Constat de
folie !
Je caressais ce projet depuis
longtemps.
Mes trois enfants ont quitté la
maison depuis plusieurs années
et ce n’est pas l’espace qui
manque. Ceux et celles qui ont
lu mon livre ont pu remarquer
que je ne suis pas du genre à
m’étaler.
Depuis le premier marathon,
j’avais empilé mes médailles sur
le coin d’un miroir sur un
bureau de ma chambre. Jamais en
20 ans, je ne les avais
déplacées ou simplement bougées.
Superstition ? Peut-être mais si
vous saviez comme je suis un
gars de principe. Exagération
parfois.
Alors, cette idée de me réserver
l’une des chambres des enfants
et de la transformer en une
sorte de petit temple personnel
afin que je puisse vraiment
réaliser ce que j’avais obtenu
en course à pied, me tracassait
l’esprit. J’ai hésité longtemps
avant de tout mettre en marche.
Et je me suis décidé durant la
période creuse que j’ai dû
traverser et que je vous ai
racontée dans mon dernier texte.
Vous auriez dû me voir lorsque
j’ai déménagé la pile de
médailles du coin de ce miroir !
Les rubans étaient collés les
uns sur les autres, tellement
ils avaient été figés dans le
temps. Je vous le dis, je
ressentais un malaise, comme si
je venais de détruire une
vieille tradition.
Mais que cela ne tienne, mon
projet valait la peine de voir
le jour, j’en étais convaincu
plus que jamais. Je crois que
j’étais rendu là dans ma vie.
Une inquiétude me chicotait
l’esprit. Avais-je pris le soin
de recueillir mes 100 médailles
durant les 20 dernières années ?
Car je dois vous dire qu’à mes
débuts, l’importance de ces
petites plaques s’avérait bien
relative à mes yeux. On me les
remettait et immédiatement à mon
retour à la maison, je prenais
l’habitude de les suspendre
après les avoir montrées à ma
mère lorsqu’elle vivait.
Et les photos, avais-je sauté
des tours ? Une autre peur mais
qui a rapidement quitté mon
esprit car j’avais pris les
moyens pour immortaliser mes 100
marathons. Ne restait plus que
les fameux dossards. Pour cet
aspect, je me doutais qu’il
allait en manquer. Rassuré par
les médailles et les photos, je
trouvais moins grave qu’il me
manque quelques dossards suite
au décompte. Et effectivement,
j’en cherche toujours quatre qui
reposent sûrement au fond d’un
tiroir, enfouis sous un
amoncellement de documents sur
une tablette ou je ne sais à
quel endroit.
C’est durant la période des
Fêtes que le projet a vu le
jour. J’en suis très fier.
Régulièrement, je défile devant
l’entrée de cette chambre et je
me surprends à entrer et à
contempler les murs.
Honnêtement, je me demande
comment j’ai pu traverser cette
période aussi intensivement et
avec une détermination hors du
commun.
Lorsque je regarde les photos,
les médailles, les dossards, des
souvenirs rejaillissent. Rien
n’a disparu dans mon esprit. Il
s’agit tout simplement de
prendre les moyens et le temps
pour les raviver. Depuis,
lorsqu’un ami coureur vient à la
maison, je me fais un devoir de
lui faire voir cette chambre qui
s’est quelque peu transformée en
panthéon pour moi.
Arrive des moments dans la vie
où nous devons nous arrêter pour
faire le point. Regarder en
arrière nous permet de nous
surprendre, de nous étonner
alors qu’à l’origine, nous ne
pensions à rien d’autre que
d’apprécier le moment présent.
De la pure folie, je vous le
dis.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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