Pré-texte à la présente :
" Tous les résidents des CHSLD ne seront pas testés ", écrivez-vous sans réserve, gens du Devoir.
Or il eût plutôt fallu écrire, stricto sensu :
" Les résidents des CHSLD ne seront pas tous testés " (ou contrôlés, tamisés, récolés...).
Logique sémantique élémentaire.
Erreur (ou maladresse, a minima) qui au surplus - le doux plaisir de jouer candidement les rossards ? - n'aura jamais été levée sur le site du journal, depuis ce 17 avril, par la rédaction de la Maison montréalaise de la rue Berri. Comme quoi, quant à la rigueur, le 8e étage freine à l'occasion sa course avant d'atteindre - tel un Icare des temps modernes - le 7e ciel de la clarté lumineuse du verbe.
Hélas, voilà une errance d'édition - somme toute relativement anodine, je n'en disconviens pas - qui ne représente que l'infime pointe d'iceberg témoignant de la piètre qualité linguistique qui prévaut au sein de la gent journalistique québécoise de notre temps. Dans son versant oral au premier chef
(...encore que. Le laborieux exercice de décryptage de sens réclamé aux internautes par le site numérique de TVA-Nouvelles, par exemple - bien que le journalisme écrit, de manière générale, restât effectivement de meilleure facture -, pourrait à lui-seul provoquer l'envie soudaine de s'abandonner à la bouteille à haut degré pour le reste, ou le solde, de notre vie. À consommer avec grande modération, donc. Les yeux grand'fermés de préférence. En français c'est bien, M. Péladeau. Certes. Mais en français conséquent et compréhensible, c'est tout de même mieux).
Or, à écouter actuellement les équipes de Radio-Canada/RDI et autres TVA/LCN ou Cogeco Média, mais aussi les journalistes du Soleil, de La Presse, de la Presse canadienne (PC) et du Devoir... un peu après 13 heures, tous les jours, ou presque, depuis quelque temps, on constate en effet que l'immense majorité des individus concernés, tous âges et tous sexes confondus par ailleurs, s'exprime à peine mieux que l'adolescent/e-type de notre époque.
Une langue terriblement bancale.
Dans toutes, mais absolument toutes ses dimensions.
Syntaxe hallucinante (on croirait parfois qu'il s'agit de mots jetés au hasard sur un billard. Et comprenne qui pourra), stupéfiante pauvreté de vocabulaire (et je ne parle pas ici exclusivement des verbes, toujours les mêmes : être, avoir, faire... Misère), barbarismes et solécismes à profusion, jusqu'à l'inintelligible même. Impropriétés de toutes sortes (aphérèses, apocopes, mâchouillement des syllabes, diphtongues maladroites... Alouette). Et mille autres travers et béquilles langagières aux quatre vents : répétitions de type infantile (" beaucoup, beaucoup, beaucoup / très, très, très... " comme si, en l'occasion, un unique superlatif [" extrêmement ", par exemple] n'était pas amplement suffisant. Et concis), ces " en fait / de fait ", ces " ...'y faut savoir / vous devez (!) savoir ", ces " finalement ", ces " en train de ", cet ineffable " à quelque part " (Vivement ! le fin limier qui découvrira où se terre ce lieu-dit - et redit - fort mystérieux...), ces " On s'entend que... ", ces " Je veux vous dire / C'que j'veux dire... " (mais dites-le, pardi ! Tout simplement), ces " Écoutez ! " (mais que fait donc l'auditeur, à votre avis, à l'instant même de votre prise de parole, messieurs/dames les diplômés des écoles de Journalisme...?), et autres accoudoirs (provisoires, en principe) de l'idiome d'un enfant en apprentissage... de la maîtrise de l'instrument suprême de son homo-sapience.
Help ! Help ! Help !
Frère Untel...
