LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 28 juillet 2015 15:24

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NÉCROLOGIE

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Robert
Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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mardi 28 juillet 2015

Une exposition exceptionnelle sur Germaine Guèvremont
par Robert Barberis-Gervais

Je ne suis pas le premier à le dire. Dans Les 2-Rives-La Voix, le 17 juillet 2015, la journaliste chevronnée Louise-Grégoire Racicot en a fait une belle description sous le titre: "Découvrir Germaine Guèvremont au biophare".
Voici la référence: Découvrir Germaine Guèvremont au Biophare

Dans le Journal de Montréal du 10 juillet 2015, Alain Demers a été enchanté de sa visite à Sorel où il est allé mangé de la gibelotte chez Colette Chabot (une de mes anciennes élèves…) après avoir vu ce qu'il a qualifié "un bijou d'exposition". Voici la référence: Au pays du Survenant

Sauf erreur, comme dirait mon ex-collègue et ami syndicaliste et professeur d'anglais Pierre Girouard, La Presse et Le Devoir "dorment au gaz" puisqu'ils n'ont pas parlé de cette exposition. Ils pourraient réparer cette lacune en publiant le présent texte.

Car, en effet, il faut signaler cette exposition exceptionnelle sur Germaine Guèvremont et le Survenant où tout ce qui regarde la vie de Germaine Guèvremont et son oeuvre est présenté avec goût et avec créativité. Comme professeur de littérature au collège de Sorel-Tracy, j'ai étudié avec mes élèves les deux romans de Germaine Guèvremont, "Le Survenant" et "Marie-Didace" qui, au fond n'en font qu'un. En effet, j'avais donné à mes élèves de bureautique le sujet suivant: "Vous écrivez au plus grand éditeur français Gallimard les raisons qui motivent la publication en un seul livre des deux romans de la Québécoise Germaine Guèvremont." Il s'agissait de montrer que "Marie Didace" est la suite du "Survenant": mêmes lieux, mêmes personnages, même thème de l'étranger incarné d'abord par le "grand-dieu-des-routes" puis par l'Acayenne que Phonsine appelle avec dédain "la morue". Jules Gagnon et Anne Capistran, à l'accueil, m'ont d'ailleurs signalé qu'il existe une édition du "Survenant" qui se termine par le récit de la mort de Didace, "la dernière confession du Père Didace", texte qui se trouve dans "Marie-Didace". Après la réforme de 1992 jusqu'à ma retraite en 2005, je passais ce texte à mes élèves et je m'en servais pour fournir un modèle de la technique d'analyse littéraire. A mesure que ces jeunes lisaient le texte qui est un chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, on sentait l'émotion monter dans la classe, une émotion semblable à celle observée à la lecture du "Testament politique" du patriote Chevalier De Lorimier écrit de sa prison avant sa pendaison par les Anglais en 1837.

Avec des écouteurs, on peut entendre et voir une entrevue donnée par Michel Poulos, le petit-fils de Germaine Guèvremont, qui a eu la chance inouïe de voir sa grand-mère pleurer et sangloter longuement dans son chalet de l'Ilette du Pé: c'était le jour même où elle venait d'écrire "la dernière confession du Père Didace", un authentique Sorelois cultivateur et grand chasseur devant l'Eternel si bien incarné à la télévison par Ovila Légaré puis, plus récemment, par Gilles Renaud, dans le film réalisé par Eric Canuel en 2005.

Mais pour moi, la révélation de cette exposition sur un auteur que je connais bien, ce sont les six panneaux en acrylique sur bois gravé de Julie Lambert intitulés "Le Survenant, espoir et menace". Qu'il faut contempler longuement et qu'on peut revoir sur le site web de Julie Lambert dont voici la référence: Le survenant - site de Julie Lambert

Je n'ai qu'un seul mot pour qualifier cette oeuvre d'art: magnifique. Pour une analyse de son contenu voir ; Julie Lambert réalise une œuvre pour l'exposition Germaine

Une exposition à la hauteur de l'oeuvre de Germaine Guèvremont réalisée par des gens qui ont une grande sensibilité, Marc Mineau et Anne-Marie Dulude (et leurs collaborateurs) qui a aussi réalisé la brochure de grande qualité qui l'accompagne.

C'était le début de mes vacances continuées ce midi-là chez Marc Beauchemin où mon ancienne élève Colette Chabot nous a servi à ma femme et moi une gibelotte succulente tout en vérifiant ses finances sur une machine à calculer. Je n'ai jamais oublié Colette, une personne qui aime se donner des défis, à cause de son intervention en classe au cours de ses études collégiales qui se sont étendues sur quatorze ans, un record à homologuer dans le livre Guiness. Une femme dans la quarantaine était assise en avant à gauche, sage comme une image. J'ai demandé si la princesse de Clèves couchait avec son mari après avoir eu le coup de foudre pour le duc de Nemours. Je disais qu'il y avait plusieurs chambres dans le château du prince de Clèves qui se plaignait du manque d'ardeur de sa jeune épouse. Sans avertissement, Colette s'exclama: "Quand une femme est mariée à un homme, elle couche avec: c'est ça le mariage". Inoubliable. Il fallut revenir au texte pour nuancer ce jugement péremptoire.

Chez Marc Beauchemin, devant Colette et Linda, j'en ai profité pour les inviter à lire "Marie Didace" qui est une oeuvre qui vit dans l'ombre du "Survenant". Je suis redevenu professeur pour quelques minutes en rappelant le début du roman: Phonsine est couchée et entend bardasser dans la cuisine: c'est l'Acayenne, la nouvelle femme du Père Didace qui est en train de prendre possession du territoire au désespoir de Phonsine. Le roman se termine par un meurtre. L'Acayenne est cardiaque et le médecin avertit Phonsine qu'elle doit manger léger. Avertie et sachant ce qu'elle faisait, Phonsine prépare du ragoût de boulettes que la gourmande Acayenne mangera pour précipiter la crise cardiaque. Phonsine, rongée de culpabilité, finira à moitié folle. Le roman se termine donc dans le drame où on recherche la coupable comme dans un roman policier. La haine de Phonsine aura conduit à sa conclusion logique: la mort de l'étrangère, "la morue".

En terminant, dans un chapitre de mon dernier livre intitulé "La gibelotte et autres essais", publié sur la Tribune libre de Vigile.  Québec, la directrice d'un collège raconte à sa manière l'histoire de deux poursuites en diffamation contre le syndicat des enseignants. Cela s'appelle "les confidences d'une femme trahie". Un des enseignants qui collabora avec l'administration fut gratifié du nom fictif d'Amable Beausapin en souvenir d'Amable, le fils dont le Père Didace est grandement déçu. Cela voulait tout dire.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mardi 28 juillet 2015
barberis@videotron.ca

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