L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

lundi 04 mai 2020

La nuit où j’ai cru que tout était fini !



Vous connaissez Valérie Sardin de RDS ?

Pas question de lui refuser une proposition, surtout quand ça concerne la course à pied !

Alors, voilà, elle m’a demandé de vous expliquer le changement que la course à pied a occasionné dans ma vie afin de souligner à ma façon la journée nationale du sport et de l’activité physique. C’est bien simple, ce sport a tout fait basculer en ce qui me concerne.

Impossible d’anticiper correctement les impacts futurs des décisions que nous prenons durant notre vie. Parfois, nous les regretterons mais dans le cas présent, disons que ce fut positif sur toute la ligne et cela même si ce sport aura suscité des bris majeurs durant mon existence. Comme on le dit si bien, la perfection n’existe pas dans ce monde et impossible de ne pas casser des œufs parfois.

Je vous explique.

La famille, les enfants, le travail, différentes préoccupations faisaient en sorte qu’un laisser-aller m’envahissait graduellement et dangereusement sur le plan de la condition physique à une certaine période de ma vie. Peu d’exercice, mauvaise alimentation, je représentais le candidat idéal à encaisser le choc si je ne me ressaisissais pas. Et parfois, il faut des avertissements, un fait qui surviendra pour nous effrayer et susciter une réaction de notre part.

C’est ce qui est arrivé pour moi une certaine nuit printanière où je me suis levé radicalement de mon lit, littéralement en panique, croyant fermement que je vivais mes dernières minutes. Je me devais de prendre l’air. Je suis sorti dehors et après quelques bouffées, je me suis juré que dès le lendemain, j’allais rectifier le tir. J’en tremblais tellement que la peur de quitter cette terre m’avait envahi.

Je me souviens de cette arrivée au gymnase. Je n’en menais pas large. Ébranlé et fragile sur bien des aspects, il fallait me prendre avec douceur et compréhension. Et c’est à ce moment qu’est apparue une personne qui a fait toute la différence. À chaque fois que je la vois d’ailleurs, et ce, 25 ans plus tard, je me fais un devoir de lui rappeler que si je cours aujourd’hui, c’est grâce à elle.

Éberluée, elle n’a jamais pu comprendre vraiment le poids de son intervention à ce moment-là. Josée Benoit m’a accueilli comme si elle avait perçu ma détresse à travers mes yeux, mon attitude en général. Son accueil a fait en sorte que j’ai pu m’ouvrir à cette nouvelle facette qui entrait dans ma vie.

Graduellement, j’ai découvert les bienfaits de l’entraînement et quelques semaines plus tard, de la course à pied, cette dernière qui allait devenir une drogue essentielle pour nourrir mon cerveau. J’ai dû patienter trois ans avant de pouvoir me convaincre que je pouvais courir un marathon et encore-là, vous ne pouvez vous imaginer comment ce monstre me faisait peur.

Oui, j’allais le vaincre mais je me souviens que quelques minutes à peine après avoir franchi le fil d’arrivée de mon premier marathon à Québec en 1999, j’avais confié à mon épouse que plus jamais j’allais rééditer pareille expérience, que je l’avais essayé, que je m’étais contenté et que maintenant, j’allais mettre cette réussite de côté.

Or, plus fort que moi, une petite voix incontrôlable m’invitait à revenir à la charge, je ne sais trop pourquoi. Me voilà aujourd’hui avec 100 marathons derrière la cravate, moi qui étais loin de présenter le profil du gars qui allait parvenir à atteindre cet objectif inimaginable dans mon esprit.

La course à pied a eu ses bienfaits mais elle aura également causé des torts irréparables dont certes le plus important, une séparation après 34 ans de vie commune avec la mère de mes enfants.

Aujourd’hui, lorsque je jette un coup d’œil au dessus de mon épaule derrière moi, je ne regrette absolument rien car j’estime qu’en quelque sorte, la course à pied m’a sauvé la vie au moment où je me dirigeais allégrement vers un suicide assisté, occasionné par un régime de vie déficient

Sans véritablement le savoir, la course à pied aura permis de prendre ma destinée en mains et de la conduire là où elle devait l’être, j’imagine..

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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