Il me faudrait la nuit entière, moi qui ne suis pourtant pas un Saussure, un Benveniste, un Grevisse ou un Bénac, ni même un apôtre résolu du style littéraire, ou soutenu, dans ce cadre spécifique, pour décliner tous ces égarements de la langue qui, heure après heure, jour après jour et heurt après heurt, à l'année longue, telles des injures, sont littéralement jetés - ces dits égarements - au visage de l'ensemble des membres de la collectivité. Et ce, sans jamais, jamais désarmer. Obstinément.
Sans compter, en prime, outre élocution douteuse au passage et intonation malavisée à l'occasion (on ne procède pas à un compte-rendu d'événement comme on joue Marcel Dubé, ou Claudel, mimiques à la clé comme dans les émissions de variétés), les bruits de bouche, les raclements de gorge (!), les " et cætera ", les " Hum... ", les " Ouais... " et les " Euuuh... " en abondance (Bonjour l'ex-radio-canadienne westmountaise Emmanuelle Latraverse), qui meublent constamment ce discours trop souvent confus. Approximatif au mieux.
Nom di Diou ! On trouvera même le moyen de confondre les genres masculin et féminin et de touiller le singulier avec le pluriel. Et les liaisons - mes très distingués z'amis - sont pour d'aucuns devenues les vestiges d'un autre âge. On se doute par ailleurs - des " at large " de la ministre McCann aux " exposure " de Richard Latendresse - que les anglicismes profitent, en filigrane, du chaos ambiant des mots pour s'infiltrer plus avant en cortex.
Mais consolons-nous, mes très chers frères : à l'oral l'orthographie hétérographe (ou non-orthodoxe, dirons-nous pudiquement) passe inaperçue. Ou inentendue.
Que déclarer en outre de ce fameux " -là " - aussi inutile que désespérément... désespérant, et devenu franchement insoutenable - en affixe d'un vocable dans presque chaque phrase énoncée : ce dossier-là, ces gens-là, cette politique-là, cet événement-là... Exaspérant. À la fin... Alors que le contexte de la phrase, ou du propos, sauf rares exceptions, rend la formule parfaitement superflue et, du coup, péniblement redondante. À force...
Nous en dirions autant de cet infâme " Ça ". Lequel pronom, démonstratif (par distinction de la lexie freudienne), annonce, avec la régularité d'horloger d'un mouflet de quatre ans, sur nos ondes et nos écrans, le Sujet passe-partout universel (ou quelquefois le Complément d'objet direct, ou indirect manière uppercut ?) de la petite poignée de verbes disponible à l'esprit de nos 'pros' de l'information.
On a depuis long de temps, au Québec (et ce n'est pas Claude Meunier qui, je pense, me contredira là-...dessus), troqué le toujours très efficace et structurant sujet-verbe-complément (des phrases complètes et articulées, est-ce donc mission impossible en pays des Fernand Dumont ???) pour le steak-blé d'Inde-patates.
Et que penser de ces manquements sidérants au décorum, et aux règles les plus élémentaires de la courtoisie, lorsque des journalistes (un certain Olivier Bossé, du Soleil, par exemple), comme s'ils ou elles s'adressaient à des potes devant un pot en buvette, lancent des " Bonjour vous trois... " et autres familiarités de même farine au Premier ministre du Québec, accompagné ponctuellement de ses lieutenants en cette période de détresse pandémiologique ? Pour ma part, je ne me vois pas, mais pas du tout, baiser la chevalière d'un pape ou m'incliner devant un monarque, qui ne doit son rang qu'au hasard de sa naissance (la méritocratie, si si Sissi !). Je n'éprouve pas non plus - bien que je respecte l'homme, a fortiori la fonction - une passion citoyenne particulière pour monsieur François Legault. Mais comme dirait Brel, messieurs/dames, au-delà de la matière il y a la manière.
