Le Bâtiment H et
le pont Sorel-Tracy-Lanoraie :
la fin d'un mythe
Par
Jocelyn Daneau
Dans le
contexte de la volonté
clairement exprimée par la
population du comté de Richelieu
quant à la construction d'un
pont entre Sorel-Tracy et
Lanoraie à l'horizon 2028 et de
l'engagement ferme de M. Luc
Poirier de construire cet
ouvrage, il est véhiculé depuis
trop longtemps par notre classe
politique et les responsables de
notre développement économique,
qu'il y a impossibilité d'aller
de l'avant à cause de la
réglementation en vigueur au
Québec et au Canada. Pour
ceux-ci, il n'est pas dans les
façons de faire de permettre la
réalisation d'un projet privé
sur des terres publiques.
Ce
paradigme a donné comme
résultat que la MRC Pierre-De
Saurel a refusé de financer le
23 août 2018, au coût de
15 000 $, un simple forage
géotechnique en appui au projet
de pont. Ce qui a aussi fait
dire publiquement au nouveau
député de Richelieu,
M. Jean-Bernard Émond le 20
novembre 2018, lequel a fait une
partie de sa campagne électorale
sur ce projet, qu'il ne serait
pas le « nouveau
porte-étendard du pont ».
Rappelons
que dans une
lettre ouverte
en date du 12 septembre 2018,
l'auteur de la présente
indiquait clairement que
l'argument réglementaire à la
base de l'inaction de notre
classe politique ne tenait pas
la route. Pour l'occasion, il
était mentionné que
l'offre de M. Luc Poirier à
l'automne 2015 était innovante
au sens où elle nécessitait, à
l'intérieur des cadres
réglementaires québécois et
canadien, d'en interpréter les
exigences pour les adapter à la
proposition du promoteur et non
pas l'inverse. Pour l'occasion,
2 exemples étaient fournis aux
lecteurs. Le premier portait sur
la construction du Centre
Vidéotron à Québec qui a
nécessité un projet de loi
privée de l'Assemblée
nationale.
Le
second portait sur le projet de
rénovation du Bâtiment H
(Héliport) en 2017 au coût de
1,2 M$ dans le secteur Sorel à
proximité du quai Catherine-Legardeur.
Lequel avait été présenté comme
une simple « Mise à niveau »
mais qui s'était terminée en
reconstruction complète de cet
ancien garage, pour accueillir
une installation de restauration
de luxe au bénéfice d'un
promoteur privé.
Dans
ce contexte, j'indiquais aux
lecteurs que la ville de
Sorel-Tracy pour mener à bien ce
projet, avait usé d'une
interprétation large de
l'article 28 de la Loi
sur les cités et les villes
qui se libelle ainsi : « Sauf
disposition contraire, il est
interdit à toute municipalité
d’acquérir ou de construire un
bien principalement aux fins de
le louer. » Autrement dit,
si la ville de Sorel-Tracy avait
le privilège d'interpréter un
article important de cette loi
pour favoriser l'un de ses
projets, il n'y avait aucune
raison de ne pas tenter de faire
à l'identique dans le cas de
l'offre Poirier; ce que notre
classe politique s'interdit de
faire jusqu'à maintenant pour
des raisons qui relèvent de mon
incompréhension.
C'est
ainsi qu'en janvier 2017, un
citoyen de Sorel-Tracy a déposé
une plainte auprès du
Commissaire à l'intégrité
municipale et aux enquêtes
du Ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation (MAMH)
relativement à la conformité
réglementaire des travaux au
Bâtiment H, en regard de
l'article 28. La
réponse
du MAMH est arrivée le 19
novembre 2018. Ainsi, après
avoir énuméré les faits, le
commissaire rappelle simplement
à la ville de Sorel-Tracy, le
libellé de l'article 28. Ce
faisant, le commissaire indique
implicitement que la ville
contrevient à la Loi sur les
cités et les villes mais du même
souffle, ne stipule aucune
conséquence c.-à-d. aucune
sanction.
Ce
qu'il faut comprendre de la
position du MAMH, c'est que
devant le fait accompli, le
dossier est clos.
Alors, est-ce que dans le cadre
du projet de construction d'un
pont entre Sorel-Tracy et
Lanoraie à l'horizon 2028, ce
laxisme du MAMH quant aux
conséquences indique que nous
pouvons faire venir les « bulldozers »
sur le bord du fleuve, commencer
la construction pour ensuite
mettre tout le monde devant le
fait accompli? Naturellement,
au-delà du sarcasme, la réponse
est non.
Par
contre, ce que le MAMH nous
indique, comme l'auteur de cette
lettre ouverte le mentionne
depuis longtemps : il y a de
l'espace dans la réglementation
pour favoriser la réalisation
d'un projet privé sur des terres
publiques, y incluant sur le
fleuve Saint-Laurent.
Ne
pas l'admettre et ne pas en
prendre acte pour la classe
politique dans Richelieu serait
une grave erreur, en termes de
développement socio-économique
et surtout, un déni important de
la volonté populaire pour un
projet dont l'acceptabilité
sociale ne fait aucun doute.
Conclusion : La position du MAMH
dans le dossier du Bâtiment H
nous indique qu'il y a une marge
de manoeuvre dans la
réglementation au Québec et
probablement dans un cadre
fédéral, pour réaliser le projet
de pont sur la base d'un
financement privé. Ce faisant,
l'argument réglementaire pour
justifier l'absence d'un
leadership responsable de la
ville de Sorel-Tracy, de la MRC
Pierre-De Saurel, de la Chambre
de commerce et d'industrie de
Sorel-Tracy et du député de
Richelieu M. Jean-Bernard Émond
(et de ses prédécesseurs) est
aujourd'hui et depuis toujours,
invalide.
Jocelyn Daneau,
jocelyndaneau@gmail.com |