vendredi 11 février 2011
Bilan désolant
de la gestion des matières
résiduelles dans la MRC
Pierre-de-Saurel
Par Nicklaus
Davey
J’assistais hier
soir, en compagnie de ma douce
moitié, à une soirée
d’information sur la gestion des
matières résiduelles au Cégep de
Sorel-Tracy. Drôle de
préliminaire pour la St-Valentin
qui s’en vient vous me direz,
mais c’est que nous sommes tous
deux passionnés par ce genre
d’enjeu qui concerne directement
la pollution de notre
environnement. Ne vous inquiétez
pas, ce n’est pas parce qu’on
s’ennuie, c’est parce que nous
sommes géographes! Au même titre
que bien d’autres de notre
génération, nous sommes tous
deux des environnementalistes
engagés pour la cause depuis au
moins l’âge de conscience.
Avant d’arriver à Sorel en 2009,
tout ce que nous savions de
l’endroit était qu’il s’y
passait quelque chose autour du
thème du développement durable,
de l’agenda 21 local. Par
ailleurs, j’avais lu le
Survenant de Germaine Guèvremont
ainsi que les 100 îles du Lac
St-Pierre rédigé par mon
directeur aux études
supérieures, le Pr Rodolphe De
Koninck. En plus de faire
l’acquisition d’une
époustouflante (j’exagère un
peu) demeure pour y faire notre
nid, nous étions plutôt fascinés
à l’idée de se joindre à une
communauté en transformation.
Vous connaissez peut-être un peu
déjà le reste, M. Dauplaise a
été élu maire et tout à chavirer
dans le dossier de
l’environnement et combien
d’autres encore. Notons que le
changement de cap le plus
imprévisible s’est fait dans le
dossier névralgique de la
gestion des matières
résiduelles. En septembre 2010,
après avoir retenu mes
déceptions de voir un beau
projet collectif auquel je
souhaitais graduellement
m’adjoindre prendre le large,
j’ai sauté dans l’autobus
amphibie de Mme Bastiani (oui,
oui elle conduit des autobus
elle aussi!) et j’ai créé un
mouvement citoyen qui permet à
des gens comme moi de s’exprimer
sur ce qui se passe dans notre
communauté.
J’en reviens donc à la soirée du
10 février proposée par la Table
de concertation en environnement
du Bas-Richelieu. D’entrée de
jeu, l’un des organisateurs
prenait soin de nous dire qu’ils
auraient voulu organiser cette
soirée l’automne dernier alors
que le sort du PGMR (Plan de
Gestion des Matières
Résiduelles) de la MRC tombait
définitivement du côté de
l’enfouissement pour les quatre
prochaines années. Vous vous
rappelez? Le préfet Arel et son
collègue Marion ont démissionné
pour dénoncer la médiocrité de
ce changement de cap. En
rétrospective donc, s’aurait
effectivement été un meilleur
moment pour tenir une telle
soirée puisqu’il est désormais
trop tard (dans un contexte où
nous n’aurions, en théorie, pas
une minute à perdre dans le
dossier).
Nous avons entendu, au cours des
derniers mois, des détracteurs
du développement durable dans la
région nous dire que
l’enfouissement est une
excellente avenue puisqu’elle
nous fera économiser pas moins
de 70 millions de dollars sur 20
ans! Ça ne saurait être plus
faux. Il s’agit de prétentions
basées sur la mauvaise foi de
ceux qui ont développé une
fixation sur Conporec. Cette
aversion qui vient probablement
bien plus du fait qu’ils y ont
perdu de l’argent que du fait
des odeurs nauséabonds qui,
comme nous le disait M. Marcel
Fafard hier soir, se
confondaient plus souvent
qu’autrement avec les émanations
provenant de l’établissement
voisin – Kildair.
Tout ça est bien
dommage parce que l’ironie du
dossier est que finalement
Conporec commencerait peut-être
à devenir profitable et
foutrement profitable en plus!
Cette initiative datant du début
des années 90 est un des, si non
le premier exemple de
développement durable au Québec
dans le domaine des matières
résiduelles. Malheureusement les
gens de Sorel-Tracy ont manqué
de souffle à la ligne d’arrivée.
Conporec est désormais au stade
du composte et notre PGMR est
bon pour les poubelles (je dis
poubelle parce que c’est bien
tout ce qu’il nous reste – mes
excuses aux descendants de M.
Eugène Poubelle).
Tout cela étant dit, nous sommes
plusieurs à bouder (je reprends
ici les mots du conférencier
Marc Olivier du CTTEI) la
situation actuellement. On
bouderait pour moins puisque
c’est la fierté régionale, celle
d’avoir été les premiers, qui
prend toute une taloche. Comme
le disait hier soir M. Olivier,
les détracteurs qui ont tué le
projet SDD/Conporec n’avait pas
entièrement tort puisqu’ils
exprimaient de façon aigüe (ils
le font toujours d’ailleurs avec
un acharnement douteux) une
frustration en rapport à de
mauvaises décisions du passé
dont celle de foutre une
installation sanitaire près d’un
quartier résidentiel.
La page est-elle tournée?
Alors que le reste du Québec est
résolument tourné vers la
biométhanisation, procédé auquel
nous avons tourné le dos lorsque
le préfet Salvas, le maire
Dauplaise, le conseiller Lemieux
et d’autres ont sabordé le
projet SDD, la MRC Pierre-de-Saurel
de son côté est en état de
siège. La MRC n’est même plus en
mesure d’avoir un conseiller en
gestion des matières résiduelles
digne de ce nom pour piloter le
dossier. Le seul objet de fierté
qu’il nous reste sont les
projets d’économie sociale
chapeautés par la dynamique
équipe du Recyclo-Centre. Ceci
dit, de tels projets sont
remarquables tant ils nous
rappellent que ce sont surtout
les gens démunis de notre région
qui en bénéficient.
Regarder de l’avant – le
modèle suédois
C’est d’outre-mer que viendra
désormais l’espoir de voir
renaître dans Pierre-de-Saurel
un véritable projet de
valorisation des matières
résiduelles. C’est ce dont la
brillante conférencière de l’AQLPA
(l’Association Québécoise de
Lutte contre la Pollution
Atmosphérique), Kim Cornelissen,
nous informait hier soir en nous
présentant les grandes lignes de
la nouvelle politique québécoise
de gestion des matières
résiduelles en vigueur de 2010 à
2020. Québec a choisi, pour la
troisième génération de cette
politique, de s’inspirer du
modèle suédois et même d’aller
un peu plus loin en ayant pour
objectif de valoriser 100% de
nos déchets d’ici 2020
(comparativement à 90% pour les
Suédois).
Qui sait? Peut-être qu’une fois
le Moyen-Âge sorelois passé,
nous pourrons prendre les
bouchés doubles et être les
premiers au Québec à atteindre
cet objectif ambitieux. Pour
l’instant, les citoyens et leurs
élus ont choisi de reculer et de
retourner au stade de gestion
qui prévalait avant 1992…
Nous avons déjà démontré que
nous sommes capables d’être les
premiers, nous resterait
seulement à montrer que nous
sommes aussi capables d’être
durable, comme dans
développement durable.
Nicklaus Davey
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