C’était cette année la sixième édition de la Convention Terra Incognita, présentée encore au Centre d’Art La Chapelle à Québec, charmant petit endroit intimiste qui est très bien approprié à l’évènement.

C’est samedi le 15 Mai que débuta ce rendez-vous annuel des amateurs de musiques progressives et l’honneur de donner le coup d’envoie cette année a été attribué à Claire Vézina, auteure-compositeur de talent qui, avec son dernier album « Cyber Neptune » en a séduit plusieurs.

Claire nous a livré une performance honnête et sans faille ou sa performance vocale de même que ses habilités de musicienne furent remarqués de tous. Bien secondée par d’excellents musiciens, elle démontre une belle assurance sur scène où elle semble vraiment dans son élément. Bref, une belle façon de débuter cet évènement qui cette année nous a permis de voir sur scène six formations différentes.

Pour enchainer la jeune formation américaine EDENSONG a créé toute une surprise par son originalité autant que par l’exécution en elle-même et ce, aussi bien auprès de ceux qui les connaissaient déjà que de ceux qui les découvraient pour la première fois. Avec un seul CD à leur actif (The fruit fallen) cette formation présente une musique assez complexe avec à la source un savant mélange d’éléments électriques et acoustiques de même qu’une harmonieuse et marginale combinaison d’instruments.

C’est ainsi que guitare classique, flûte et violoncelle cohabitent en opposition aux riffs électriques et métalliques d’une guitare heavy et d’une section rythmique parfois assez pesante.  À tout cela s’ajoute de mélodiques passages voix/guitare tout en douceur nous transportant littéralement dans cet univers nuancé et tout en contraste d’EDENSONG.

Pour terminer cette soirée GALAHAD, illustre formation britannique du mouvement progressif nous en ont mis plein les yeux et plein les oreilles lors de cette prestation soulignant les 25 années d’existence du groupe. Stuart Nicholson et sa troupe y sont allés d’une performance énergique interprétant des pièces ici et là puisées d’un répertoire de près d’une dizaine d’albums.

Évidemment les pièces tirées du dernier « Empires never last » en 2007 ont obtenues l’effet désiré et c’est sans aucune surprise que leur succès monstre « Sleepers » fut chaudement acclamé.

Galahad nous ont aussi présenté quelques nouvelles compositions afin de nous mettre l’eau à la bouche, excusez! le son aux oreilles en vue du prochain CD. A noter que le groupe en était à sa deuxième visite à Québec en quelques années.

Alors vraiment une prestation de taille donnée par des « pros » qui semblent vraiment avoir encore le feu sacré pour ce genre musical.

Dimanche , c’est au tour du groupe Atreal de Montréal de nous livrer des extraits de son unique album « Hiver nordique ». Leur style s’apparente à ce que l’on appelle du Post Rock ; dans leur cas il s’agit ici d’un rock ambiant quelques fois légèrement planant où le poète et auteur-interprète Frédéric Comeau récite plutôt que de chanter ses textes, à la façon d’un Bernard Lavillier ou d’un Léonard Cohen par exemple.

Atréal nous ont aussi servi quelques nouvelles pièces qui devraient figurer sur leur prochain CD prévu dans environ 1 an. Une prestation qui aura plu à une bon nombre d’auditeurs mais qui en aura laissé d’autres sur leur appétit.

IZZ, formation de New-York ayant le vent dans les voiles depuis la parution de leur superbe « The darkened room » sorti en 2009 nous ont régalés de leur musique fortement influencée des années 70. 

Les frères Galgano (Paul et John) nous ont démontrés leur immense talent et le sens inouï de la mélodie qu’ils ont développés au fil des ans. De belles nappes de synthés, de superbes harmonies vocales sans oublier les somptueuses envolés à la guitare gracieuseté de Paul Bremner qui à plus d’une reprise m’a fait penser à Andy Latimer, constituent en fait les principales caractéristiques de ce groupe qui ne cesse de progresser.

IZZ existe depuis 1998 et possède à son actif 5 albums studio et un Live. Bien qu’ils aient puisés leurs pièces à travers l’ensemble de leur carrière celles tirées de leur dernier CD furent il me semble d’avantages appréciées. Notons entre autres, « Can’t feel the earth » et le sublime « 23 minutes of tragedy ». Bref, une formation en constante évolution que l’on devra surveiller de près car ils font dorénavant parti des ligues majeures. Belle surprise que leur prestation!

Et bien pendant que nos Canadiens se faisaient surclasser par Philadelphie et que Price avait remplacé Hallack dans le filet, sur les planches du Centre d’Art La Chapelle prenait place un mystérieux personnage au charisme indéniable, celui-là même qui avait littéralement hypnotisé l’audience au même endroit environ 1 an auparavant par sa prestation solitaire.  Cette fois-ci il n’était cependant plus solitaire, Il était DISCIPLINE.

Matthew Parmenter dans une forme resplendissante débuta son spectacle avec la pièce « Crutches » et il n’en fallut pas plus pour embarquer la foule qui presque religieusement du début à la fin était attentive à tout ce que pouvait nous offrir Discipline.

Ce fascinant personnage qu’est Parmenter avec Discipline bien sûr nous ont finalement offert une généreuse prestation intense et énergique alternant entre les nouvelles et les anciennes pièces de Discipline de même qu’une ou deux provenant de l’œuvre solo de Parmenter.

Les nouvelles compositions du groupe furent très bien accueillies et nombreux seront ceux qui vont impatiemment attendre la venue du nouveau CD. Peut-être que monsieur Parmenter pourrait venir lui-même en personne nous présenter son CD car n’y a-t-il pas quelque chose de magique entre Matthew Parmenter et Québec ???

Encore une belle fin de semaine de Prog musique. Un beau « happening » entre gens qui partagent une même passion et qui d’année en année tissent entre eux des liens d’amitié. Un évènement que l’on inscrit fièrement à l’agenda et dont on attend à chaque fois la programmation officielle avec un certain degré d’excitation.

Aussi un évènement qui exige beaucoup en temps et en énergie pour les organisateurs, alors un gros bravo à Michel et son équipe.

Réjean Charbonneau
LA FILIERE PROGRESSIVE