Vas-tu
faire l’amour ce soir ?

Une belle photo prise sur le vif
lors du Marathon des Érables en
compagnie de Stéphan Bergeron.
La scène se déroule avec
quelques kilomètres à parcourir,
là où on perçoit le râlement des
participants et l’épuisement qui
se fait sentir. Les jambes
deviennent lourdes et l’impact
de chaque pas, facilement
percevable. J’ai ralenti bien
malgré moi la cadence. Je
devance à ce moment deux jeunes
gars dans la trentaine et
j’imagine que l’un d’eux,
s’apprête à conclure son premier
marathon en carrière.
Une jeune fille en vélo les
accompagne, histoire sûrement de
les encourager, de les
distraire, changer leurs idées,
chasser les mauvais esprits.
J’écoute bien malgré moi leurs
propos anodins, question de
meubler une conversation qui
dans des moments semblables,
exige beaucoup d’imagination.
À un certain moment, la fille à
vélo pose cette question à l’un
des coureurs : « Vas-tu faire
l’amour ce soir, lorsque tu
rentreras à la maison ? » Sans
hésitation, le jeune a répondu
qu’il n’en était nullement
question. Même avec un surplus
de fatigue, je n’ai pu
m’empêcher de rire. En 24 ans de
course à pied, c’était une
première du genre. Je l’ai
trouvé bien drôle cette
anecdote. Puis, lentement mais
sûrement, ils m’ont dépassé,
filant droit vers le bonheur.
Le tout s’est déroulé lors de ma
participation au Marathon des
Érables à Mont Saint-Grégoire,
une 3e en trois ans d’existence,
un événement des Courses
Gourmandes maintenant géré par
Just Run. Une solide
organisation et Just Run a fait
honneur à son créateur, Frédéric
Houde.
Il devait pleuvoir vers 7h,
l’heure du départ du 42km et
c’est à peine si on a reçu
quelques grains de pluie, du
début jusqu’à la fin. Peu de
changement pour le parcours,
exception faite du départ alors
que nous avons emprunté le tracé
à l’envers.
J’y ai fait de belles
rencontres. Vers le 5e
kilomètre, j’entendais des pas à
ma gauche. Je me suis tourné
pour constater que je courais en
compagnie de la grande
championne Nathalie Goyer. « Je
me suis levé ce matin et je
considérais que la température
était idéale pour courir. J’ai
décidé de venir. » Elle n’était
pas inscrite. « Je veux juste
courir ce matin. Je vais
m’installer à une intersection
pour encourager les gens »,
a-t-elle ajouté.
Ça faisait tout drôle de voir
cette femme à mes côtés. Les
temps changent. Jamais je
n’aurais pu imaginer pouvoir
l’accompagner, ne serait-ce que
quelques kilos, lors d’un 42km.
Jamais. Nous avons échangé sur
différents sujets et j’ai dû la
quitter à un point de
ravitaillement pour boire car
incapable d’avaler de l’eau en
courant, je dois obligatoirement
arrêter.
Puis, il y a Stéphan Bergeron
qui est venu me parler pour me
dire qu’il lisait souvent mes
articles. Il m’a confié qu’il ne
buvait plus depuis plusieurs
années, que la course à pied
avait radicalement changé
l’allure de sa vie, citant en
exemple les Maxim Martin et
Mario Saint-Amand, des
personnages publics qu’il admire
pour leur redressement et
l’exemple qu’ils démontrent.
« Je vais essayer aujourd’hui de
courir un premier marathon sous
la barre des 4hres. Un de mes
amis va me suivre et il me
guidera », en me le montrant,
lui qui était à quelques mètres
devant nous. Stéphan compte plus
d’une dizaine de marathons à son
actif.
Je l’ai revu après le fil
d’arrivée. Je me suis empressé
de lui demander son temps de
passage et j’espérais qu’il
venait de réaliser son souhait.
« 3h50 », m’a-t-il lancé sans
hésitation et avec un brin de
fierté. J’étais vraiment heureux
pour lui et d’ailleurs, je le
sentais très content. Je me
disais que cette réalisation
allait le motiver davantage à
poursuivre cette belle aventure.
Félicitations Stéphan !
À 600 mètres avant l’arrivée, je
me suis arrêté cinq secondes
pour marcher, question de
reprendre légèrement mon
souffle. Une dame est passée
près de moi pour me dire qu’il
ne fallait pas arrêter à ce
stade de la course. À peine dix
secondes plus tard, je passais
devant elle pour me diriger vers
la fin. Lorsque j’ai franchi la
ligne, je me suis arrêté pour
savourer le moment. Et bang !
Elle m’a foncé dessus de plein
fouet ! Ben voyons dont, je n’ai
jamais compris, elle qui
trottinait auparavant.
J’ai comme eu l’impression
qu’elle voulait démontrer à la
galerie la vitesse maximale
qu’elle pouvait atteindre ! Le
pire, c’est qu’elle venait de
compléter le demi-marathon !!!!!
Que voulez-vous.
Statistiques de mon 84e marathon
Temps : 4h08 :35
Classement général : 167 sur 266
Catégorie d’âge : 6 sur 10
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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