Bref. Au final de ces dizaines et dizaines de " spécialistes de la communication ", tous réseaux et toutes chaînes confondus, qui agressent systématiquement et l'oreille et l'intelligence, les Anne-Marie Dussault (toute canado-déquébécisée que se soit révélée celle-ci - nulle n'est parfaite, voici pour le pot - depuis qu'elle a troqué Télé-Québec pour Canadian Broadcasting French), il faut bien le dire, voici pour la fleur, se comptent sur les doigts d'une seule main.
Horresco referens ! chanterait derechef Jacques Michel, le magnifique Témiscabitibien de... L'Isle d'Orléans. Que les moins de vingt, de quarante, de cinquante ans... risquent de ne pas connaître. Faute d'avoir été an American singer...
En clair : Pluie perpétuelle de déjections orales de tout un chacun sur tout un chacun.
Constat impitoyable et outrancier culminant dans l'hyperbole ?
Non point, gente dame de la Caracole. Ou était-ce plutôt de la Carmagnole ?
(Hormis, hélas, pour les roselunettés façon François Cardinal, Francine Pelletier, Marc Cassivi ou Frédéric Bérard, pour qui le réel, selon toute vraisemblance (sic), loge non pas devant mais derrière l'orthèse visuelle. La puissance de l'esprit, sans doute. Ou pensée magique... inversée : " Ce que je ne vois pas n'existe pas. ")
Impitoyable ? Non point. Dis-je.
Simplement en phase avec le pitoyable qui s'est emparé de la Cité.
Mais qu'apprend-t-on à la fin, dites-moi, dans les départements de Communication de nos universités, outre l'art de s'insérer un anneau dans les naseaux ou de se montrer très 'tendance' à la faveur des modes du jour (et point uniquement vestimentaires ou de coiffure) ??? Éloge de la grégarité panurgienne - allez y comprendre quelque chose (type de formation réactionnelle ?) - dans une dé/civilisation individualiste comme jamais dans l'Histoire de l'Humanité.
Rebref. Tout ceci est d'un tragique terrorisant au sein d'une société présumée moderne et instruite. Depuis plus d'une génération nous sortons de l'Université armés d'une langue par le truchement de laquelle il est rigoureusement impossible de penser. Clairement. En un mot : une langue d'enfants d'école. Disons-le sans détour : une langue affreusement primaire. Que l'on retrouve, et massivement, jusque dans l'enceinte de notre Assemblée Nationale. Quant à la très commune Chambre des Communes de nos voisins de géographie, voyez-vous... Nonobstant, il est vrai, les quelques rares Yves.-F. Blanchet ou Gilles Duceppe des lieux. D'hier ou d'aujourd'hui.
Et c'est singulièrement alarmant - qui ne le sait ? - aux portes des Facultés d'éducation... D'où émanent les instituteurs et les institutrices (dénommés 'professeurs des écoles' en France) qui, ensuite, des décennies durant (Aïe !), enseignent (Aïe !) (notamment le français... Aïe !) aux enfants de la Patrie. Appelons cela la dé-Formation pédagogique. Tout à la fois systémique et systématique. On sera abasourdi, par exemple, d'apprendre qu'une majorité d'enseignant/es au niveau collégial (les modules Littérature et Philosophie nullement en reste) serait absolument incapable (les Louis Cornellier constituant les rarissimes exceptions à la règle) de réussir les traditionnelles dictées que l'on proposait, naguère, dans la pourtant très modeste école publique - élémentaire - que je fréquentais à Tracy. Étant gamin.
Mais ne me croyez pas sur parole monsieur Roberge, ministre de l'Éducation du Québec (qui à l'évidence n'avez pas connu la même chance que d'autres à la loterie de la petite école) : Procédez aux vérifications sans tarder ! C'est par milliers que ces " profs " de cégep (appellation incontrôlée pour le coup) se retrouveraient illico aux... soins intensifs, à la faveur de cette pandémie d'une langue extraordinairement déglinguée. Mais dont personne ne s'inquiète. Hormis quelques hurluberlus (et autres Denise Bombardier, Gilles Vigneault, Charles Castonguay, Yves Beauchemin, Mathieu Bock-Coté, Victor-Lévy Beaulieu et Robert Laplante ou Gilles Proulx) de mon engeance.
