L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

vendredi 12 juillet 2019

Combattre l’anxiété au 98e marathon !



Cette maudite peur qui s’installe.

Envahi par l’insécurité, je m’interroge. Pourtant, j’approche de l’objectif. Telle est ma nature, trop prévoyante. En fait, j’anticipe ce qui ne surviendra jamais.

À l’aube de ce 98e marathon, ma grande expérience n’arrive pas à expulser mes démons. L’empressement de le disposer me hantait, comme si j’allais courir le premier. Au lieu de le savourer, d’en profiter, je ne pouvais m’empêcher de jongler. Impossible d’anticiper un tel comportement avant de vivre le moment présent.

Pour un 5e marathon consécutif cette année, la pluie se fait sentir à quelques minutes du départ. Moi qui croyais courir à Baie-Comeau par une fraîcheur habituelle dans cette ville de la Côte Nord, une surprise m’attendait.

Quand le lapin de 4h franchit la ligne d’arrivée avec vingt minutes de retard et qu’il lance avec dépit : Ce fut rien que de la mar… cette course pour moi », ce commentaire vous indique clairement dans quelles conditions l’expérience s’est déroulée.

Cette pluie ne durera que quelques kilomètres finalement, laissant toute la chance au soleil de laisser dégager ses puissants rayons, agencés d’un taux élevé d’humidité, laissant l’inconfort nous gruger de l’énergie graduellement.

Deux boucles qui comportent une montée vertigineuse qui laissera des traces. Dans pareilles circonstances, j’en suis venu à la conclusion que je devais m’astreindre de folies car après tout, je me considère en mission ! Alors, la sagesse s’installe et avec de tels éléments, je décide d’adapter le mode de la prudence.

Au 2e tour, à un puits de ravitaillement installé dans un bois aux abords d’une autoroute où la chaleur se fait intense, je prends le temps de boire convenablement et tout en jasant avec les bénévoles. Je me permets de lancer à l’un d’eux : Je suis venu de Sorel-Tracy croyant que j’allais courir dans la fraicheur ! » La réplique fut rapide. « Je sais mais ce que nous vivons ce matin est exceptionnel. » Il pointe alors une autre bénévole et ajoute : « Habituellement, elle porte une tuque tellement elle gèle ! »

Après cinq minutes, je repars la machine. Au même moment, une intervenante qui vérifiait l’état de santé des participants, m’interpelle. Je l’informe que tout se déroule bien même si je démontre peut-être une apparence de désespoir.

À quelques mètres de l’immense versant, je me parle. « Ce n’est pas vrai que je vais le gravir en courant. » Allons-y prudemment. Je marche rapidement. Là-haut, il y a un autre ravitaillement et c’est la fête au village ! Une dame m’avise que je constitue leur coup de cœur de la journée, car c’est la 4e et dernière fois que je les croise. Je me souviens les avoir fait rire antérieurement avec mes niaiseries et avec un total de 18 marathoniens sur le parcours, disons que les visages deviennent faciles à retenir.

« On aimerait savoir quel âge vous avez ? Ai-je l’air si vieux ? Peut-être que ma physionomie empire mon apparence. Cette question me chatouille. Je n’aime pas divulguer mon âge car je refuse de vieillir. Ma compagne ne cesse de me répéter que je devrais en parler avec fierté mais je n’arrive pas à m’en convaincre. Avec leur patience, elles réussiront à me faire délier les cordons de la bourse. Nous avons bien ri de cette situation de sorte qu’après cinq minutes, je suis reparti le cœur joyeux, une pause qui m’aura procuré du bien autant physiquement que moralement.

Finalement, malgré toute cette anxiété, je croise le fil d’arrivée avec le sourire aux lèvres, sachant maintenant qu’il ne m’en reste que deux au compteur et que pour chacun d’eux, je ne serai pas seul.

Après la douche, il est temps de relaxer. Alors que Pasquale est retournée dans la chambre pour y cueillir quelque chose, j’attends dans le hall de l’hôtel. Soudainement, le chanteur Patrice Michaud fait irruption. Il vient de terminer sa pratique pour le spectacle qu’il accordera en soirée dans le cadre du festival Eau Grand Air qui se déroule lors de ce week-end, conjointement avec le marathon. Quelques minutes auparavant, Pasquale m’avait indiqué qu’elle l’avait vu courir le matin du marathon.

Je l’intercepte. Je m’identifie. Tu fais de la course à pied ? « Oui, j’ai débuté l’an dernier. J’y vais quatre fois par semaine pour un 3.5km, pas plus. Je ne veux pas m’obliger. Mes amis me disent que je devrais me rendre jusqu’à 5km. Pas question car je suis à l’aise présentement. Je ne veux pas participer à des courses. Je me considère très chanceux de pouvoir courir car je suis asthmatique chronique. Alors, ce que je fais actuellement me donne entière satisfaction dans ce que je recherche. Je ne courrai jamais des marathons comme toi ! »

Baie Comeau, c’est loin en titi ! Les gens sont tellement gentils et accueillants. À prime abord, je devais participer au marathon de Rimouski mais après mûres réflexions, j’ai opté pour Baie Comeau car je trouvais que les trois derniers ne me laissaient pas le temps de bien récupérer entre eux.

Le prochain, le 99e sera à Montréal le 22 septembre, ce qui me laissera largement de temps pour me rebâtir car je réalise qu’il devient de plus en plus ardu de reprendre mes énergies entre mes 42km considérant le nombre exagéré couru au cours des 18 derniers mois.

À Montréal, mon ami Maxim Martin m’a fait une belle surprise en m’annonçant récemment sa présence, de sorte que nous serons ensemble pour les deux derniers. Il me semble qu’ils deviendront plus agréables de cette façon.

Au lendemain du marathon, soleil mur à mur, 13 Celsius, aucune humidité, la normalité là-bas pour cette période de l’année. Faut croire que le synchronisme n’était pas au rendez-vous pour ce marathon. Et dire que j’étais sur la Côte Nord !



STATISTIQUE DE MON 98e MARATHON

TEMPS : 4h35 :34
CLASSEMENT GÉNÉRAL : 14 sur 18
CATÉGORIE D’ÂGE : 1er sur 1

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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