L’apothéose
avec le 100e marathon !
Depuis l’instant où le comédien
Mario Saint-Amand m’avait fait
réaliser que je m’approchais
d’un 100e marathon, je suis
parti en mission.
Hanté par la peur de subir une
tuile tombée de nulle part, je
portais un lourd fardeau sur mes
épaules.
Voilà pourquoi les 42km se sont
succédé à un rythme exagéré au
cours des dernières années. Neuf
en 2017, douze en 2018 et sept
en 2019 avec celui de la
concrétisation, c’est trop pour
ce que le corps humain peut
endurer et j’en étais réellement
conscient.
Le matin du 100e, de nature
anxieuse, j’arrivais péniblement
à me contenir. À vrai dire,
durant les jours qui ont précédé
le marathon, j’étais absent,
parti dans un autre monde. Mon
comportement inhabituel a
quelque peu perturbé la
régularité et la tranquillité de
ma vie.
Conscient que j’allais le courir
avec mon ami Maxim (Martin), je
l’ai avisé quelques minutes
avant de partir. Je ne voulais
pas qu’il m’abandonne, je lui ai
expliqué que j’allais avoir
besoin de sa présence, qu’elle
devenait indispensable afin que
je puisse vivre pleinement cette
expérience.
Je savais que les souvenirs
allaient remonter en surface et
malheureusement, j’arrive
difficilement à me contrôler
lors de ces moments. Après
quelques kilomètres, je sentais
que cet aspect s’intégrerait
rapidement dans ma tête car
déjà, la gorge nouée, je
respirais péniblement.
Tout au long du parcours, Maxim
a perçu ces moments d’angoisse,
de nervosité. À maintes
reprises, il a su habilement
intervenir. Je n’ai cessé de le
remercier pour sa présence et
lui rappeler que si la
providence ne l’avait pas
installé à mes côtés lors de
cette journée, la vibration des
sensations aurait sûrement été
moindre.
Il devait me rappeler de vivre
le moment, d’apprécier chaque
kilomètre que je traversais un
passage unique dans ma vie, qui
en quelque sorte, marquait
l’histoire de la course à pied
au Québec mais principalement la
mienne. Je revivais mes nombreux
périples, mes départs, mes
parcours et je n’arrivais pas à
me convaincre que j’en étais
rendu là. Les pensées envers mes
parents décédés, les membres de
ma famille, mes amis ajoutaient
une sensation incroyable.
Dans l’ensemble, je me sentais
bien. Toutefois, lorsque je suis
entré dans le bloc des cinq
derniers kilomètres, il s’est
passé quelque chose de magique
et d’inexplicable. J’ai
soudainement compris et réalisé
vraiment que j’allais peut-être
terminer le dernier moment le
plus extraordinaire de mon
existence. Qu’il deviendrait
difficile de traverser
éventuellement une période aussi
perturbante et intense que
celle-là.
À quelques reprises, j’ai
demandé à Maxim de prendre des
pauses de quelques secondes,
simplement pour stabiliser ma
respiration et éviter ainsi des
serrements extrêmes dans ma
gorge. Lors des deux derniers
kilomètres, j’ai pénétré dans
une sorte de gros nuage moelleux
où je ressentais de l’amour qui
provenait de tous les sens.
Je me suis alors dis que la vie
avait été bonne pour moi, que je
me devais de l’apprécier au plus
haut point et d’en profiter au
maximum.
Lorsque j’ai vu arriver mon ami
Stéphane Lacroix en compagnie de
sa fille Léanne qui tenaient une
banderole sur laquelle on
pouvait lire : Daniel Lequin,
100e marathon, j’ai perdu le
contrôle et je me suis laissé
aller. L’annonceur-maison qui
relatait mon arrivée, les cris
des nombreux spectateurs, un
sentiment de fierté est venu
m’envahir pour couronner cet
accomplissement.
Je suis tombé dans les bras de
Maxim pour le remercier de tout
le travail qu’il avait réalisé
pendant le marathon, que je lui
devais une fière chandelle pour
cette contribution qui a
réellement fait une grande
différence. En un mot, il aura
joué le rôle d’un ange gardien.
Merci à ceux et celles qui m’ont
appuyé, merci pour votre
présence, vos encouragements et
votre soutien tout au long de ce
42km. J’ai pu ressentir votre
amour, ce qui m’a fait grand
bien.
J’ai écris ce texte avec encore
cette fébrilité à fleur de peau
et vous comprendrez que je me
retrouverai sur ce beau nuage
pour encore plusieurs jours.
STATISTIQUES DE MON 100e
MARATHON
Temps : 4h23 :59
Classement : 743 sur 1128
Catégorie d’âge : 10 sur 17
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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