lundi 20 octobre 2014
Réplique
cinglante de PKP à une motion
discriminatoire
par Robert
Barberis-Gervais
La CAQ a déposé
une motion à l'Assemblée
nationale qui stipule « qu'un
député ou un membre de sa
famille immédiate ne puisse
d'aucune façon détenir
directement ou indirectement la
majorité des actions ou une
position de contrôle dans une
entreprise médiatique ». La
motion a été adoptée par 84 voix
contre 22, sans abstention.
C'est, à sa face même, une
proposition discriminatoire aux
intentions politiques évidentes
qui sont camouflées derrière le
droit du public à une
information de qualité
c'est-à-dire honnête, complète
et la plus objective possible.
L'éthique est ici utilisée à des
fins politiques partisanes.
Avant que la motion ne soit
passée au vote, le 8 octobre au
matin, Pierre Karl Péladeau a
fait une conférence de presse
non suivie de questions où il a
lu, en français seulement, une
déclaration dont le texte
intégral est publié ici en
annexe. On peut voir PKP dans la
section vidéos sur le site web
de l'Assemblée nationale.
Cette déclaration m'inspire les
réflexions suivantes. A quoi
sert la CAQ? On savait que
Lucien Bouchard avait suggéré à
François Legault de fonder un
parti politique pour diviser le
vote francophone et ainsi nuire
au Parti québécois. Par cette
volonté de nuire à un homme
politique au début de sa
carrière d'homme d'Etat et qui
représente l'espoir des
indépendantistes, la CAQ vient
de montrer son vrai visage. Et
ce n'est pas beau à voir. Les
caquistes ont peur de se faire
rayer de la carte.
La motion qui a été adoptée ne
vise pas un ministre ou un chef
de parti: elle vise un député.
PKP a donc raison de conclure
que «la partisanerie outrancière
et déplorable de cette motion
dépasse les limites du respect
que nous devons tous aux
institutions démocratiques. En
vertu du principe sous-jacent
que l'on y retrouve, une porte
grande ouverte serait dorénavant
là pour déterminer qui peut et
qui ne peut pas se présenter
devant la population et être élu
pour remplir cette noble
fonction de député. Je suis
actuellement député de
Saint-Jérôme et n'ai nul autre
statut. Je souhaite accomplir ma
tâche tel que l'ont souhaité les
électeurs de Saint-Jérôme.»
PKP prend deux engagements. Le
premier engagement: «Si je me
portais candidat et que les
militants du Parti québécois me
choisissent comme chef du parti
et, par voie de conséquence,
comme chef de l'opposition
officielle, je peux vous assurer
que je mettrai en fiducie, sans
droit de regard, les actions que
je détiens dans Québecor, et ce,
alors que la loi ne m'y oblige
d'aucune façon puisqu'à titre de
député j'applique la loi en
vertu du code d'éthique et de
déontologie.»
Le second engagement: «De plus,
alors que, durant ma vie de
dirigeant d'entreprise, je
n'intervenais pas dans le
contenu rédactionnel des
journaux ou des autres médias
d'information de l'entreprise
que j'ai eu le privilège de
diriger, je ferai également, au
moment opportun, une déclaration
sur l'honneur, dans laquelle je
m'engagerai solennellement à ne
jamais intervenir dans le
contenu éditorial des médias
d'information de quelque manière
que ce soit.»
La déclaration de Pierre Karl
Péladeau est impeccable. Elle se
caractérise par sa clarté, sa
fermeté, sa pertinence et sa
dignité. Elle est à l'image du
député de St-Jérôme. Or, il faut
le noter, elle a été faite en
français seulement. Quand Pierre
Karl Péladeau présentera sa
candidature pour devenir chef du
Parti québécois, ne serait-il
pas souhaitable qu'il fasse sa
déclaration en français
seulement! Le français est la
langue officielle du Québec. La
loi 101 dit que le français doit
être la langue de travail au
Québec et que le français doit
être la langue commune à tous
les Québécois. Quand un homme ou
une femme politique rencontre
les journalistes, il est au
travail. Il devrait donner
l'exemple et s'adresser aux
journalistes en français et en
français seulement. Que les
journalistes anglophones (qui
savent le français…) qui
s'amusaient avec l'anglais
approximatif de Pauline Marois
comprennent que ce temps-là est
fini. Pierre Karl Péladeau parle
bien l'anglais. Là n'est pas la
question. Ce n'est pas une
affaire personnelle: c'est une
affaire d'Etat.
En conclusion, PKP a dit: «En
tout état de cause, je
continuerai à aimer mon pays, à
défendre ses intérêts, sa
richesse culturelle, sa langue
et de garder ma volonté et ma
détermination de faire du Québec
un pays.» La meilleure façon de
défendre la langue française
c'est de la parler dans
l'exercice de ses fonctions
officielles d'homme politique
qui aspire à créer un pays où la
langue commune sera le français.
