dimanche 28 mars 2010
Chronique CD
Jimi Hendrix & Michel Cusson
Guitars heroes
Hélène Goulet
Collaboration spéciale
Pour cette
première chronique de disques
(dois-je plutôt parler de CD ?),
j’avais envie de parler de deux
de mes guitars heroes
préférés, soit Jimi Hendrix et
Michel Cusson.
Jimi Hendrix
Valleys
of Neptune
Jimi Hendrix,
vous le savez, est mort il y
aura bientôt 40 ans, en
septembre… Et comme Elvis
Presley, il fait plus d’argent
mort que vivant, puisqu’un
nouveau CD, Valleys of
Neptune, qui vient tout
juste de sortir, est
actuellement 3e
vendeur au palmarès des albums
de langue anglaise chez
Archambault.
Cet album est
constitué d’enregistrements du
guitariste effectués en 1969,
l’année précédant sa mort, et
qualifiée de « most
tumultuous year of his
celebrated life and career ».
Il est produit par Experience
Hendrix L.L.C., c’est-à-dire la
demi-sœur de Jimi Hendrix,
Janie.
Valleys of
Neptune
compte des titres souvent
méconnus, mais on reconnaît tout
de suite le son irrésistible du
guitariste qui reste, à ce jour,
une de mes grandes idoles. Selon
Janie Hendrix, les pièces
constituent des « sequels » du
plus achevé des albums de
Hendrix, Electric Ladyland.
Déjà, à cette
époque, Jimi Hendrix souhaitait
aller plus loin dans sa musique.
Grâce aux technologies
d’aujourd’hui, cet album nous
permet d’apprécier davantage le
grand talent du musicien
décidément mort trop jeune. Il
s’est en effet fait du bon
travail en ce qui concerne la
masterisation du matériel.
Le son est propre et clair.
Si nous faisons
quelques découvertes, qui
demeurent, toutefois, dans la
lignée de ce qu’on connaît du
style musical d’Hendrix, l’album
est également agrémenté de
relectures de certains
classiques tels Red House
(j’ai en stock au moins
deux-mille-douze versions de
cette pièce, toutes jouées par
Hendrix !), Hear my train a
comin’ (une des belles
versions, où Hendrix « scat »
dans son solo de guitare). Cela
dit, l’interprétation du
classique Fire est plus
convenue; la voix de Noel
Redding (supposément à l’arrière
plan, mais finalement un peu
trop à l’avant-plan), est
notamment un peu irritante.
Lover man
constitue par ailleurs un clin
d’œil à B.B. King, lit-on dans
l’excellent livret (en anglais
seulement) où est expliqué le
contexte dans lequel chaque
pièce a été enregistrée, avec
quels musiciens Hendrix a joué
pour l’occasion. On fait
également référence aux tensions
qui existaient à l’époque entre
Hendrix et son bassiste Noel
Redding.
J’aime aussi sa
version nerveuse et
instrumentale de Sunshine of
your love, de Cream, groupe
qu’Hendrix admirait. Joue sur
cet opus Rocki Dzidzornu, le
percussionniste qui a également
joué avec les Rolling Stones
dans le classique Sympathy
for the devil.
Bref, les
amateurs de Jimi Hendrix
voudront se procurer cet album
post mortem. Et les autres ?
Pourquoi pas, mais s’il s’agit
de découvrir sa musique, je
suggère plutôt Electric
Ladyland ou encore Live
at Woodstock.
Site de Jimi
Hendrix :
http://www.jimihendrix.com/ca/home
Cusson – une
autre voie
Café
Elektric
Le guitariste
québécois Michel Cusson, lui,
est pour sa part bien vivant.
Son plus récent album, Café
Elektric, nous fait
connaître sa collaboration avec
le chanteur Luck Merville et la
chanteuse Térez Montcalm.
J’ai toujours
aimé le musicien, compositeur et
guitariste Cusson, notamment
dans Uzeb, bien sûr, mais aussi
comme leader du Wild Unit. On
lui doit également, je vous le
rappelle, la trame sonore de la
célèbre série télévisée Omerta
et, il y a quelques années,
Cusson était sorti de ses
studios pour nous offrir
l’excellent spectacle (et album
assorti) Camino.
On le constate,
Michel Cusson est un artiste
éclectique, un touche-à-tout :
ses aventures musicales comptent
plus d’un camino*.
L’enregistrement
de l’album, on s’en doute, est
impeccable. L’apport de Mervil
et plus particulièrement la voix
sablée de Térez Montcalm sert
bien les propos musicaux de
Cusson. L’album est agréable à
écouter, la facture sonore est
moderne. J’y descelle même à
l’occasion quelque parenté avec
Radiohead, voire un
clin d’œil à Space Oddity
de David Bowie, même si nous
reconnaissons toujours la
sonorité propre du musicien. Cet
album confirme qu’en plus d’être
un excellent musicien, Michel
Cusson est un remarquable
compositeur qui ose explorer
différents sentiers.
Mais voilà, je
m’ennuie de Michel Cusson,
version guitar heroe,
moi. Il me manque, le
remarquable performer à la
guitare, si on excepte quelques
passages de l’album où enfin on
retrouve (un tout petit peu) le
guitariste solo dans toute sa
splendeur.
* CAMINO : mot
qui veut dire « chemin »
Site MySpace :
http://www.myspace.com/michelcusson |