« En passant... »

Une équipe à faire lever!

 

            Ce n'est pas que j'aime particulièrement faire dans l'ironie facile, mais, lorsqu'on me tend une perche grosse comme le bras, je ne puis m'empêcher de la saisir à pleines mains, fût-elle commanditée par Pfizer, richissime fabricant du «remontant» miracle que l'on sait et qui a nom Viagra. Alors, voici… 

            Quels ne furent pas ma surprise et mon amusement, samedi soir dernier (15 février 2003), alors que je regardais distraitement le match de hockey all-Canadian opposant nos «Glorieux» aux «Huileux» d'Edmonotone! Oui! quel ne fut pas mon étonnement en apercevant le mot de Viagra, affiché en grosses lettres bleu «poudre» bien dodues[1] sur un segment précis, judicieusement choisi, de la structure érigée aux fins de délimitation de la surface de jeu (rappelons-le, on parle de hockey, pas de sexe)! Imaginez, il y avait Viagra d'écrit sur la clôture, en plein devant le banc du Canadien! Ça vous accroche le regard, une «affaire de même», autant, ma foi, qu'un hockey peut vous accrocher aux chevilles! 

Des gens portés sur la bande

            Cout'don! est-on à ce point obnubilé par la «bande» chez Pfizer qu'il faille investir celle du Centre Bell et nous plaquer dans la face un VIAGRA au look puissant à souhait avec ses lettres costaudes, lettres que, soit dit en passant, être moi-même concepteur publicitaire, j'aurais dotées de solides «empattements[2]» suggestifs (genre : VIAGRA), question de «faire image» encore plus auprès de la clientèle cible?! 

            Eh bien! qu'espérer, sinon que leur «truc» saura contribuer, mieux encore que le Ô Canada, à faire lever tous les membres de cette équipe dont le moral – entre autres choses – semble au bas fixe? 

Sept jours après… 

            S'agissait-il uniquement d'une apparition ponctuelle pour Viagra? Car, signe ou symbole patent de l'effet hélas passager de la p'tite bleue, le placard publicitaire était déjà disparu une semaine plus tard, alors que les fiers (?) porteurs de la Sainte-Flanelle accueillaient les Maple Leafs de Toronto-la-pas-si-pure. 

En tout cas, la «remontée» fut plutôt le fait des gros Bleus : menés 3 à 2 au milieu de la troisième et dernière période, ceux-ci ont marqué trois fois sans riposte pour terminer le match avec une priorité de deux buts. Quand la sirène a retenti, on l'avait entre les deux jambes, pis pas rien qu'à peu près, du côté du Bleu-Blanc-Rouge – la «débandade» totale, mes aïeux : disons que ça ne se bousculait pas à la sortie… dans les slips-coquilles de nos artistes du «gouret[3]»! Vite! qu'on fasse à nouveau donner de la rampe à Viagra, histoire de «redresser» le jeu de puissance[4] plutôt anémique et, avouons-le, franchement mou du Canadien, d'y redonner un peu de sa vigueur d'antan, quoi! Dans une cause aussi désespérée, toute stratégie ne devrait-elle pas être envisageable, y compris une «passe» de Viagra… par la bande?!? 

Mais attention! surtout ne pas forcer la dose! Car, par les temps qui courent, faut éviter à tout prix les infériorités numériques : c'est donc vraiment pas le moment de risquer de se voir infliger une pénalité pour bâton trop élevé…, ou encore pour un «six-pouces» (dardage)… 

            Je vous laisse sur cette pensée profonde d'un vieil ami à moi… qui, j'en suis sûr, saura se reconnaître : « En vieillissant, on a les raideurs qui changent de place, et, celles-là, malheureusement, elles durent! »… Il aurait pu ajouter que ces raideurs, on les traite à l'Antiphlogistine plutôt que de les provoquer à coups de Viagra derrière le col roulé. 

            Go! Habs go! 

Jean-Paul Lanouette
jplanouette@sympatico.ca

[1] Oups! j'ai bien failli me laissé aller à écrire «enflées» plutôt que «dodues»! C'eût été de mauvais goût, peut-être…
[2] Les empattements, ce sont ces «p'tits bouts qui dépassent»!
[3] Gouret, c'est le nom un peu beaucoup cucul que donnaient certains «bien-parlants» ou puristes québécois de jadis au hockey, ce bâton recourbé qu'en France on appelle… crosse (aucun rapport avec le Viagra, du moins je le suppose)!
[4] Certains, on le sait, préfèrent parler de jeu d'impuissance dans le cas du CH dernière cuvée, cette machine fort mal huilée qui, en vérité, n'a hélas plus grand-chose à voir avec la superbe troupe hockeyeuse de ma jeunesse.

mardi 04 mars 2003