Malgré une
blessure, Maxim Martin persévère
et termine son marathon !
Je me répète. Les marathons
diffèrent entre eux. Impossible
de savoir comment ils se
dérouleront. Depuis que je les
cours, je ne peux affirmer qu’au
moins un a été traversé dans la
facilité.
Pour mon 99e, je vis un
privilège car trois personnes
que j’aime sont présentes.
Ariane Gauthier, 23 ans, qui
vivra son premier. Fille d’un
excellent coureur avec qui j’ai
eu le plaisir de goûter à ce
sport durant quelques années, ne
peut plus courir aujourd’hui à
cause d’une opération à la
colonne vertébrale.
Inutile
de dire que la nervosité se
faisait sentir chez lui. Au
cours des dernières semaines,
Ariane et moi avons réalisé
plusieurs entraînements
ensemble.
Maxim Martin m’avait promis de
me suivre. Il y tenait. Il sera
là pour le 100e. Sa compagne,
Kathy St-Laurent, une excellente
athlète en vélo, qui a déjà
frôlé les standards olympiques,
affichait présente.
Et il y a eu ce retard au
départ. Près d’une heure à
poireauter parmi la foule, sans
bouger d’un iota, exception
faite pour un petit pipi à la
sauvette, le tout occasionné par
des problèmes techniques. Jamais
en vingt ans, je n’avais vécu
pareille attente. Lorsque nous
sommes finalement partis,
j’avais déjà les jambes raides
comme des barres de fer !
Tout se passe admirablement
bien. Kathy et Ariane jasent
souvent. Ils s’entendent à
merveille. Je vois que la
préparation d’Ariane est
adéquate. Son père a fait ses
devoirs… et elle aussi ! Alors
que je suis devant Maxim vers le
27e kilomètre, je décide de me
retourner pour voir s’il est
toujours derrière moi. Je
l’aperçois au loin, écrasé sur
l’asphalte, à quatre pattes, la
face contre la chaussée, en
plein milieu de la rue. Il
n’arrive plus à se relever. Un
policier lui apportera de l’aide
en lui demandant s’il va bien.
C’est le début du cauchemar pour
lui et plus on avancera dans les
kilomètres, plus le mal
persistera.
Il s’écrase à nouveau un peu
plus tard. Heureusement, Kathy
est tout près. Il souffre de
plus en plus. Pas question
d’abandonner. Il semble ne pas
vouloir entendre ce mot. À
plusieurs occasions, nous allons
marcher pour tenter de le
soulager.
Souvent, il nous dira de partir,
qu’il va le faire à son rythme.
Il est sûrement mal à l’aise.
Pas question de l’abandonner.
Personne ne veut partir. Nous
étions quatre au départ et nous
terminerons ensemble. Ariane et
Kathy laissent entrevoir encore
beaucoup d’énergie mais nous
faisons front commun.
Le courage de Max vient me
chercher. Il m’a dit au début de
la course qu’il avait participé
à une compétition le week-end
précédent. Considérant la
réalisation de son ironman à
Tremblant il y a un mois, je me
demandais où il pouvait puiser
toute cette force. Mais je le
sais, c’est un solide, très
solide.
Clairement, sa démarche est
déséquilibrée car il cherche à
compenser pour ses malaises.
J’apprends de la bouche de Kathy
qu’il ressentait des douleurs à
ce genou la veille lorsqu’il
descendait les marches d’un
escalier !
J’ai
déjà écrit que l’on voyait
souvent la vraie facette de
l’être humain lors d’un
marathon. Une fois de plus, cet
humoriste m’a convaincu par son
acharnement dans l’espoir de
pouvoir franchir le fil
d’arrivée.
De son côté, Ariane possède
assurément les gènes de son
père. Elle n’a pas fini de nous
impressionner. Elle sait
maintenant ce que représente un
marathon, elle y a goûté et le
temps n’est pas loin où elle
voudra revivre l’expérience.
Pour l’instant, elle devra se
consacrer à ses études, elle qui
étudie à l’université de
Trois-Rivières. Une jeune fille
sérieuse avec un bel avenir.
Enfin, quelle douceur et quelle
gentillesse cette Kathy,
toujours souriante, d’une
agréable compagnie, du vrai
bonbon cette femme, une vraie
perle, je vous dis.
Je ne cacherai pas que la
nervosité m’envahit depuis
quelque temps avec ces deux
derniers 42km. Je suis gâté. Je
me considère très chanceux de
pouvoir profiter d’expériences
semblables. Ces trois personnes
ignorent certainement
l’influence qu’elles ont pu
avoir à mon endroit.
Elles m’ont permis de poursuivre
mon rêve dans une période où je
reconnais mon insécurité. Merci
Ariane, merci Kathy et merci mon
précieux ami Maxim. On se revoit
à Québec, en espérant que tu
souffriras moins. Bravo à vous
trois.
La souffrance est éphémère mais
la satisfaction est éternelle.
Maxim Martin à donné un sens à
cette belle réflexion.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
|