jeudi 28 juin 2012
Le député Sylvain
Simard tire sa révérence
Annie Bourque et
Jean Doyon
Visiblement ému,
le député de Richelieu à
l’Assemblée nationale Sylvain
Simard a annoncé ce matin aux
journalistes de la presse
régionale qu’il ne sera pas
candidat à la prochaine élection
qui sera sans doute déclenchée
d’ici à la fin de l’été.
Les
journalistes, étreints par
l’émotion, avaient de la
difficulté à retenir leurs
larmes. L’homme a consacré 18
ans de sa vie à la politique
dont neuf longues années dans
l’opposition. Pendant qu’il
était au pouvoir avec les
premiers ministres Lucien
Bouchard et Bernard Landry, M.
Simard a notamment occupé les
postes prestigieux de ministre
des Relations internationales,
du Trésor et de l’Éducation.
Pourquoi
décide-t-il de quitter le navire
alors que son parti a enfin mis
de côté ses nombreuses
dissensions et vogue peut-être
vers une victoire?, a-t-on
demandé.
M. Simard a admis
avoir ramé pendant 9 ans dans
l’opposition. Tout ce temps, il
a conseillé les chefs.
L’année dernière, il a tenté de
relever le parti en travaillant
avec Pauline Marois.
L’ancien professeur d’université
se dirigeait vers un poste
enviable de ministre.
«La
logique aurait été que je me
représente. Je ne pouvais pas
m’engager pour 4 ou 5 ans. Je
n’ai jamais vécu ma vie
politique en terme de carrière :
je l’ai toujours vécue en terme
d’engagement.»
À 67 ans, M.
Simard n’avait pas envie de
s’engager dans un mandat qui le
mènerait à 71 ou 72 ans.
«La vie
politique, c’est une vie qui
demande 150 % de nos capacités.
C’est l’absence à sa famille, à
ses amis. »
Ses heures de
travail commençaient à 7 heures
le matin et se poursuivaient
jusqu’à 21 h, 22 h, le soir.
«Il
faut vivre aussi»,
confie-t-il. Dorénavant, il
veut consacrer un peu plus de
temps à sa vie de famille dont
ses petits-enfants âgés de 3 ans
et demi et 2 mois.
100 000
kilomètres par an
Jusqu’à
dernièrement, M. Simard habitait
dans la région de l’Outaouais
tout en étant député dans la
région de Sorel-Tracy.
«J’ai dû rouler au moins 100 000
kilomètres chaque année. Le
moment est venu de tirer un
trait et de retrouver un rythme
de vie un peu plus normal.»
Homme de
conviction, il n’était pas
question pour lui de quitter en
milieu de mandat.
«Je
crois qu’on devrait éliminer,
sauf circonstances
exceptionnelles, la prime de
départ de député pour ceux qui
quittent avant la fin de leur
mandat.»
Aux journalistes,
M. Simard a livré son fond de
pensée.
«On ne va pas en politique avec
une arrière-pensée. Quand j’ai
vu Monique Jérôme Forget quitter
au bout de six mois en disant:
on s’est entendu comme ça avec
M. Charest. Une élection, vous
savez, cela coûte $ 300 000 aux
contribuables.»
Sur le carré
rouge
Contrairement
à ses collègues et à la chef du
Parti québécois, M. Simard a
refusé de porter le fameux carré
rouge. En conférence de presse,
il a précisé sa pensée.
«J’ai pris position publiquement
en faveur d’une indexation des
frais de scolarité. J’ai été, au
cours des derniers mois, très
sensible aux débats qui se sont
tenus et je trouve profondément
injuste une augmentation
radicale de 75% en 5 ans.»
«Cependant, les jeunes
d’aujourd’hui doivent accepter
de vivre dans un monde où ils
naissent avec une dette de
$36 000 où les régimes de
retraite sont remis en question
et les acquis des générations
précédentes semblent disparaître
les uns après les autres.»
Élu à cinq
reprises
M. Simard a été
élu sans interruption à cinq
reprises depuis 1994. Avec une
voix empreinte d’émotion, il a
remercié ses militants et ses
proches collaborateurs dont son
adjoint de comté Sylvain Rochon,
Marcel Fafard, le président du
parti et Paulette Éthier, une
organisatrice exemplaire.
«Je me suis profondément
enraciné dans le comté de
Richelieu. J’ai contribué à
faire de cette région, en partie
détruite par l’éclatement des
structures industrielles,
notamment la fermeture des
chantiers maritimes, une région
à nouveau dynamique où Rio Tinto
Fer et Titane, Alstom et des
dizaines d’entreprises
s’installent désormais pour en
faire la Technopole en écologie
industrielle du Québec. »
Projet de
souveraineté
M. Simard a
toujours été un ardent défenseur
de la souveraineté.
«La
victoire du OUI à 65% dans
Richelieu en 1995 et la défaite
crève-cœur du référendum m’ont
laissé dans l’âme une douleur
aigue et un profond sens de
l’inachevé, mais je suis
convaincu que le peuple
québécois acceptera, un jour,
pas si lointain, de se réaliser
pleinement et de rejoindre
l’ensemble des pays libres et
indépendants. »
Son
TOP 3 des dossiers
dont il est le plus
fier
1.
Plan de relance de
$21 millions
«C’était en 1999.
Après la fermeture
de la compagnie
Tioxide, j’ai
convaincu le
ministre des
Finances d’investir
$21 millions dans un
plan de relance de
la région. La
région, vraiment,
touchait le fond.
Nous avions besoin
d’un signal fort.
Ces $21 millions ont
fait la différence.
Si nous n’avions pas
eu ce montant,
Alstom ne serait pas
là. Le port serait
fermé. Le fédéral
n’a pas donné une
cenne.»
2. Le
début de la
construction de
l’usine Alstom.
«Le début de la
construction de
l’usine Alstom qui
construira les
futures voitures de
métro. Pour moi,
cela représente cinq
ans de travail et
beaucoup de risques.
Quand je suis arrivé
ici, Alstom était en
grève. Il restait
250 employés… »
3. La
fusion de
Sorel-Tracy
80 %
de la population a
voté en faveur de la
fusion.
«Chaque sujet de
développement
finissait en une
querelle entre les
deux villes. Cela
n’avait plus de
sens. J’avais fait
une liste de tous
les dossiers où nous
étions bloqués par
la division. C’était
impressionnant. On a
pu les débloquer
grâce à la fusion.»
Sa
plus grande
déception
M.
Simard ne le cache
pas. Il a été très
déçu que la région
de Sorel-Tracy
échappe le projet de
$ 2 milliards de la
QIT. Une telle
annonce qui se
produit une fois en
75 ans dans un
comté. Bécancour a
obtenu la
construction de
l’usine tant
convoitée.
«Bécancour, ce
n’est pas Cacouna»,
a dit M. Simard. |
Sur
Pauline Marois
Dans
son allocution, M.
Simard a réitéré sa
confiance envers
Pauline Marois.
«J’ai appris à
découvrir une leader
remarquable,
ouverte, tolérante,
courageuse et
déterminée. Je suis
convaincue qu’elle
sera une grande
première ministre du
Québec et qu’elle
s’inscrira
avantageusement dans
la lignée des René
Lévesque, Jacques
Parizeau, Lucien
Bouchard et Bernard
Landry. »
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