vendredi 21 novembre 2014
Nous sommes
tous des immigrants selon
Philippe Couillard
Par Robert
Barberis-Gervais
Accompagné de
trois ministres féminines,
Philippe Couillard a rencontré
certains leaders de la
communauté musulmane. Sur la
Tribune libre du site web
Vigile.net, une arabe musulmane
laïque et démocrate, Mme Rakia
Fourati, a contesté le choix de
ces « leaders » qui a été fait
par le gouvernement en les
appelant « des leaders
autoproclamés ». Elle parlait de
Samira Laouni, voilée jusqu’au
coude inclusivement, qui a
utilisé un vocabulaire entendu
en France : « nous nous levons
pour dire non à la
stigmatisation, non à l’amalgame
» selon sa manière impétueuse
habituelle. Elle parlait d’Omhar
Koné, de la mosquée Al-Imane. On
ne sait pas ce qu’il enseigne
dans sa mosquée mais il réclame
la censure des sites webs
islamistes qui mènent les jeunes
à se radicaliser.
Rakia Fourati écrit en
s’adressant à Philippe Couillard
:
« Je ne suis ni radicale ni
intégriste. Contrairement à ceux
que vous avez reçus pour nous
représenter et déterminer notre
avenir, je ne prône pas la
charia. Je suis contre les
prêches dans les mosquées, je
suis pour l’égalité homme-femme
et je n’aime pas le
prosélytisme. (…) Monsieur
Couillard, avant-hier vous avez
offensé TOUS les musulmans
démocrates du monde arabe en
serrant la main à ces islamistes
que vous appelez « leaders ».
Nous savons tous, nous de la
communauté musulmane démocrate,
que les islamistes du Québec ont
travaillé pour la campagne
électorale du PLQ. Mais nous ne
savons pas si le PLQ a travaillé
dans le sens de nos intérêts.
Pourtant nos intérêts sont
simples. Nous voulons vivre dans
un Québec protecteur, neutre,
égalitaire, défenseur des droits
de la femme et gardien de la
démocratie et des droits
communs.
Monsieur
Couillard, vos démarches
m’inquiètent. Vous recevez des
intégristes pour lutter contre
l’intégrisme ? Vous recevez des
fondamentalistes responsables de
l’insécurité au Québec et vous
prétendez assurer la sécurité
des Québécois ? Vous recevez des
islamistes fauteurs de discorde
sociale et vous espérez apaiser
l’inquiétude de vos concitoyens
?
Vous recevez des radicaux pour
combattre le radicalisme ? Et
après tout ça vous pensez nous
convaincre que vous travaillez
pour notre bien ? (…) Ne croyez
vous pas plutôt monsieur
Couillard que c’est l’extrémisme
religieux qui entraîne
l’islamophobie ? Pensez-vous que
j’ai besoin de ces extrémistes
pour vivre ? Pour clore,
monsieur Couillard, si vous
voulez une loi pour combattre la
radicalisation religieuse et
l’intégrisme, changez de
conseillers et prenez des
musulmans démocrates, objectifs,
égalitaires, modérés,
impartiaux, pour résoudre les
problèmes et non des personnes
qui sont responsables de ces
problèmes."
Cette prise de position
courageuse et lucide est une
introduction à notre
intervention qui veut attirer
l’attention sur une partie ce
qu’a dit Philippe Couillard. Sur
cette rencontre avec des membres
de la communauté musulmane qui,
selon Mme Rakia Fourati, ne
représentent pas le grand nombre
de musulmans qui étaient
favorables à la Charte de la
laïcité, tous les reportages
télévisés ont montré le premier
ministre du Québec tenir des
propos qui nous ont fait
sursauter.
Voici ces propos. « La
communauté musulmane est la
bienvenue au Québec. On est tous
des Québécois et des
Québécoises. On est tous et
toutes venus d’ailleurs. Ma
famille aussi. C’est juste la
date d’arrivée qui change. » Ces
affirmations sont étonnantes de
la part d’un homme qui se
prétend féru d’histoire.
Cela nous a rappelé le fameux
sophisme de certains
multiculturalistes selon lequel
au Québec et au Canada « on est
tous des immigrants ». Il n’y a
plus de peuples fondateurs ni de
nation québécoise. On s’est
souvenu que cette façon de voir
les choses avait été
magistralement dénoncée par
Mathieu Bock-Côté.