C'est la mort dans l'âme que l'on doit une fois de plus corroborer le mot terrible de Gustave Thibon, que Jacques Dufresne (Il faut lire, cela dit sans passer de la pommade, son récent La raison et la vie, chez Liber) aime rappeler de temps à autre à notre souvenir : La perte de l'âme est indolore.
On ne supporte pas l'eau dans nos poumons. Non sans raison, certes.
Reste que 8,5 millions d'hydrocéphales, au juger, ne nous effraient pas le moins du monde.
Business as usual...
Qu'est-ce donc à dire dans les faits, et en dernière analyse ? Ceci : Tel un virus meurtrier, et implacable, l'extrême médiocrité se reproduit en boucle au sein de notre Maison nationale. En permanence. Sans coups férir. Et à coups de milliards, sire. Saisis dans les coffres du Trésor public de la Nation.
Cherchez l'erreur...
Cherchez bien.
Et nos ministres du politique, j'y insiste, ainsi qu'un grand nombre de nos médecins (spécialistes compris : sept, huit ou dix ans d'université n'y changent rigoureusement rien, exception faite d'un Karl Weiss de temps à autre), qui au surplus - ô formidable déchéance collective - se révèlent largement à l'avenant à cet égard. Les Camille Laurin, les Jean-François Lisée et les Denis Lazure, prenons acte, sont devenus des raretés. Introuvables. Qu'on s'empressera même - comme pour surenchérir dans ce travail (quasi jovial) d'aliénation de Soi - de congédier. Ou d'oublier.
Et ne parlons point, si possible, ou en secret seulement, de la qualité élocutoire de certain/es parmi le lot.
Ma propre mère, née en 1913 (ave Camus !), et qui avait à peine complété sa quatrième année, issue d'une famille extrêmement modeste de surcroît, s'exprimait avec plus de distinction - de diction aussi - que la plupart de ces " ados " (de 22 à 62 ans indistinctement) qui se targuent, aujourd'hui, d'informer le public. Chez TVA, à Radio-Canada ou ailleurs.
Cette SRC incidemment (ou CBFrench, si on préfère), à des années-lumière de son excellence de jadis. En dépit, il est vrai, de quelques notables éléments, disons, récupérables (on aura saisi, pour le coup, que je ne songe pas ici aux Jean-Philippe Wauthier, Maripier Morin ou Bianca Gervais, et autres coquilles similaires, en constante représentation, figurant au menu des saveurs évanescentes du jour).
Mais où sont donc les Madeleine Poulin, les Jean-Paul Nolet, les Guy Maufette, les Fernand Seguin, les Pierre Nadeau, les Gaétan Montreuil, les Henri Bergeron, les Suzanne Laberge, les Judith Jasmin, les Louis Martin, les Lise Payette, les Claude-Jean Devirieux, les Bernard Derome, les Wilfrid Lemoine, les René Lecavalier, les Richard Garneau et les... René Lévesque d'antan ?
De même que Pépinot et Capucine, ainsi que Bobino et Bobinette, pendant que j'y suis. Sans oublier Tante Lucille. Autant de personnages qui auront su naguère divertir - avec respect, sans complaisance ni moralisme, dans une langue impeccable qui plus est, mais jamais gourmée - les enfants de ma génération. Derrière un écran, soit dit en passant, qui ne nous assommait pas, littéralement, avec cinq fois soixante secondes de publicité à toutes les dix minutes. Parfois moins... Téléjournaux et Documentaires compris. Rébarbatif. Jusqu'à l'obscénité.
