître ? Aucun danger, je
suis un coureur comme lui. Piégé
? On va y revenir un peu plus
tard.
Voilà un intellectuel
transformé.
« À
l’école, on me choisissait en
dernier au ballon-chasseur ! »
Nullement attiré par les sports,
sauf pour la course à pied, une
discipline qui lui a donné
l’opportunité de s’épanouir.
Défier ses propres capacités le
captivait.
Il se souvient d’un défi lancé
lors du cours d’édu au cégep
Xavier-Garneau.
« Je
pouvais constater une
amélioration graduelle dans mes
chronos. Je ne perdais plus mon
temps, je ne me dévalorisais
plus. Je détenais la chance de
m’affirmer. »
Or, au fil des années, la course
à pied s’est transformée en état
de bien-être.
«
L’aspect thérapeutique
m’inspire. Je cours
habituellement en fin de
journée. Je me vide de toute
l’énergie qu’il me reste. »
Papa depuis quelques mois déjà,
on comprendra que les dernières
sorties furent plus espacées.
L’été, c’est sept jours sur
sept, pour une durée d’une
trentaine de minutes à chacune
des sorties.
« Si
jamais je peux me permettre une
sabbatique un jour,
j’augmenterai mes distances car
l’idée de réaliser un marathon
ou un ironman trotte dans mon
subconscient depuis longtemps.»
Au moment opportun, il
peaufinera sa technique.
« Je
prendrai le temps de bien faire
», précise celui qui
court habituellement le long du
canal Lachine.
L’investissement dans cette
discipline se fait sentir lors
de ses spectacles.
« Je me
retrouve habituellement durant
90 minutes sur scène, ce qui
exige une certaine endurance. Je
me souviens qu’à mes débuts, je
devenais essoufflé plus
rapidement. » Tout
indique que faire de la magie
exige beaucoup d’efforts
physiques.
Il a tenté d’initier sa
compagne. Elle n’aime pas. «
Je lui dis souvent que je vais
courir et sortir le chien en
même temps. J’achète ainsi la
paix », dit-il à la blague.
Disons qu’elle préfère souvent
le voir courir que se consacrer
sur sa magie car son métier pèse
lourd dans la balance. Les
responsabilités sont grandes.
Avec le temps, il est devenu une
petite PME. C’est une pression
continuelle et il s’avère vital
de conserver la santé afin
d’éviter les annulations de
spectacles qui priveraient ses
employés de revenus.
En tournée, les souliers de
course sautent dans la valise en
premier. Toutefois, il ne court
jamais lors des journées où on
le retrouve à l’affiche, car il
veut conserver le maximum
d’énergie.
«
J’adore la notion de me
dépasser. Tu sais, je ne suis
pas né magicien. J’ai dû tout
apprendre. Si on décide d’y
mettre les efforts voulus, on
peut arriver à tout faire. Plus
ma carrière progresse, plus je
sens réellement la nécessité de
courir. Combien de fois j’ai
imaginé des trucs de magie lors
d’un entraînement ! »
Quand on aborde le sujet de
l’importance d’une bonne santé,
Luc écarquille les yeux et parle
de 2010, l’année où il fut
éprouvé par une myélite
transverse. Il a dû tout arrêter
pendant deux mois, un séjour de
trois semaines à l’hôpital et
alité pendant plusieurs jours.
Son poids et sa force musculaire
avaient considérablement
diminué.
« J’ai
dû attendre six mois pour
pouvoir revenir à la course
normalement. J’ai eu très peur,
tellement que j’en ai fait des
crises d’angoisse. J’ai dû
consulter et le médecin m’a
informé que l’activité physique
allait faire en sorte de me
remettre sur pied. J’ai alors
senti toute l’importance de
courir dans ma vie. »
Alors, quand Luc traverse des
périodes stressantes, il part
courir pour sentir toute la
frénésie et la liberté que ça
lui procure.
Âgé de 35 ans, il dispose de la
fibre du coureur et a tout le
temps devant lui pour réaliser
ses rêves. Son esprit compétitif
l’incitera à se préparer
adéquatement lorsqu’il optera
pour la période idéale de se
lancer dans de nouvelles
aventures.
Vers la fin de l’entrevue, je
lui ai demandé s’il accepterait
de prendre une photo de nous
deux afin que je puisse
l’insérer dans le texte. Une
employée du café s’est offerte
pour la saisir. J’ai regardé
pour voir si la photo avait été
bien prise.
Quand je suis retourné dans mon
auto, j’ai voulu jeter un coup
d’œil sur mon cellulaire pour
vérifier à nouveau la photo.
Elle avait disparu ! Ai-je été
piégé par Luc ? Est-ce qu’il l’a
fait disparaître ? Mystérieux.
J’aime croire l’hypothèse.
Un gars bien simple, qui m’a
paru un peu timide parfois, qui
fut des plus charitables de de
son temps, considérant
qu’actuellement, il se retrouve
en pleine tournée pour son
nouveau spectacle et l’arrivée
par surcroît de son premier
enfant.
Il a pris mes coordonnées et m’a
dit qu’il me contactera
lorsqu’il disposera du temps
requis pour s’entraîner à
relever son prochain défi ! Il
venait d’avancer d’un pas vers
l’avant.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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