Robert Barberis-Gervais, Vieux
Longueuil, 20 octobre 2014
En annexe: Document
Point de presse de M. Pierre
Karl Péladeau, député de
Saint-Jérôme
Le mercredi 8 octobre 2014, 9 h
30
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
Hôtel du Parlement
M. Péladeau : Bonjour à vous
tous et à vous toutes.
J'apprécierais vous faire la
déclaration suivante.
Le 7 avril dernier, j'ai eu le
privilège d'être élu député de
Saint-Jérôme par les citoyens de
cette circonscription que
j'affectionne énormément. La
population de Saint-Jérôme a
décidé de me faire confiance
pour les représenter à
l'Assemblée nationale du Québec,
institution si chère à notre
système démocratique. Depuis mon
arrivée à cette honorable
Chambre et mon statut de
représentant de la population de
mon comté, j'effectue mon
travail le plus efficacement
possible, alors que, vous le
savez, j'ai passé plus de 28 ans
pour une entreprise dont la
grande majorité des Québécois
sont fiers. J'avoue qu'il s'agit
d'un nouvel environnement pour
moi ainsi que d'une nouvelle
vie. Dois-je également vous
rappeler que le choix des
électeurs de Saint-Jérôme a été
fait en toute connaissance de
cause de mes antécédents
professionnels et ma situation
personnelle?
Aujourd'hui, une motion
parlementaire présentée par
François Legault me vise
personnellement et tente de
m'empêcher à envisager
l'hypothèse d'occuper davantage
de responsabilités auprès de la
population du Québec. En vertu
de la loi, que je respecte
scrupuleusement, je n'ai pas à
choisir entre le choix que j'ai
fait de représenter les citoyens
de mon comté à l'Assemblée
nationale du Québec et la
détention du patrimoine qui m'a
été légué par mon père, Pierre
Péladeau, pour lequel, comme un
grand nombre d'autres citoyens
québécois, j'ai un immense
respect et une très grande
estime.
Il a été l'illustration parfaite
de cette volonté que les
Québécois peuvent réussir
également dans le monde des
affaires et que nous pouvons
nous affirmer dans la sphère
économique. Il fut pour moi une
source d'inspiration phénoménale
que je souhaite également léguer
à mes enfants pour qu'ils
poursuivent un jour, s'ils le
souhaitent, l'émancipation
économique des Québécois.
La partisanerie outrancière et
déplorable de cette motion
dépasse les limites du respect
que nous devons tous aux
institutions démocratiques. En
vertu du principe sous-jacent
que l'on y retrouve, une porte
grande ouverte serait dorénavant
là pour déterminer qui peut et
qui ne peut pas se présenter
devant la population et être élu
pour remplir cette noble
fonction de député. Je suis
actuellement député de
Saint-Jérôme et n'ai nul autre
statut. Je souhaite accomplir ma
tâche tel que l'ont souhaité les
électeurs de Saint-Jérôme.
Nous ne pouvons pas ignorer
qu'une course à la direction
sera bientôt engagée au Parti
québécois. À l'instant où je
m'adresse à vous, je ne suis pas
candidat. Je dois avouer que je
n'avais pas envisagé le scénario
que fut le 7 avril. Je dois
toutefois aujourd'hui y
réfléchir et je peux vous dire
que ma réflexion est ouverte. La
décision de me présenter ou non
à la chefferie n'est pas prise.
Si je me portais candidat et que
les militants du Parti québécois
me choisissent comme chef du
parti et, par voie de
conséquence, comme chef de
l'opposition officielle, je peux
vous assurer que je mettrai en
fiducie, sans droit de regard,
les actions que je détiens dans
Québecor, et ce, alors que la
loi ne m'y oblige d'aucune façon
puisqu'à titre de député
j'applique la loi en vertu du
code d'éthique et de
déontologie.
De plus, alors que, durant ma
vie de dirigeant d'entreprise,
je n'intervenais pas dans le
contenu rédactionnel des
journaux ou des autres médias
d'information de l'entreprise
que j'ai eu le privilège de
diriger, je ferai également, au
moment opportun, une déclaration
sur l'honneur, dans laquelle je
m'engagerai solennellement à ne
jamais intervenir dans le
contenu éditorial des médias
d'information de quelque manière
que ce soit.
En tout état de cause, je
continuerai à aimer mon pays, à
défendre ses intérêts, sa
richesse culturelle, sa langue
et de garder ma volonté et ma
détermination de faire du Québec
un pays. Merci beaucoup.
Pierre Karl Péladeau, Québec, 8
octobre 2014
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 20 octobre 2014
barberis@videotron.ca
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