mercredi 25 mai 2011
Tolérance zéro et couvre-feu
ciblant les jeunes: Des mesures
illégales selon un avis
juridique de la FECQ
MONTRÉAL, le 24
mai 2011 /CNW Telbec/ - La
Fédération étudiante collégiale
du Québec (FECQ) se dote d'un
avis juridique démontrant que
l'application de la tolérance
zéro et d'un couvre-feu
uniquement pour les jeunes
pourrait être
anticonstitutionnelle en vertu
de la Charte canadienne des
droits et libertés.
« Nous
doutions de la légalité de ces
mesures, nous en avons
maintenant la démonstration
juridique. Le gouvernement
pourrait agir de manière
anticonstitutionnelle en visant
uniquement les jeunes plutôt que
l'ensemble des nouveaux
conducteurs. C'est sans compter
que ces mesures renforcent les
préjugés envers les jeunes »,
explique Léo Bureau-Blouin,
président de la FECQ.
Rappelons qu'en 2009, le
gouvernement du Québec proposait
le projet de loi 71 ou Loi
modifiant le Code de la sécurité
routière et d'autres
dispositions législatives pour
soumettre tous les conducteurs
de 21 ans et moins au principe
de tolérance zéro. La FECQ avait
alors mis en doute la légalité
d'un tel projet de loi en
soulignant son aspect
discriminatoire. Ce projet de
loi a finalement été adopté le
10 décembre 2010 par l'Assemblée
nationale du Québec. Un coroner
a aussi proposé d'imposer un
couvre-feu pour tous les jeunes
conducteurs de moins de 24 ans,
il y a quelques semaines.
Un avis juridique qui
confirme la thèse des étudiants
L'avis juridique effectué pour
le compte de la FECQ par Me
Félix-Antoine Dumais Michaud,
avocat-conseil de la clinique
juridique Juripop, soutient que
ces deux mesures violent
l'article 15 de la Charte
canadienne des droits et
libertés. Selon cet avis, ces
mesures seraient illégales car
elles discriminent un groupe
d'individus uniquement sur la
base de leur âge et
entretiennent des préjugés à
l'égard des jeunes. De plus,
d'autres mesures qui portent
moins atteinte aux droits
garantis par la Charte peuvent
atteindre les mêmes objectifs.
« Ce n'est
pas en discriminant les jeunes,
uniquement sur la base de leur
âge, qu'on les responsabilise.
Il faut plutôt s'attaquer à la
source du problème en ciblant
toutes les tranches d'âge du
Québec à l'aide d'un critère
plus objectif, tel l'expérience
de conduite. Les lois qui
discriminent les jeunes en
fonction de leur âge n'ont plus
leur place au Québec »,
ajoute Léo Bureau-Blouin.
Les jeunes proposent des
solutions pour réduire le nombre
d'accidents sans les discriminer
La FECQ propose d'imposer la
tolérance zéro à tous les
nouveaux conducteurs pour les
cinq premières années de
conduite, et ce, sans égard à
leur âge. Ainsi, non seulement
les conducteurs de 21 ans et
moins seraient soumis à la
tolérance zéro puisqu'on ne peut
obtenir un permis de conduire
avant 16 ans au Québec, mais
également les nouveaux
conducteurs plus âgés.
« C'est
selon l'expérience des
conducteurs que nous devrions
juger les aptitudes de conduite
et non pas en fonction de l'âge.
Avec notre proposition, 100% des
objectifs de la loi seraient
atteints, tout en évitant de
discriminer les jeunes. Nous
proposons d'aller encore plus
loin que la loi actuelle en
matière de sécurité routière »,
explique Léo Bureau-Blouin.
Les étudiants envisagent des
démarches juridiques
Forte de son avis juridique, la
FECQ envisage d'entamer des
démarches officielles dans les
prochains mois afin de contester
l'article 28 de la Loi modifiant
le Code de la sécurité routière
et d'autres dispositions
législatives.
« Nous
espérons que la contestation de
cette loi enverra un message
clair au gouvernement. Les lois
du Québec ne doivent pas porter
atteinte au droit à l'égalité et
ne peuvent pas viser que les
jeunes! », conclut Léo
Bureau-Blouin.
Nous sommes assurés que des
jeunes envisageront de contester
la loi puisqu'elle semble porter
des préjugés à l'égard de la
jeunesse. Julien Boucher, un
étudiant de 21 ans à
l'Université de Montréal, serait
d'ailleurs intéressé à amorcer
de telles démarches.
La FECQ est également en
instance d'obtenir un siège de
représentant jeune au sein de la
Table québécoise de la sécurité
routière.
La Fédération étudiante
collégiale du Québec (FECQ)
représente plus de 60 000
étudiants collégiaux réunis dans
23 associations étudiantes
présentes sur l'ensemble du
territoire québécois. Depuis 21
ans, elle défend et promeut les
droits et intérêts des étudiants
des cégeps.
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