À vous dégoûter absolument - et définitivement - de la télévision. D'ailleurs quasi-exclusivement américaine (je parle ici d'une moyenne au regard de la télé - de toutes les télés en territoire québécois, mises à part les chaînes d'information continue - d'expression française). Télévision inondée de films et de téléséries (violents le plus souvent, et/ou d'un insipide à se taper la tête contre les murs) au sein de laquelle, en effet, les productions non-étatsuniennes ne dépassent guère, au total, les 20% de l'ensemble de la programmation. Toutes les chaînes françaises réunies, je dis bien, accessibles sur nos écrans. Ce sont là les chiffres atterrants d'un auto-colonialisme heureux. Sinon béat. Qui tomberaient sous les 5% si on retirait TV5, ARTV, TFO (!) et Télé-Québec du palmarès...
(APARTE -. On jurerait, ma foi, écouter ICI Musique - CBFX. Eh oui, et rien moins, l'antenne radiophonique "française" de Radio-Canada : le CBC Radio One auquel il est rajouté trois poussières et demie de français... À l'exemple de Radio Classique, à Québec et Montréal, dont les 97% du non-instrumental, i.e. plusieurs heures chaque jour, sont diffusés in english only. Au Québec, donc, 3% de français it's enough pour la DG des lieux, Hélène Fournier, ainsi que pour Claude-Michel Coallier, directeur de la programmation. Et je vous épargne au passage les propos mièvres et monocordes, d'un ennui accablant, en soirée, d'une certaine Catherine Laurin. Décidément, monsieur Jean-Pierre Coallier (papa du précédent), vous manquez, mais vraiment, à ces ondes où, mutatis mutandis, depuis votre départ, le mépris de la langue de Léo Ferré et de Claude Léveillée dispute allègrement au mauvais goût. Aussi je vous imagine plus qu'aisément - vous, JPC, amoureux transi depuis toujours de la grande chanson française, et fondateur de l'extraordinaire CFGL, à Laval, en 1968 (c'était avant l'ère du gangster Gilles Vaillancourt, à ne pas confondre avec Armand), millésime incidemment de la naissance de Gregory Charles, actuel propriétaire desdites stations Radio Classique... rachetées de vos propres mains en 2014 - aujourd'hui dévasté par votre propre progéniture. Par Mr Charle's too. Après déconstruction en bonne et due forme de vos prestigieuses réalisations - de Lelièvre et Brassens, sur l'Île Jésus, à Mozart et Rachmaninov [mais pas forcément Wagner ou Schœnberg, il est vrai...] en Longueuil - dans l'univers de la promotion et diffusion, en sol québécois, de la culture musicale et chansonnière de haute tenue)
Mais je m'égare. De l'objet spécifique de la présente. À savoir, cette langue maternelle, selon le mot magistral du Félix de L'alouette en colère, que l'on reconnaît moins que jamais. Cinquante ans plus tard...
Ainsi -. Quel fabuleux abîme nous sépare, en regard, du citoyen-type de la francienne Europe (toute puissamment anglaisée qu'elle soit par ailleurs. Elle aussi). Il suffit d'écouter les journaux télévisés, chaque jour sur TV5, de Suisse, de Belgique ou de France, voire de l'Afrique (!), pour se faire bercer, avec contentement, sinon délectation, par une langue limpide et concise (comment, je vous le demande, ne pas tomber sous le charme de la rigueur et du professionnalisme d'une Anne-Sophie Lepix, par exemple, chez France 2 - troublante de sobriété jusque dans ses tenues vestimentaires et sa gorge, nue, dépouillée de tout clinquant). Une langue à la fois intelligente dans le propos et intelligible dans la forme. Mélodie sans fausses notes aucunes. Ou très inhabituellement.
Politiques (que l'on nomme ici politiciens, par laxisme verbal : l'une de nos grandes spécialités, avec la poutine), médecins, journalistes confondus, ou simples quidams sur les trottoirs actuellement désertés, il est exceptionnel, en effet, en ces espaces médiatiques d'outre-mer, de se voir le témoin auditif d'un verbe qui ne soit pas supérieur aux " meilleurs " de nos propres échotiers de la nouvelle. Ou peu s'en faut.
