Parti dans
mes pensées ! Nous
avions convenu l’endroit pour le
traditionnel souper aux pâtes à
la veille du marathon, dans un
restaurant situé à l’intérieur
d’un mail à Manchester dans le
New-Hampshire. Fidèle à mon
habitude, je m’y suis présenté
beaucoup trop tôt. Par
conséquent, j’avais du temps à
perdre. Je me suis mis à fouiner
dans les magasins aux alentours.
Et il y avait celui où l’on
vendait des cadres de joueurs
professionnels. Logiquement, les
athlètes de Boston figuraient en
évidence.
Je me suis dirigé vers le mur
consacré au hockey. Arrêté
devant une gigantesque photo sur
laquelle on voyait Bobby Orr et
Raymond Bourque, je me suis
senti immédiatement transporté
dans mon passé, alors que
j’avais 18 ans. Car figurez-vous
que j’ai eu le privilège de
connaître et de côtoyer
l’excellent défenseur durant la
période où il a évolué dans la
LHJMQ avec les Éperviers de
Sorel et de Verdun.
Le propriétaire de cette équipe,
Rodrigue Lemoyne, avocat de
carrière et à la fois mon
patron, paraphait des contrats
professionnels pour les
hockeyeurs issus du junior et je
me rappelle que les gars lui
faisaient grandement confiance.
Lemoyne, un être intelligent,
connaissait profondément son
métier.
Lorsque Raymond Bourque a signé
son premier contrat
professionnel en compagnie
d’Harry Sinden avec les Bruins
de Boston, c’est Rodrigue qui en
fut l’auteur. Pour célébrer cet
événement, Lemoyne avait décidé
d’inviter toute l’équipe, y
compris votre humble serviteur,
à assister au premier match
professionnel de Raymond, une
joute hors-concours contre les
Jets de Winnipeg, au vieux
Garden de Boston, présentée
quelques heures après l’entente.
Après le match, Bourque avait
invité tout le gang à souper
dans un restaurant chinois et il
avait défrayé entièrement le
coût de la facture ! Je
regardais cette image et en
l’espace de quelques minutes,
j’ai revu ces illustres moments
qui ont marqué mon adolescence.
Oui, le marathon de Manchester
n’était pas à l’horaire pour
moi. La responsable de ma
présence là-bas se nomme Josée
Prévost. Elle m’en a parlé, m’a
attiré et m’a convaincu.
Clairement que je n’offre pas
tellement de résistance devant
une offre semblable. J’en étais
tout de même à un 4e en l’espace
de six semaines, beaucoup trop.
Je ne recommande pas une telle
séquence à personne.
Le matin du marathon, lors du
petit déjeuner à l’hôtel, j’ai
croisé Audrey Crête qui
s’apprêtait à vivre son premier
marathon. Visiblement nerveuse,
elle me posait toutes sortes de
questions. Elle croyait que
Manchester allait être un
parcours facile. Pauvre elle,
j’ai dû lui dire tout le
contraire car je m’apprêtais à
le courir pour une 3e fois et
disons que je le connais un
p’tit peu !
J’ai tenté du mieux que je le
pouvais de ne pas la décourager.
J’étais bien content de voir
qu’elle adoptait ma formule,
soit de ne pas courir avec une
montre et d’y aller selon son
feeling. Je pensais la voir au
départ mais j’ai dû me contenter
de la croiser dans l’ultime
portion de la compétition, alors
qu’elle semblait en contrôle.
Elle a terminé avec un temps de
4h26. Bravo !
Josée était accompagnée de son
acolyte Frédérick Viens et de
son amie Diana Bauer. Cette
dernière vivait son 2e marathon
à vie et voulait briser la
marque des 4h00.
Malheureusement, elle devra se
reprendre car le duo croyait que
le parcours allait être plus
facile.
De mon côté, je me suis vraiment
étonné en obtenant un temps
identique à celui de l’an passé.
Lors des premiers kilomètres,
j’ai croisé un Américain qui
parlait le français. D’origine
congolaise, toute une pièce
d’homme, il m’a expliqué qu’il
vivait non loin de Manchester et
qu’il travaillait comme
enseignant. Il a commencé à me
parler après avoir constaté que
je parlais français à Josée !
Il s’agissait d’un 11e marathon
pour moi cette année et je me
demande si mon calendrier ne
prendra pas fin avec celui-là.
Or, je me connais. Par
conséquent, je peux moi-même me
réserver des surprises et
contrairement à ce que
j’imagine, je pourrais fort bien
m’en ajouter un autre d’ici la
fin de 2018.
J’oubliais. C’est une Miss
qui m’a remis ma médaille ! Et
toute une médaille ! Merci la
vie. Je traverse de beaux
moments et je les réalise.
Statistiques de mon 92e
marathon
Temps : 4h10 :47
Classement général : 150 sur 330
Catégorie d’âge : 5 sur 9
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
|