No Surrender !
Lettre ouverte à Jacques Bertin



M. Jacques BERTIN
Policultures@wanadoo.fr  / Auteur - compositeur - interprète français, mais aussi auteur d'ouvrages, notamment d'un magnifique Roi heureux en hommage à Félix (qui aura disparu il y a vingt ans dans quelques jours à peine)


« En dix ans, ce canton retardé devient l'une des nations les plus avancées du monde.
Cette « Révolution tranquille » devrait nous faire baver, nous Français !
Car tandis que notre mai 68 n'est qu'une révolution imaginaire, médiatique,
bavasseuse et prétentieuse, celle-ci est réelle !
»
JB, 07-2008


Réf. : http://www.ledevoir.com/2008/07/16/197805.html  ou http://velen.chez-alice.fr/bertin/policult/49.htm

Salut à vous, Jacques Bertin, que je suis allé voir et entendre à maintes reprises en récital, au fil des ans : du Petit Champlain à l'auditorium Joseph-Lavergne de la bibliothèque Gabrielle-Roy, par les Oiseaux de passage, en capitale nationale, jusqu'à cette ville « française » de l'Ontario nommée... Orléans, dans les années quatre-vingt. Sans oublier Montréal, bien assurément.

Cela dit, en miroir je pense fréquemment à un autre grand Jacques (que je vous sais estimer également), dont ce sont les trente ans de la disparition que l'on commémorera très bientôt. Aussi. Ce qui nous ramène à une époque où la France (et la francité européenne de manière générale) savait apprécier ses talents. Que l'on entendait, voyait, rencontrait partout. Et avec bonheur. Car aujourd'hui la plus insignifiante des « tounes » anglo-américaines domine tout l'espace sonore public ; à telle enseigne qu'il est à croire que la France (mais ce n'est là qu'une illustration parmi cent, parmi mille) n'est plus française que de nom.

Et quoi encore, en ce qui regarde le millésime actuel...? Sinon les cinq ans de la mort de Pierre Bourgault, les dix ans de celle de Pauline Julien. Puis la trentaine adulte et désormais acquise de Starmania de Plamondon/Berger, l'Ostidcho maintenant quarantenaire (au diapason de la naissance du Parti Québécois et d'une « Saint-Jean », fameuse, conspuant Peter Elliott), la sexagénie (ou le génie sexy) de Refus Global en concomitance avec la Déclaration universelle des Droits de l'homme. Et enfin - cru extraordinaire de 1928 - le quatre-vingtième anniversaire de naissance de l'éternel jeunet Gilles Vigneault (mais aussi de Monique Leyrac, de Raymond Lévesque et de feu et regretté Gaston Miron).

Or pendant ce temps on célèbre les 400 ans de Civilisation française en Nouveau-Monde aux discours de la General Governor du Canada et des chants d'un Britannique (tout talentueux qu'il fût, ou qu'il eût été, par ailleurs) et des so groupes « québécois » The Stills et autres Pascale Picard Band ! L'Américaine Celine will follow, on n'en doute pas. Dans certains pays on ferait la Révolution pour moins qu'un pareil affront collectif - authentique déni national de Soi. Si tant est que celui-ci, ce pays, le nôtre, le seul que nous possédions, j'ai nommé Québec, ne se considérât pas lui-même, à ses propres yeux (« on » y travaille ferme, il faut dire), comme un vulgaire troupeau au sein duquel « le sens de la Fête » occulte en sixième vitesse tout le sens - puissant, racinal - inhérent à ce moment historique sans précédent.

Moment-fracture qui constitue en soi un stupéfiant et fabuleux pied-de-nez à cette Histoire qui le niait, ce peuple-là (depuis la British Army - Canadian too - jusqu'aux Pierre Elliott Trudeau, Stéphane Dion, André Pratte, Jean Charest et autres Gesca de notre temps), depuis son tout premier souffle dans la froidure et la misère blanche de l'hiver, la forêt inquiétante, souvent hostile, les insectes « carnivores » dans les étés expéditifs mais torrides, les autochtones pas toujours heureux de nous voir déposer pied sur les rives du Grand Fleuve, l'extrême solitude enfin.

Et le scorbut.
Bien entendu.

Reconnaissance à vous, Bertin, moins cousin que véritable frère du Québec, pour ce beau texte qui vous honore.

Jean-Luc Gouin,
http://lequebecetlafrancite.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/03/09/lettre-ouverte-au-president-de-la-republique-francaise.html
28 juillet 2008 (doux jour à toi, mère)

Jean-Luc Gouin

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