Et que diriez-vous, citoyennes et citoyens sous les projecteurs de la vie publique, dr Horacio Arruda en particulier, quant à la fameuse courbe géométrique étayant l'évolution quantitative des cas affectés par la Covid-19, de troquer le peu séduisant aplatir pour le plus seyant aplanir ? En outre, permettez-moi de rappeler à votre souvenir que l'asymptote désigne, plus exactement, ce que l'on nomme très familièrement le pic de ladite courbe (on dira aussi la crête, le faîte, le sommet. Ou l'apex). Comment expliquer, d'autre part, le contresens qui n'échappe certainement à personne, lorsqu'il est fait mention, et à satiété, de la distanciation sociale ? Distanciation spatiale, ou physique, peut-être...? Au reste, au plan social n'est-il pas préférable, tout au contraire, en ces temps troublés, et en nos aires respectives de grande solitude, pour paraphraser Sardou, de privilégier les rapprochements ?
Idem - véritable exploit de l'incorrection généralisée - pour ces probabilités perpétuellement assimilées à la chance (1 chance sur x de rafler la mise, passe encore; mais 3 " chances " sur y de clamser, ou de 'choper' le virus, si on excepte le suicidaire velléitaire, c'est fort le café. Modestes recommandations : probabilités, possibilités, risques..., suivant le contexte de la communication). Il s'avère bien difficile, aussi, de ne pas s'insurger contre ce fâcheux quelqu'un (Somebody) que l'on entend en boucle, et qui est d'un vague confinant au rien (ou Nobody) ! Lequel vocable renvoie pourtant, plus précisément, c'est selon, à un individu, une personne, une femme, un travailleur, une enfant, un citoyen, que sais-je ? Et enfin, comment encaisser sans peine, et à répétition derechef, ce déplacement de sens pour le moins inélégant, de l'espace au temporel, dans l'usage de la locution adverbiale : en bas de (...soixante-dix ans, par exemple). Au-dessous, moins, en deçà (...de) ne constitueraient-ils pas des modes d'expression, disons, plus décents ? Déjà que nous confondons allègrement, ici, en terre des Michel Tremblay, bas et... chaussettes. Avant de les fourguer pêle-mêle dans la même bottine.
Rappel opportun à vous, dans les circonstances, qui par carence de sens dans le son crevez au moins autant les tympans, hélas, que vous ne grevez les ondes et les écrans : " Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde ".
Ajouter au malheur de ce monde... Qui en ces jours sombres pourrait disputer avec autorité cette formule de l'un des grands Albert du XXe siècle ?
Question en coda -. Comment, avec notre fabuleuse Révolution tranquille derrière la cravate, et des milliards à la clé investis dans l'Éducation et la Culture, année après année, depuis maintenant soixante ans, en sommes-nous venus - Nous, Peuple du Québec - à sombrer si bas (sic) dans ce qui constitue rien moins que l'essence même de l'Homme.
À savoir : l'incapacité, à toutes fins utiles, à maîtriser le langage.
Pandémie de l'esprit en déroute. En bonne voie, bel et bien, et ce dans l'indifférence générale, d'ethnocider ce Peuple français - et jadis fier - juché au Nord du Nord des Amériques.
Et les " maudits Anglais ", ne nous y trompons pas, n'y seront cette fois pour rien.
Ou si peu.
Jean-Luc Gouin
Banal citoyen du Pays de Pierre Bourgault. Et qui n'ignore pas, non sans regrets, ne pas posséder lui-même une langue " resserrée " de type (authentiquement) journalistique. Mais voilà déjà un tout autre problème, que ma tête plutôt philosophante, voire pesamment germanique à l'occasion (www.pulaval.com/auteurs/jean-luc-gouin : histoire, par souci de transparence, de laisser savoir, un peu, d'"où" je parle), n'abordera point à cette heure
Cela dit depuis la Cité de Québec, cette Journée nationale 2020 des Patriotes