lundi 30 janvier 2012
Sorel-Tracy
est-elle vraiment la ville la
plus taxée?
- Patrick Gauthier
Réaction
aux propos de Michel Piché dans
l’opinion du lecteur du
Sorel-Tracy Express 24/01/2012
M. Michel Piché a
tenté de passer un TEST en taxe
municipale. Comme moi, j’imagine
qu’il a comme objectif
d’informer les citoyens,
cependant, je trouve que trop
souvent il coupe les coins ronds
pour tenter d’étayer ses propos.
La situation économique
Afin de réfléchir sur la
situation économique de la
ville, il faut prendre en compte
certaines réalités. Notre ville
est une des plus vieilles en
Amérique, par conséquent nous
devons nous attendre à devoir
supporter un fardeau d’entretien
qui s’y rattache, les
infrastructures telles que
système d’égout, d’aqueduc, voie
publique, dont nous nous sommes
dotés au fil des ans doivent
être entretenues. Rappelons-nous
que nous avons comme ville un
aréna majeur, une piscine
intérieure, un club de curling,
deux bibliothèques qui imposent
aussi des coûts d’entretien.
Regardons la situation des
revenus de la ville depuis la
fusion :
Année |
Revenu |
Écart |
Année |
Revenu |
Écart |
2001 |
35,059,680$ |
--- |
2002 |
36,692,582$ |
+4.86% |
2003 |
37,359,642$ |
+1.82% |
2004 |
37,366,184$ |
+0.02% |
2005 |
40,088,497$ |
+7.29% |
2006
|
40,150,491$ |
+0.15% |
2007 |
43,488,190$ |
+8.31% |
2008 |
45,991,728$ |
+5.76% |
2009 |
47,511,325$ |
+3.30% |
|
|
|
Une augmentation
des revenus de la ville, sur 9
ans, de 36 %. Lorsque vient le
temps de payer l’ensemble des
frais de la ville, les
administrateurs municipaux ont
deux choix, ils peuvent couper
dans les dépenses, ou ils
peuvent stimuler le
développement afin de favoriser
une augmentation des revenus.
Pourtant, notre taux de taxe n’a
pas augmenté de 36 % pour cette
même période. Ce qui prouverait
que le raisonnement simpliste de
M. Piché ne tient pas la route.
Les municipalités reçoivent donc
leurs revenus sous différentes
formes, non pas juste en
provenance des taxes sur les
immeubles résidentiels. Par
exemple à Sorel-Tracy,
l’évaluation uniformisée des
immeubles imposables est
d’environ 2milliards 300
millions. De ce montant, on
parle de 82 % de la somme qui
provient des immeubles
résidentiels.
Il faut savoir qu’à Sorel-Tracy
entre 2001 et 2009, la dette de
la ville de Sorel-Tracy a
augmenté de 13,478,439 $.
Cependant, pour cette même
période nous avons investi en
développement 65,584,092 $.
Certain bien pensant me diront
qu’on a donc investi pour
13millions et demi de trop, et
bien je vous dirai que vous
oubliez que dans le montant de
notre dette il faut tenir compte
que nous avons dû rembourser
pour le déficit actuariel plus
de 5 millions et pour
l’arbitrage sur le transfert du
fond de pension des anciens
policiers de la ville de Sorel
pour plus de 7 millions soit un
total de 12 millions. C’est donc
à dire que nous avons enrichi
notre collectivité de 65millions
pour 1 million de plus mis à la
dette.
Être l’une des plus vieilles
villes en Amérique, c’est une
fierté, mais ça vient aussi avec
une responsabilité collective de
la faire bien vieillir, sans
laisser porter le fardeau par
ceux qui nous suivront. Le coût
de cette responsabilité peut
paraître élevé, c’est pourquoi
il ne faut pas hésiter à
profiter au maximum de notre
capacité des programmes
gouvernementaux qui assument des
portions majeures des frais, en
nous laissant des outils de mise
en valeur de notre ville. Il
n’appartient qu’à nous de le
mettre en valeur en d’en tirer
profit pour ainsi bénéficier à
l’ensemble des citoyens.
Mais sommes-nous vraiment les
plus taxés?
Sur la simple base du taux de
taxe, une analyse bête
semblerait donner raison à M.
Piché. Il faut par contre savoir
que le taux de taxe n’est que le
facteur multiplicateur selon le
prix des maisons, donc plus une
maison a une valeur élevée, plus
le compte de taxe sera élevé. Il
existe donc un calcul selon le
MAMROT soit celui basé sur les
valeurs moyennes des propriétés
de chaque ville.
Monsieur Piché dans son analyse
utilise une propriété type de
150,000 $ ou de 200,000 $ aux
fins de calcul, cependant il ne
tient pas en compte la qualité
de la propriété. Sur le site
internet
www.sia.ca nous
pouvons aisément faire des
recherches de propriété à
vendre, voyons voir ce que nous
trouverons pour 150,000 $ disons
à Boucherville
Pour ce prix, selon SIA, il n’y
a pas de maison unifamiliale,
cependant il est possible de
trouver un condo, à 150,000 il y
en a un seul au moment où j’ai
fait la vérification, il s’agit
d’un 4½ de 830p.c. Selon les
chiffres avancés par l’agence
d’immeuble, il en couterait
seulement 1330$ de taxes
annuellement, mais il faut y
ajouter des frais de condo de
888$ annuellement, soit un total
de 2218. Donc environ 100$ de
moins qu’un bungalow à
Sorel-Tracy avec une cour privée
et la quiétude d’avoir une vraie
maison et pas un condo. Il faut
faire des choix dans la vie, et
celui de payer 10 $/mois pour
avoir une maison plutôt qu’un
condo me semble très convenable.
Nous pourrions aussi parler des
villes où le coût des propriétés
s’apparente plus à celui de
Sorel-Tracy tel que
Drummondville ou Alma, mais là
encore la comparaison ne
tiendrait pas la route. Dans le
cas de Drummondville la
provenance des revenus de taxes
des immeubles résidentiels ne
représente que 72% des taxes
totales perçues, donc les taxes
perçues pour les PME permettent
de réduire le fardeau des
particuliers. Dans le cas
d’Alma, on devrait fouiller
beaucoup plus loin pour vraiment
comparer, car entre autres cette
municipalité à son réseau
municipal d’électricité qui
génère un revenu brut de plus de
11millions par année.
En résumé, nous pourrions faire
dire au chiffre ce que nous
voulons, il me semble cependant
irresponsable de crier au loup
en prétendant que la ville de
Sorel-Tracy est la plus endettée
alors que notre situation n’est
ni mieux ni pire. Nous pouvons
viser l’excellence en voulant
être la mieux plutôt que dans le
milieu du peloton, j’en
conviens, mais nous devons
réaliser que la meilleure façon
de nous améliorer est de
maintenir un développement actif
en profitant des meilleures
opportunités nous permettant
d’améliorer la qualité de vie
des citoyens de la ville.
Si nous voulons réduire la
charge fiscale de chaque
citoyen, nous pouvons viser de
partager cette charge avec plus
de partenaires. Mais ce n’est
surement pas en tentant de
discréditer toute
l’administration publique que
nous pourrons nous démarquer!
Pour conclure, Non, notre ville
n’est pas la plus taxée, n’en
déplaise à Monsieur Piché, vous
me semblez avoir échoué votre
TEST!
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