J’étais en
nomination…
Par
André Champagne
Photo :
Stéphane Martin
Sorel-Tracy, samedi, 25 avril
2020 - Ce soir, devait être un
moment marquant dans pour mon
entreprise. Trois ans après
avoir quitté un emploi syndiqué,
stimulant et, dans une certaine
mesure, prestigieux, je devais
prendre part au Gala du mérite
économique de ma région.
En raison de la pandémie, il n’y
aura pas de gala ce soir…
Pas de nouveaux vêtements de
luxe, bien repassés. Pas de
cocktail VIP avec les autres
nommés. Pas de photos de tapis
rouge, mon épouse à mon bras,
dans sa belle robe…
Pas de discours. Pas de poignées
de mains avec les intervenants
régionaux. Pas de clins d’oeil
complices d’autres
entrepreneurs, fiers pour moi.
Pas de
« Bonne chance! »…
Pas de stress de voir le temps
passer si lentement avant
d’arriver à la catégorie
«
Travailleurs autonomes ».
Pas le coeur qui bat en
entendant ma nomination. Pas le
temps qui arrête pendant le
roulement de tambour…Le
défi de l’audace
Ma déception de ne pas vivre ce
grand moment n’est rien en
comparaison du défi qui attend
notre communauté
entrepreneuriale. Pour plusieurs
entreprises, la crise actuelle
sera fatale.
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Photo : NathB |
Faisant fi de la crise
actuelle, l’éternelle loi de
l’offre et la demande va
continuer de régner, comme elle
l’a toujours fait…
Or, la demande, elle, va
assurément changer. Et de façon
drastique! Nos besoins et
surtout nos critères de
sélection de produits et
services ne seront
vraisemblablement plus jamais
les mêmes…
L’offre va donc devoir
s’ajuster. Et rapidement! Les
entrepreneurs devront s’adapter
à cette nouvelle réalité.
L’astrophysicien québécois
Hubert Reeves le rappelle:
« La
faculté d'adaptation rend
l'esprit humain unique dans
l'ensemble des espèces vivantes
».
Les entreprises qui ne seront
pas en mesure de s’adapter -
voire celles qui tarderont à le
faire - risquent fort de
connaître le même sort que les
quelques 160 espèces qui ont été
déclarées éteintes par l'Union
internationale pour la
conservation de la nature (UICN),
entre 2010 et 2019 seulement.
Je suis heureux de voir, ici
comme ailleurs, des entreprises
innover et oser (obligées!)
faire les choses différemment.
Les prix qui devaient être remis
ce soir, lors du 35e Gala du
mérite économique s’appellent
«
Audace ». C’est
justement ce qu’il nous faudra
pour passer à travers cette
crise sanitaire, sociale et
économique…
Je nous en souhaite donc. Et je
sais que nous sommes capables
d’en avoir. Nous en avons eu
beaucoup, il y a longtemps, à
l’époque d’une autre période
trouble de l’histoire. Alors que
la guerre déchirait le monde,
des entrepreneurs ont saisi
l’opportunité ici. Le nom de
l’un d’entre eux avait justement
été donné aux prix de notre
gala, jusqu’à il y a quelques
années: Joseph-Simard.
Comme il y a 80 ans, nous sommes
en guerre. J’espère que nous
aurons l’audace de la gagner!
Ceci dit, j’ai un an pour
magasiner de beaux vêtements
pour le Gala du mérite
économique du 24 avril 2021…
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