Si nous sommes tous des
immigrants, pourquoi les
immigrants plus ou moins récents
auraient-ils un devoir
d’intégration à la société
d’accueil et à ses valeurs comme
la neutralité religieuse ou
l’égalité homme femme. N’est-ce
pas à la société d’accueil à
s’adapter et à accepter les
moeurs et coutumes des
immigrants et particulièrement
de leurs particularités plus ou
moins religieuses ? N’est-ce pas
à la société d’accueil d’adapter
ses institutions pour porter
vraiment son nom et accueillir
la « diversité » ?
Les
accommodements dits raisonnables
ne sont-ils pas le signe d’une
grande ouverture à l’autre,
immigrant comme nous, même si
c’est un immigrant récent. Les
accommodements ne sont-ils pas
la meilleure façon de faciliter
l’insertion du nouvel arrivant
par le respect sans réserve de
ce tout ce qu’il est.
À l’automne 2013, le
gouvernement Marois a présenté
un projet de Charte des valeurs
qui proposait un meilleur
encadrement des « accommodements
raisonnables », l’inscription de
l’égalité hommes/femmes dans la
Charte québécoise des droits de
la personne et qui interdisait,
au nom de la laïcité, les signes
religieux ostensibles chez les
employés de l’État. Tous les
multiculturalistes du Canada et
du Québec s’y sont opposés y
compris ces intégristes qui ont
été invités à rencontrer le chef
du Parti libéral qui, lui aussi,
s’y est opposé jusqu’à chasser
Fatima Houda-Pepin de son parti.
On a beau dénoncer l’idéologie
multiculturaliste de Philippe
Couillard, en pratique c’est
elle qui est appliquée par le
ministre de l’Education qui
permet que les écoles
hassidiques enseignent la Torah
toute la journée à condition que
les matières de base soient
enseignées à la maison. Comme le
dit Leonard Cohen dans sa
chanson, ce qu’a répété Yonanan
Lowen : « everybody knows it is
a joke ».
En effet, tout le monde sait que
c’est une mauvaise plaisanterie.
Yonana Lowen est un ancien
membre de la communauté
hassidique de Boisbriand, sur la
Rive-Nord qui réclame 1,2
million de dollars en dommages
et intérêts à la Direction de la
protection de la jeunesse, à la
Commission scolaire La
Seigneurie des Mille-Îles de
même qu’à une école et à un
collège hassidiques. Yonanan
Lowen reproche aux instances
gouvernementales de l’avoir
privé de l’éducation séculière
de base à laquelle il avait
droit, selon les lois
québécoises.
Aujourd’hui âgé de 37 ans, M.
Lowen soutient qu’il est dans
l’incapacité de se trouver un
emploi hors de la communauté
qu’il a décidé de quitter en
2010, en raison des manquements
de la DPJ, de la commission
scolaire et des écoles qu’il a
fréquentées. Il estime ainsi
avoir subi d’importants dommages
financiers.
M. Lowen a grandi au sein de la
communauté hassidique de
Boisbriand, où aucune des écoles
ne possède de permis du
ministère de l’Éducation. Il
souligne que, selon la Loi sur
l’instruction publique
québécoise, priver un enfant de
scolarisation équivaut à de la
maltraitance.
Il s’agit de cette communauté
qui a longtemps refusé de payer
sa taxe d’eau à la municipalité
de Boisbriand.
La minute de vérité va bientôt
sonner grâce à un juif du nom de
Yonann Lowen qui remet en
question de façon radicale
l’existence de certaines écoles
confessionnelles qui ne
respectent pas la Loi de
l’instruction publique. Ces
écoles sont tolérées depuis trop
longtemps au nom de l’idéologie
multiculturaliste
communautariste qui admet les
ghettos religieux qui nient
l’identité québécoise et
bafouent les valeurs de la
nation québécoise enracinées
dans l’histoire du Québec depuis
plus de quatre cents ans. Cette
poursuite va montrer les
contradictions du
multiculturalisme, une idéologie
qui conduit à un cul-de-sac et
qui est remise en question avec
raison un peu partout en
Occident.
En collaboration avec Marcelle
Viger.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
vendredi 21 novembre 2014
barberis@videotron.ca
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